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13 avril 2015
Alain Lipietz

Conseil municipal du 27 mars (2) : le budget

Où sont passées les sucettes et la Bourse du travail, et pourquoi L’Avenir à Villejuif a failli ne pas voter un tel budget…

Disparition des sucettes

Le débat budgétaire proprement dit (après le débat d’orientation budgétaire, au Conseil municipal du 6 mars) commence par un exposé sobre et assez déprimant de l’adjoint au finances, Philippe Vidal. Il y a de quoi. Nous savions dès le moment de l’Audit financier (septembre dernier) que l’état d’endettement acquis de la gestion précédente, ainsi que le coup de massue de Manuel Valls sur les collectivités locales (- 1,7 millions pour nous cette année, sur des recettes totales de l’ordre de l’ordre de 80 millions) ne nous laissaient le choix qu’entre augmenter les impôts et réduire fortement les dépenses. Nous nous sommes engagés dans la campagne à ne pas accroitre les impôts. Mais, depuis janvier, nous n’arrêtons pas de prendre des coups non prévus par l’audit.

En janvier, c’est le décrochage du franc suisse (conséquence inévitable de la politique d’« euro faible » de la Banque Centrale Européenne). Or la majorité sortante avait aussi endetté la Ville en francs suisses ! Coût pour Villejuif : dans les 700 000 euros.

Et, mi-mars, Icade, le propriétaire des bureaux du Crédit Lyonnais, dans lequel l’équipe Cordillot avait cru voir une vache à lait, obtient du fisc une réduction considérable de sa taxe foncière : encore des centaines de milliers d’euros perdus !

Normalement, l’ancienne majorité, qui n’avait pas hésité à augmenter les impôts locaux de 4,5 % au début du mandat précédent, devrait nous dire : « Ben maintenant, vous voyez bien qu’il faut augmenter les impôts ! » Pendant tout l’automne, les élus communistes venaient aux réunions avec des sucettes, symbole du coût limité que cela aurait pour la population : dix sucettes par mois. Certes, mais selon les chiffres que donnaient les tracts communistes, cela faisait quand même une augmentation de plus de 230 euros pour une famille de deux enfants !

Aujourd’hui, plus de sucette dans la salle, plus personne ne parle d’augmenter les impôts. Est-ce parce que nous sommes à l’avant-veille du second tour de l’élection départementale ?

Reste alors la solution : diminuer les dépenses. Or il est difficile de diminuer la masse salariale : les titulaires sont quasi-inamovibles et on ne peut pas licencier tous les non-titulaires, car ils sont souvent très bons ! En fait, les dépenses salariales continuent d’augmenter, du fait de la réforme indemnitaire adoptée par l’ancienne équipe en février 2014 et de l’adoption par la nouvelle équipe d’une réforme du financement de l’assurance chômage (dont nous avions critiqué l’opportunité).

C’est donc sur les dépenses en matériels, services et subventions aux associations que l’on peut faire des économies. Certaines dépenses sont pourtant « sanctuarisées », comme les subventions aux associations sportives.

Pourtant, Dominique Girard pour le PS et Franck Périllat pour le PCF se lancent, l’air consterné, dans la longue litanie des dépenses que nous avons réduites. G. Bulcourt et Mme Cordillot se plaignent même que l’on n’en fasse pas assez pour le sport ! Au moins Frank Périllat a un mot d’analyse politique : « C’est la faute aux diminutions des dotations de l’Etat, car le gouvernement applique la ligne de Bruxelles ». Mme Leydier (Parti de Gauche) attaque la seule dépense nouvelle crée : 1 million d’euros pour la tranquillité publique. Son compagnon de groupe, Marc Badel (MRC), la reprend : « Mais si, il faut augmenter les dépenses pour la tranquillité publique, c’est une demande des citoyens ! »

Philippe Vidal a alors beau jeu d’ironiser : « M. Périllat a répondu à M. Girard et M. Badel à Mme Leydier ! ». J’ajouterai que si en effet D. Girard aurait pu présenter devant les Villejuifois les excuses des socialistes à propos de la réduction drastique de le dotations décidée par le gouvernement Valls, F. Périllat et Mme Cordillot auraient pu présenter leurs excuses pour leur gestion passée, et notamment pour avoir endetté la ville en Francs suisses au moment même où leur parti prêchait pour une baisse de l’euro !

D’autres incidents soulignent l’incohérence de l’opposition. Ainsi, G. Bulcourt attaque le maire adjoint aux sports, Michel Monin, sur les doutes exprimés par celui-ci à propos de la gestion de l’Union Sportive de Villejuif. On lui rétorque l’exemple de la photocopieuse de l’UCV, louée… 18 000 euros par an ! Notre nouvelle majorité a fait supprimer ce contrat. Une heure plus tard, on vote le budget location-entretien de l’ensemble des 71 photocopieuses de la Ville, pour 58 000 euros par an. J’interroge : « Mais comment a-t-on pu louer 18000 euros UNE photocopieuse et 58 000 euros pour les 71 autres ? » La majorité rigole. L’opposition « de gauche » plonge le nez dans ses dossiers.

Autre exemple : F. Périllat (PCF), lors de la conférence des présidents de groupe, nous avait expliqué avec sagesse comment réduire la masse salariale : en mobilisant le personnel sur des tâches plus complexes. En séance publique, il s’indigne au contraire de la suppression du poste de « Directeur de la Culture » ! Sylvie Thomas (notre maire-adjointe aux associations, qui s’occupe aussi des associations ayant une action culturelle, telles Eklosion, Toiles d’Eidolon, etc.) lui répond : « C’est bizarre, je rencontre tous les jours un monsieur qui se présente comme directeur de la culture ! » Franck Périllat lui répond, confus : « Je parlais de la suppression de son poste budgétaire ! » Et en effet, M. Labidurie, directeur des archives révélé par la qualité de ses initiatives pour le Centenaire de 1914, cumule aujourd’hui la fonction de directeur de la culture… conformément à la stratégie prônée par F. Perillat !

Disparition de la Bourse du travail

Autre grande disparue : la Bourse du travail. L’apparition subreptice du projet de la vendre, dans une annexe de l’introduction au débat d’orientation budgétaire, a provoqué l’interruption d’un conseil municipal, a alimenté la propagande du Parti communiste pendant deux mois, et assuré sa victoire au premier tour des élections départementales. Nous sommes à l’avant-veille du second tour, la Bourse du travail a disparu de l’annexe, et absolument personne n’en parle à ce Conseil.

De notre part, normal. Notre présidente et maire adjointe en charge du patrimoine, Natalie Gandais, n’a jamais eu l’intention de la vendre, et a bouclé son budget d’investissement sans la vendre. Nous avons passé des semaines à tenter de désamorcer cette absurde querelle. Pour nous, un incident-bidon est clos.

Plus bizarre est l’attitude du PCF. Il pourrait plastronner « La lutte a gagné ! » ou au contraire « Restons vigilant contre la droite, qui voudra la vendre l’an prochain ! ». Ben non, rien. Il ne reprend pas non plus les accusations idiotes « Vous allez fermer le centre médical Rouquès », ou « Vous bradez le patrimoine et ne dépensez rien pour le réparer. ». Impression d’avoir trop crié « Au loup » ?

Encore plus bizarre, le silence des élus de droite qui, sans vraiment vouloir vendre la Bourse du Travail, agitèrent ce chiffon rouge jusqu’au dernier moment, refusant de démentir clairement, et proclamant « Faut avoir le débat ! ». Bon, ben : c’est le moment du débat, eh bien non ! on n’en parle plus. Ont-ils enfin compris qu’ils ne s’étaient pas tirés une balle dans le pied, mais coincée une grenade entre les fesses, en agitant cette menace à la veille d’une élection, dans une ville de gauche ?

Le débat a quand même lieu sur le programme des ventes de terrains négocié au final entre Philippe Vidal et Natalie Gandais. Comme nous l’avons écrit, les nouvelles recettes pour investir viendront de la mise en valeur des friches, et il y en a pour dix millions d’euros environ en 2015. « Vous vendez les bijoux de famille ! » protestent, en boucle, les élus de l’ancienne équipe.

Étonnante incompréhension, de la part de personnes ayant géré la ville pendant des années, de la distinction élémentaire entre « budget de fonctionnement » et « budget d’investissement ». D’abord, l’expression exacte est « Vendre l’argenterie pour payer le loyer ». « Vendre les bijoux de famille », c’est plutôt dans le ghetto avant le camion pour Treblinka... Les bijoux de famille, c’est ce qu’on est censé garder, tels… la mairie, l’église, l’ancien château et granges de Saint Romain, la Capitainerie… le 16 rue Jean Jaurès !

Ce que nous vendons, ce sont des friches. Et pas pour « payer le loyer » (c’est à dire le fonctionnement quotidien : le budget de fonctionnement est en excédant de 4,5 millions) mais pour acheter d’autres terrains et y construire (l’école des Réservoirs), ou pour se désendetter : des mutations à l’intérieur du compte de capital (budget d’investissement).

Dernière salve de l’opposition : « Vous vendez (aux promoteurs) nos réserves foncières plus cher qu’elles ne nous ont coûté ! » Les bras nous en tombent : n’est-ce pas le but des réserves foncières : garder pour la collectivité le bénéfice des plus-values foncières née du développement de la ville ?

Pourquoi nous votons ce budget

Mais si nous, groupe EELV-Avenir à Villejuif, rejetons la plupart des critiques de l’opposition, nous ne sommes pas du tout contents de ce budget. Nous prenons en compte les terribles contraintes, plus graves que celles annoncées par l’Audit, et donc acceptons la lourde réduction des dépenses, contrairement à ce que nous avions d’abord proposé. En l’absence de l’Audit de gestion pourtant promis, nos maires adjointes ont fait le maximum pour réduire les dépenses « contestables » avec les moyens du bord. Mais les arbitrages sur les économies, nos n’avons pas été invités à y participer, et nous sommes en large désaccord quand nous les découvrons.

Depuis 15 jours, nous avons averti nos partenaires : « Nous ne voterons pas ce budget. » Les sacrifices imposés aux associations non-sportives, à l’animation des quartiers et à la démocratie directe, à la culture, sont trop importants. Nous avons évalué le strict minimum à 49500 euros supplémentaires, plus une somme du même ordre pour la culture. Une paille, mais où les trouver ?

Nous avons proposé 3 solutions.

-  Ne pas sacraliser les subventions au sport. Quand on réduit le budget « démocratie participative » à 17500 euros alors que le seul club de rollers est sacralisé à 2 fois plus (35 000 euros), on marche sur la tête.
-  Ne pas exagérer les précautions. Mettre 740 000 euros en réserve pour payer une hausse des intérêts en francs suisses alors que la somme réelle ne sera connue qu’en aout, c’est anormal pour un « budget primitif ».
-  C’est bien d’entamer le désendettement de la ville : on l’a promis. Nous remboursons 6,6 millions , nous ne nous ré-endettons que de 4,19 millions. Presque 2 millions et demain de désendettement. Mais on n’est pas à 47500 euros près.

La discussion fut assez âpre, jusqu’au matin même du vote. Mais, ô miracle ! cette semaine tombe la nouvelle : les services fiscaux, qui n’ont toujours pas été capables de nous préciser les chiffres de nos recettes 2015, annoncent une réévaluation de 100 000 euros. Cela couvre nos demandes, réévaluation du budget culture compris.

Au nom du groupe, j’expose nos critiques et les solutions possibles. Le maire adjoint au finances Ph. Vidal annonce la bonne nouvelle et certifie que dès le prochain conseil municipal une « délibération modificative » entérinera cette nouvelle recette et l’affectera à nos demandes. Ce que confirme solennellement le maire avant le vote.

Nous votons donc le budget.

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