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Zac Grand-Parc et Zac Aragon

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11 décembre 2012

A propos de l’École Universitaire Interdisciplinaire de Santé

Lettre d’Alain Lipietz au Président de l’Université Paris-Sud

Pour préserver les terrains maraîchers au sud du Parc de Hautes-Bruyères, il faut trouver une autre localisation pour la fac de Pharmacie. Pourquoi pas du côté de la Zac Aragon ?

Ci-dessous la lettre d’Alain Lipietz, et ici la réponse du Professeur Bittoun

Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous écrire à propos du projet de déménagement à Villejuif de l’École Universitaire Interdisciplinaire de Santé (dont une partie de la Faculté de Pharmacie de Chatenay-Malabry). Je voudrais plaider que l’implantation de l’EUIS à Villejuif est une excellente idée, mais que sa localisation dans le cadre de la ZAC anciennement dite « Cancer Campus » n’est pas optimale, alors qu’existe une localisation alternative plus rationnelle, plus attractive et matériellement plus sûre : la ZAC Louis Aragon.

Permettez moi d’abord de me présenter. Ancien ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, ancien directeur de recherche (en économie) au CNRS, ancien membre des conseils du Collège de France et de l’Université de Berkeley, ancien député européen, j’ai coordonné plusieurs recherches internationales sur « les régions qui gagnent », c’est à dire celles qui ont su organiser la fécondation réciproque, sur une base territoriale, de la recherche et de l’activité économique.

Je participe à présent à l’animation des Ateliers de l’Avenir à Villejuif, association de citoyens et d’experts rassemblés pour l’étude et les propositions relatives aux aspects notamment urbanistiques de notre ville, promise, à terme de dix ans, à une mutation très importante, du fait de l’absorption de la petite couronne par la ville de Paris, évolution matérialisée par l’arrivée prochaine de plusieurs infrastructures de transport plus ou moins lourdes (tramway, métros express du Grand Paris) et par le projet Cancer Campus. Cette association est présidée par l’architecte Michel Cantal-Dupart, qui fut porteur du projet Banlieue 89, et la docteure en écologie Natalie Gandais, ancienne maire adjointe de Rochefort.

Par cette désignation de « Cancer Campus », on évoque en fait deux réalités distinctes.

1°. Une association entre l’Institut Gustave Roussy et le département du Val de Marne, désormais élargie à votre université et à d’autres personnes morales, pour un « cluster » de soin, de recherche, d’enseignement et d’activités centré sur l’IGR et orientée vers les questions de santé. Ce cluster est lui–même un sous ensemble de la Vallée Scientifique de la Bièvre, association de communautés d’agglomérations et de communes, dont le Schéma et le Contrat de Développement Territorial viennent d’être validés par le Préfet de région.

2° Une Zac, désormais appelée « Campus Grand Parc », qui couvre d’un seul tenant l’IGR et plusieurs laboratoire du CNRS déjà existants, et un parc départemental prolongé par des terrains agricoles.

La tentation est grande de confondre les deux concepts, d’adhérer au projet de Vallée scientifique de la Bièvre et d’en déduire une localisation à tout prix dans la Zac Campus Grand Parc. J’espère montrer dans ce qui suit :

que la localisation de l’EUIS dans le cadre de la VSB, et plus particulièrement à Villejuif, est excellente, comme vous l’avez déjà conclu vous-même ;

que l’implantation dans la Zac Campus Grand Parc elle-même, en revanche, n’est pas nécessaire, et qu’en particulier la solution proposée à l’EUIS, au sud de la ZAC Grand Parc, compromettrait le projet lui-même,

qu’il existe une autre localisation possible à Villejuif, bien plus commode et plus crédible : la Zac Louis Aragon.

1°) Que l’implantation de l’EUIS dans la vallée de la Bièvre est optimale.

Le Schéma de Développement Territoriale de la VSB avance le concept de « campus-archipel », soulignant que la coopération et le partenariat recherche-industrie ne présupposent pas la réunion sur un même terrain contigüe, mais une certaine proximité géographique. Une analyse que j’approuve : le modèle en est la fameuse Silicon Valley, née du Parc d’activité de l’Université de Berkeley, mais qui s’étend en fait sur plusieurs comtés de l’Aire Métropolitaine de San Francisco, structurée par la Vallée de Santa Clara et une autoroute. Les économistes et les géographes parlent d’ « aire-système ».

Il y a deux aires systèmes dans la partie sud de l’Ile de France. L’une est le vieux district d’industrie fine de la filière « métallique » (aéronautique, électro-mécanique de précision, électronique, informatique) qui s’étend en écharpe de l’ouest au sud de Paris, et géographiquement centrée sur Saclay. L’autre, structurée par la filière du « vivant », est l’encore plus ancien cône qui, parti de la Pitié-Salpêtrière, s’étend sur le plateau de Longboyau entre Seine et Bièvre jusqu’au Génopole d’Évry, et dont la Vallée scientifique de la Bièvre n’est qu’un sous-archipel. Significativement, Rhône-Poulenc devenu Sanofi joue à saute-mouton autour de ce plateau d’une vallée à l’autre, et vient d’ouvrir son propre campus de recherche à Gentilly (racine de ce cône à la lisière du 13e arrondissement de Paris).

Comme vous l’avez déjà décidé, il est donc parfaitement logique que la pharmacie s’inscrive dans l’aire-système centrée sur la VSB, et plus particulièrement dans le cadre de l’association Cancer Campus. En revanche nous plaidons :

2°) Qu’il n’y a pas d’intérêt réel à localiser l’EUIS (et encore moins les autres cycles de Pharmacie) dans la ZAC Campus Grand Parc

Cette ZAC s’étend d’un noyau « actif » et réellement existant au nord, centré sur l’IGR et les laboratoires du CNRS, au parc départemental des Hautes Bruyères, tout en longueur le long de l’autoroute du Sud, jusqu’à des terrains maraichers au delà de la sortie sud du parc, sur la RD 148 orientée Est Ouest (de Vitry à Cachan, en passant par la station Louis Aragon à Villejuif, terminus de la ligne de métro M7)

Il est proposée à l’EUIS une localisation sur ces terres maraichères, contre l’autoroute du Sud, entre la sortie sud du parc et une zone industrielle remplie (mais mal, et sans lien avec les industries intéressées par Cancer Campus). Cet emplacement est à 15 minute à pied de l’IGR et 15 minutes à pied de Louis Aragon. La seule justification de cet emplacement est le projet d’une station de métro à 10 minutes à pied vers le sud en traversant la zone industrielle, au lieu dit « Trois communes », sur le projet de ligne Bleue du Grand Paris Express, prolongeant la ligne M14 depuis le 13e arrondissement. Il faut cependant souligner que la ligne Bleue ne rejoindra la station prévue à l’IGR qu’au plus tôt vers 2025, que même son prolongement vers le sud et Orly n’est pas assuré, et que l’arrêt aux Trois Communes reste, même dans ce cas, encore optionnel.

L’EUIS risquerait donc fort de se retrouver au milieu de nulle part, contre une autoroute, sans transport en commun commode, si le projet de prolongement de la M14 au delà de l’IGR est abandonné ou, dans le cas contraire, si la station Trois communes est abandonnée.

En tout état de cause, l’EUIS ne serait pas dans le même « ilot » de l’archipel scientifique que l’IGR, étant séparé de lui par toute la longueur du parc départemental. Un tel emplacement ne serait viable que pour des enseignants, personnels et étudiants venant en voiture, à travers dieu sait quels embouteillages. En revanche, il existe une localisation alternative.

3°) Que la localisation de l’EUIS à Louis Aragon est optimale.

La Zac Louis Aragon, centrée sur la station de métro du même nom, est, elle aussi, à 15 minutes à pied du noyau scientifique de l’IGR (et du parc des Hautes Bruyères). Mais sa position est incomparablement plus commode pour y implanter un site universitaire.

Tout d’abord, elle est déjà pourvue d’une liaison lourde par transport en commun avec Paris : la ligne M7. Cette ligne est saturée aux heures de pointe, mais à contre-sens. Le matin les rames de métro arrivent quasiment vides à Louis Aragon à haute cadence, pour en repartir bondées, et l’inverse le soir : situation idéale pour les usagers venant de Paris vers l’EUIS pour la journée. Dès la fin de 2013, un tramway drainera la banlieue sud depuis Athis-Mons et plus tard Juvisy. Enfin et surtout, la ligne rouge du Grand Paris Express ralliera Issy les Moulineaux à Créteil et au delà, en passant par l’IGR et Louis Aragon, qui sera alors à 2 minutes de l’IGR !

Cette ligne Rouge, quant à elle, est certaine, son ouverture est annoncée pour 2018 (plus probablement 2020). Et, par la ligne M7, Louis Aragon est déjà à 5 minutes de l’hôpital du Kremlin-Bicêtre et à 20 minutes de la Pitié-Salpêtrière.

Mieux encore : sur le trajet de 15 minutes à pied en surface de Louis Aragon à l’IGR (déjà desservi par un système de navettes publiques) se trouve un véritable archipel scientifique et médical, représentant des débouchés ou des services collatéraux pour toutes les branches de l’EUIS. Successivement :

  • l’EFREI, école d’informatique ;
  • l’hôpital Paul Guiraud (psychiatrie) ;
  • l’hôpital Paul Brousse de l’AP-HP, vaste espace qui abrite également des labos CNRS ou INSERM et va probablement se dé-densifier par le transfert envisagé de certains services, et donc ouvrir de futures opportunités pour des locaux d’enseignement ;
  • le Bio Park, pépinière d’entreprises de biotechnologies, première réalisation de Cancer Campus, mais situé en dehors de la ZAC Cancer Campus.

Enfin, cette ZAC est quasiment en centre-ville, autour d’un carrefour et d’une rue commerçante déjà amplement pourvus de petits restaurants de tout niveaux de prix, à quelques pas de deux supermarchés et de la rue commerçante Jean Jaurès, bordée par le joli Parc Normandie-Niemen, à quelques minutes en métro ou tramway des centres de loisir et commerciaux de la place d’Italie ou de Belle-Épine, à quelques minutes à pieds du domaine départemental Adolphe Chérioux (résidences étudiantes, crèches, etc), desservi par la Nationale 7 prochainement requalifiée en boulevard urbain avec pistes cyclables...

Du point de vue de sa réalisabilité, les délais sont bien plus courts que pour la Zac Campus Grand Parc. La Zac Louis Aragon est conçue autour d’un noyau : l’abandon d’un immense bâtiment EDF, déjà désamianté et prêt à la démolition dès cet hiver. À la limite, on pourrait même examiner si, moyennant quelques travaux (notamment la construction d’amphis, pour lesquels il y a amplement la place), ce bâtiment ne pourrait pas resservir à l’EUIS…

***

Pour toutes ces raisons (accessibilité, commodités, sécurité, disponibilité), Monsieur le Président, je vous invite à examiner s’il ne serait pas opportun de choisir rapidement une implantation sur ce site, appelé dans un avenir prochain à une forte concurrence. J’ajouterais que les deux Zac ont le même aménageur, la Sadev 94, et sont dans la même ville, ce qui éviterait les problèmes de dédits.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.

Alain Lipietz

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