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13 octobre 2015
Alain Lipietz

« Femmes dans la guerre » : une magnifique création

La journée du patrimoine était centrée, à Villejuif, comme l’an dernier, sur 14-18, et cette année sur le rôle des femmes. Occasion d’une création artistique exceptionnelle.

Je sais, j’ai pris du retard (on est débordés...) mais je tenais à rendre compte de cette création qui a mobilisé des secteurs de la population villejuifoise qui n’avaient guère l’habitude de travailler ensemble.

Toute cette journée du 19 septembre était occupée, en centre ville, par le rôle de « l’arrière ». L’expo, au kiosque, rappelait certes les étapes de cette guerre particulièrement cruelle. Mais on y trouvait des œuvres d’art des poilus, réalisées dans le tranchées à partir des douilles ou de morceaux de bois et conservées par leurs familles, et les petites-filles ou arrière-petites-filles villejuifoises commentaient, s’appuyant sur les souvenirs de leurs aïeux. Des conférencières racontaient la guerre des femmes, des enfants. L’une d’elle, Sandrine Mirza, historienne villejuifoise aujourd’hui spécialisée dans les ouvrages pour enfants, présentait son édition du journal de son arrière-grand-père (qu’elle a la chance d’avoir connu...)

Mais le clou de la journée, ce furent deux représentations d’un "concert-lecture" , « Femmes dans la Guerre ». Magnifique réussite, grand moment d’émotion esthétique, et en même temps très instructif. Et aussi magnifique réussite de la collaboration entre artistes de la ville.

Le cadre : l’église Saint-Cyr-Siante Julitte, monument historique dont le curé assume avec autant de bonhommie que de générosité son statut de propriété de la municipalité. Au dessus du choeur, un immense écran avait été tendu grâce à l’habileté d’un agent. (Vous voyez le problème sur la photo plus bas, on ne vous raconte pas la solution pour ne pas se faire taper sur les doigts par les Monuments historiques.)

Dans le choeur avait pris place l’orchestre de notre conservatoire de musique (enfin, celui du Val-de-Bièvre), qui joua des musiciens « fin de siècle » ou contemporains de la Grande Guerre : Debussy, Tchaikovsky, Chabrier, parfois magnifiés par la voix de notre professeure de chant, la soprano Lucia Scappaticci.

Entre les morceaux musicaux, Hyam Zaytoun, de la Compagnie Eklozion, nous lisait les passages d’un roman de guerre, écrit par une femme, Marcelle Capy : Des hommes passèrent...

Eklozion est une troupe de théâtre basée à Villejuif Nord . C’est elle qui, dans le Parc Pablo Neruda, nous avait joué l’an dernier une adaptation de Le Feu d’Henri Barbusse.

Pendant les morceaux musicaux ou les lectures de Hyam, sur le grand écran au dessus du chœur, Eric Lambert, de la société Videus, spécialiste des projections d’images géantes sur toutes les surfaces possibles, faisait défiler des images d’archives... et des images de paix.

Voilà ! Je laisse imaginer, pour celles et ceux qui n’étaient pas là. Merci à tous, musiciens , chanteuse, actrice, projectionniste, machinistes villejuifois, qui nous ont offert ce moment de bonheur, et aussi de souvenir.

Du coup j’ai entrepris la lecture de livre de Marcelle Capy, écrivaine syndicaliste, pacifiste, féministe... Des hommes passèrent fait partie de cette littérature d’après 1918, comme Le Feu, Les croix de bois, À l’Ouest rien de nouveau, Ceux de 14 etc. Mais c’est un roman de l’arrière, dans un village, côté femmes. En quelques paragraphes que lit Hyam ou que je découvre dans le livre, nous comprenons tout ce qui nous avait échappé de celles qui portèrent "la moitié du ciel", en 14-18.

Exemple : les hommes sont partis. En plein mois d’aout. Il faut faire les récoltes, mais les femmes ne savent pas : elles s’occupaient de la basse-cour. Les vieux montrent, conseillent, s’épuisent. Puis il faut labourer. Mais les chevaux sont réquisitionnés. Quelques familles ont des bœufs. S’il n’y en a pas ? Eric projette l’image de femmes pliées en deux par l’effort, attelées à une charrue.

Capy explique en termes simples : avant il y avait des familles les unes à coté des autres, avec, au sein de chacune, une division ancestrale des tâches. Ce n’est plus possible : c’est tout le village qui doit coopérer, « uni comme une crêpe », dit-elle.

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