L’Avenir à Villejuif
Écologie - Démocratie - Solidarité

Categories

Accueil > Thémes > Jeunesse, loisirs, culture > Inoubliable festival "À pleine rue"

Imprimez !
27 mai 2015
Alain Lipietz

Inoubliable festival "À pleine rue"

Tout ce week-end dans le centre de Villejuif : un festival de théâtre de rue, qui laissera aux très nombreux spectateurs un souvenir inoubliable. Une grande leçon de « vivre ensemble » et de « culture populaire ».

L’idée en vint, il y a 18 mois, à Alexandre Krief, directeur du Théâtre Romain Rolland, qui savait que son théâtre serait en rénovation et a consacré ses efforts à la programmation, somptueuse, de ce festival. Il a reçu le soutien enthousiaste de la nouvelle municipalité, des services de la Ville, du Val de Bièvre, etc.

Avec ses numéros très bien choisis, désopilants ou bouleversants, très grand public ou très fins, le festival ne pouvait pas rater, sauf pluie. La question était de savoir s’il y aurait du monde, ce week-end de Pentecôte, et si les quartiers populaires viendraient. Eh bien oui.

Un bon morceau de Villejuif a ainsi déambulé pendant tout un week-end, de spectacle en spectacle, de la place du marché au Parc Pablo Neruda en passant par l’esplanade Pierre-Yves Cosnier et le parvis de la Mairie. On se serait cru aux festivals d’Avignon ou de Chalon, sauf que tout était gratuit et le public largement populaire, mêlant classes moyennes et habitants des cités qui n’auraient jamais mis les pieds dans un théâtre. Parfois il y avait un millier de personnes à chacun des spectacles qui avaient lieu en même temps au deux extrémités du festival, tandis que la foule se pressait encore aux spectacles de poche, que les enfants se faisaient magnifiquement maquiller, etc.

Nous ne pouvons pas oublier que, alors que la fête battait son plein, deux jeunes Villejuifois poignardaient aux Lozaits deux personnes (dont l’une a succombé). Tout Villejuif, hélas, n’était pas là.

Mais à la tombée de la nuit, dimanche, après le fantastique spectacle de sortilèges Allebrilles (ballet de marionnettes géantes, illuminées de l’intérieur), pendant l’excellent concert de Kadiwa Street, les commentaires et les bilans commençaient à fleurir. « Pourquoi on n’a pas fait ça avant ? Il faut continuer l’an prochain… C’est plus utile qu’une police municipale… On n’a plus besoin d’aller à Paris… » etc.

1. Tous les ans ?

On l’a vu, c’est la fermeture du théâtre qui a enclenché l’initiative, mais maintenant c’est quasi obligé : recommencer. La bataille de L’Avenir à Villejuif (et du maire adjoint Alain Caporusso) pour maintenir les budgets Culture et Fêtes est largement validée. Un festival annuel d’art de rue ? Élargi aux danses urbaines ?

2. Professionnalisme ?

C’est sûr, les spectacles étaient excellents parce qu’ils étaient professionnels, et même parfois internationaux. Mais par exemple « Les grandes personnes », qui nous ont offert à la fois des pièces suivies religieusement, sur l’histoire de l’usine Renault de Cléon et sur la peine de mort, mais aussi la fantasmagorie Allebrilles, avaient mobilisé des bénévoles pour fabriquer et porter des masques féériques. « Les goulus » avaient associé de vrais handicapés à leur course « automobile » parodique. La culture populaire (dont le maire adjoint Alain Caporusso fit l’éloge en clôture du festival) se nourrit d’échanges avec la culture élaborée et la nourrit.

Nous savons que des artistes villejuifois, réunis en collectif, que des jeunes, avec des animateurs de Villejuif, conçoivent aussi des merveilles. Il faudra leur faire place, mais en reconnaissant ce que peut apporter le professionnalisme, et en le respectant. Les artistes vivent de leur art, ils peuvent « faire une fleur » à une ville (comme lors de notre première Nuit Blanche), mais il faut les rémunérer normalement.

3. Centralité ?

La preuve est faite : si l’on sait que ça va être « inoubliable », on peut marcher 15 minutes pour aller au centre et y flâner tout le week-end ! Ce qui ne condamne nullement les fêtes de quartier. Mais les gens étaient vraiment contents de se retrouver « en centre-ville » pour cette fête.

Le matin même, nous (le maire Franck le Bohellec, la 1ere adjointe Natalie Gandais déléguée à l’urbanisme et autres fidèles des réunions de concertation sur le PLU) avions parcouru ce centre avec Michel Cantal-Dupart, célèbre urbaniste qui nous fait l’honneur d’accepter une mission sur la rénovation du centre-ville. Il nous avait prodigué des conseils très pratiques (et pas chers !) pour recréer une ambiance de « centre » incluant la présence massive de la cité Thorez. Sans connaître le programme de l’après-midi, il nous avait conseillé de partir de l’esplanade, renforcer la continuité entre le marché et Pablo Neruda, puis revitaliser progressivement les deux cotés de la rue Georges Lebigot (y compris les cours de Thorez et la place de la Fontaine). On avait discuté d’interdire la circulation entre l’esplanade et le coté mairie, le week-end, pour que les enfants puissent y gambader librement. Cela s’est magnifiquement vérifié pendant tout le festival !

Quelques photos

Last Race des Goulus : une course digne de Ben Hur

Les Grandes Personnes nous racontent La Ligne Jaune des ouvriers de Renault-Cléon

et le long combat contre la peine de mort (La bascule)

Échappées belles : issue de secours par la compagnie Ad Hoc. Spectacle le plus émouvant. Des évadés d’une maison de retraite, portant leurs insipides plateaux-repas. D’abord effarés,

puis ravis, ils / elles redécouvrent la rue,

fraternisent avec le public,

s’y font des copines,

confient leurs pauvres souvenirs, leurs fantasmes amoureux,

La liberté guide leurs pas :

c’est la révolte, ils jettent leur panier repas.

La Révolution, c’est les vacances de la Vie !

Plus spectaculaires : les trapézistes Paki Paya. Surtout ne pas raconter la fin !

Et le soir, Les Grandes personnes nous offrent leur merveille : Allebrilles. Une Maman géante couche ses enfants-grenouilles :

Surgissent les Sortilèges :

Les enfants n’ont pas peur, ravis, ils se joignent à la sarabande :

C’est fini !

Ah, non. Il est 10 heures du soir dans cette nuit de mai, et Kadiwa Street entre en scène… Musique.

Partager

Vous retrouverez cette page sur internet :
http://laveniravillejuif.fr/spip.php?article410