Accueil > Actualités > Villejuif a (de nouveau) perdu la « Fac de pharmacie »
Prévue aux Hautes-Bruyères, la Fac (le « pole universitaire interdisciplinaire de santé ») se fera au Kremlin-Bicêtre. Double baffe pour le maire de Villejuif, président de Cancer-Campus.
C’est en lisant attentivement le Point sur la Zac Campus Grand Parc sur l’excellent site 94-Citoyens que nous apprenons, au détour d’un paragraphe, que le « PUIS », le Pôle universitaire interdisciplinaire de santé de l’Université Paris-sud ne viendra pas à Villejuif mais ira dans un coin de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre.
Le PUIS regroupe les premières années des différentes études de santé, dont la « Fac de pharmacie » qui quitte Chatenay-Malabry, d’où son surnom depuis l’origine. Comme le précise l’article, cela compromet toute l’opération « Inventons la Métropole du Grand Paris » (IMGP) prévue dans la Redoute des Hautes Bruyères.
Ainsi, le maire de Villejuif a laissé échapper un équipement universitaire majeur prévu à Villejuif depuis la présentation de la ZAC Campus Grand Parc en 2015 (le PUIS est alors situé dans la Redoute, voir la carte). C’est également un camouflet qu’il subit en tant que président depuis 2017 de Cancer Campus, l’association en charge du développement du pôle de santé autour de l’institut du cancer Gustave Roussy. Et bien sûr toute une série de camouflets qu’il subit aux multiples postes auxquels il cumule (et dont il n’a, par conséquence, guère le temps de s’occuper vraiment) : conseiller régional Ile de France, conseiller à la Métropole du Grand Paris etc. Toutes institutions tenues par le parti auquel il appartient, Les Républicains (Mme Pécresse à la Région, M. Ollier au Grand Paris).
Or il n’a jamais été question de cet échec dans le journal Villejuif Notre Ville, dont le numéro de septembre 2019, entre autres « vérités alternatives » à la Trump, a même le culot de titrer « Une rentrée réussie ». Tu parles ! Avec une guerre contre les directeurs d’école, pour avoir sans prévenir confisqué leurs ordinateurs.
Rien non plus sur le site de la municipalité. On aurait pu au moins s’attendre à une mobilisation de la population, un appel à signer une pétition… mais non.
Le maire cherche-t-il à cacher un échec traduisant un manque de mobilisation de sa part, dû à un excès de cumuls ? D’autres interprétations circulent : il aurait sciemment laissé tomber pour récupérer des terrains au profit de promoteurs amis. On verra… En tout cas la prochaine équipe municipale, que les Villejuifois éliront en mars prochain, ne laissera pas tomber l’affaire.
Nous sommes en 2011. Quand la Fac de Pharmacie de l’Université Paris-Sud décide de quitter Chatenay-Malabry, la ZAC Cancer Campus devenue Campus Grand Parc cherche à la récupérer dans le cadre prévu du Pole universitaire interdisciplinaire de santé (PUIS), ce qui est logique. Mais la Sadev (l’opérateur d’aménagement de la ZAC, alors contrôlée comme Villejuif par le PCF) fait une fausse manœuvre : elle propose de la coller tout au sud de la ZAC, mangeant l’exploitation d’horticulture (le terrain des Maraichers) et un tiers des merveilleux jardins familiaux de l’Epi d’or. C’est-à-dire au milieu de nulle part. On nous explique que c’est un moyen de pousser l’État à accorder l’ouverture de la station de métro Trois communes sur la ligne 14 (à prolonger jusqu’à Orly).
Les écologistes de EELV, alertés par les jardiniers de l’Epi d’Or, puis regroupés dans L’Avenir à Villejuif, y voient surtout la destruction d’une vaste ceinture verte qui protège, à l’ouest, les habitants de Villejuif contre les fumées et micro-poussières de diesel de l’autoroute du Sud… Nous lançons une double opération pour défendre les jardiniers et les habitants tout en gardant le PUIS pour Villejuif.
D’une part, notre ami Daniel Breuiller, maire EELV d’Arcueil, en charge de la ZAC pour le Val de Bièvre, intervient pour faire modifier le plan du PUIS afin de sauver au moins les jardins familiaux. D’autre part, nous écrivons au président de l’université Paris-Sud pour lui faire une contre-proposition : installer le PUIS dans la ZAC Aragon, également tenue par la Sadev. Ainsi les étudiants et enseignants seraient à très courte portée de métro (à partir de Louis-Aragon) vers plusieurs gros hôpitaux.
Mais le président de Paris-Sud nous répond qu’il n’a jamais été question pour lui d’accepter une localisation du PUIS qui ne soit pas au pied d’un hôpital ! Et la sadev préfère vendre la ZAC Aragon aux Nouveaux -constructeurs. Du coup c’est fichu pour Villejuif : le PUIS ira à Saclay/Orsay. Et nous titrons une première fois : « Villejuif n’aurait pas la Fac de pharmacie ».
Tout change avec l’arrivée de Cécile Duflot (EELV) au ministère du Logement et notre arrivée à la municipalité de Villejuif dans le cadre de l’Union citoyenne en 2014. Cécile Duflot, pour lutter contre la crise du logement, offre de nombreux terrains de l’État aux villes, dont la redoute des Hautes-Bruyères. Ce qui permet, par un jeu de dominos, de ne plus urbaniser le sud de la Zac (Natalie Gandais « sanctuarise » la ceinture verte au PLU adopté fin 2015), et d’accueillir le PUIS à proximité de Gustave-Roussy en logeant la fac et les étudiants dans la Redoute.
En 2015, le schéma de la ZAC Campus Grand Parc est adopté, il comprend le PUIS (en rouge sur la carte) :
En 2017, l’opération « Inventons la Métropole du Grand Paris », sans aucune concertation avec les habitants ni le conseil municipal, accorde la Redoute au promoteur Legendre. Nous n’avons rien contre Legendre, mais déjà il se murmure dans les milieux de l’urbanisme que le maire F. le Bohellec a poussé pour l’adoption de son projet, que nous trouvons beaucoup trop dense et en hauteur. En tout cas, il est centré sur l’accueil des étudiants, la proximité du PUIS étant partout soulignée, jusque sur le site de la Ville.
Et là, patatrac : si le PUIS ne se fait pas, le projet Legendre ne se justifie plus, ni d’ailleurs la vocation de « rue des étudiants » prévue au PLU pour la rue Marcel Grosmenil…
Nous ne savons pas tout, nous enquêtons et nous vous informerons au fur et à mesure. Mais voici les infos que nous avons pu recueillir.
D’abord, tout n’est pas entièrement la faute de F. le Bohellec, même si l’on peut imaginer que la disparition du PUIS et de la résidence étudiante de la Redoute l’arrange, en lui offrant de nouvelles possibilités d’accord avec les promoteurs.
Depuis longtemps (en fait depuis le gouvernement Jospin) les gouvernements ont laissé tomber l’enseignement et la recherche, d’où le recul de la France dans les divers classements scientifiques mondiaux. Il semble que l’université Paris-Sud n’a pas trouvé l’argent pour l’aménagement du PUIS et de la cité étudiante à la Redoute. Elle n’aurait pas été soutenu par la région (Mme Pécresse), ni par F. le Bohellec, ni par le ministère de l’Enseignement supérieur. Seul le Préfet de Région l’aurait appuyée, en raclant des fonds de tiroir, insuffisants. D’ailleurs même la restructuration des premières années d’enseignement de santé semble remise en cause. En désespoir de cause, Paris-Sud s’est repliée vers une extension du CHU du Kremlin-Bicêtre.
Le Préfet de région aurait en effet prévenu F. le Bohellec que dans ces conditions le projet « Inventons la Métropole » devait être remis à plat à la Redoute. Quant à l’État, qui a réservé des lots dans Campus Grand Parc, il se propose d’y délocaliser des services, à la recherche de terrains moins chers que dans Paris. Il s’agirait de services ordinaires, sans lien avec la Santé (mais pas le fameux projet de prison qui n’arrive pas à atterrir en Val de Marne, quand même…) Ce qui affaiblirait considérablement le pole de santé autour de l’IGR, qui ne conserverait qu’une école doctorale sur le cancer.
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