Accueil > Thémes > Urbanisme > Du nouveau sur les gares du Grand Paris Express
Samedi 12 au Mac Val de Vitry, l’architecte Dominique Perrault animait avec le maire de Villejuif une table-ronde en conclusion de l’exposition sur les gares du Grand Paris Express.
Dominique Perrault (architecte de la Bibliothèque François Mitterrand) est en charge de la gare IGR dont nous avons plusieurs fois parlé ( ici, ou là). Il s’agit, par un grand puits dans le nord du Parc des Hautes Bruyères, d’atteindre la correspondance des lignes Rouge (M15) et Bleu (M14). Le puits est chapeauté par une très élégante structure circulaire transparente.
L’architecte qualifie son projet de « gare d’altitude de grande profondeur, à l’air libre, sans couloir », inspirée des « hôtels en atrium ». Il précise que le puits n’a plus que 45 mètres de profondeur et non 60-70 : il a fallu modifier pour cela le tracé de la M15, qui remonte du passage sous la Bièvre.
Les 15 premiers mètres souterrains, c’est encore la ville, avec des boutiques, des services, et même, comme le signalera Guillaume Pons, représentant de la Société du Grand Paris, un accès avancé à l’IGR (relié directement par souterrain).
D. Perrault a fait son miel du génie civil : « Pas un gramme de béton pour le décoration », le toit d’une des lignes sert de mezzanine pour l’accès à l’autre ligne. « Pas de couloir », donc on peut s’arrêter partout pour contempler cette ville souterraine, espace public construit avec l’ argent des métros. Perrault lie ce beau projet à la lutte contre l’étalement urbain, tout en se réjouissant qu’il avait dans le parc toute la place qu’il voulait.
Le maire exprime sa satisfaction générale devant ce projet, « la plus belle gare de la ligne sud » (je confirme ! Voyez ici les autres gares). Il souligne qu’on ne veut pas de gare routière à cet endroit, qu’il ne faut pas non plus tuer le centre ville commerçant de Villejuif,qu’il faut assurer les liaisons piétons et vélos, relier le tout à Armand-Gouret et Alexandre-Dumas. Il se réjouit qu’une partie de l’espace soit dédié à un Data Center.
J’ouvre le débat par un éloge de ce chef d’œuvre d’adéquation entre la forme et le fond (c’est le cas de le dire !). Puis j’exprime quelques inquiétudes sur l’environnement de la gare, tel qu’il apparait sur les maquettes et les dessins qui nous sont projetés (on peut les voir sur le site de D. Perrault)
D’abord il est étrange de dire que « l’espace était libre », surtout quand on tient à « éviter l’étalement urbain ». Cette gare et le grand ensemble qui l’entoure (ZAC Campus Grand Parc) « étalent la ville » sur le parc départemental des Hautes Bruyères, un des derniers espaces verts de la proche banlieue sud-est. C’est même un « parc d’intérêt régional », que le Sdrif (Schéma directeur régional) interdit de réduire, et plus largement un morceau de la « Trame verte » qui s’enfonce au plus près de Paris, jusqu’à Gentilly. Nous tentons de récupérer ailleurs de l’espace vert, mais il faut au maximum limiter ici le bétonnage, d’autant plus que c’est une « gare d’altitude » d’où l’eau de pluie ruissèlera sur les pentes alentour.
Toutes les gares du Grand Paris ont l’obligation d’être pourvues d’un parvis qui « signe » l’identité de la ligne (ce que montre bien l’expo du Mac Val). Mais le dessin qui nous est présenté bétonne la totalité de l’espace « Grand Paris » autour de la gare, alors qu’on pourrait très bien concevoir des voies piétonnes sur caillebottis pour accéder au parc. En outre, les maquettes font apparaître de grands immeubles autour de la gare, qui écrasent ce monument magnifique.
Vifs applaudissements dans l’assistance. Malheureusement le maire de Villejuif coupe la parole à D. Perrault qui s’apprêtait à répondre, et curieusement, énumère hors-sujet tous les projets de la Ville favorables à l’environnement. Il affirme notamment que le « Terrain Rameau » deviendra un espace vert public qui compensera l’espace urbanisé dans le parc. Ce qui est en effet inscrit dans notre PLU… mais loin d’être acquis, les représentants du PCF dans les villes voisines militant pour son urbanisation.
C’est G. Pons qui répond au nom de la SGP : le nouveau phasage (construire les deux lignes dans la foulée) nous évite de creuser un second grand trou, la négociation sur le pole routier n’est pas aboutie, etc. Bref on cherchera à sauvegarder le parc au maximum.
Mme Weber-Saban (socialiste villejuifoise) revient à la charge sur le bétonnage de tout l’espace autour de la gare. De même un écologiste de Cachan, qui insiste qu’il faut sauvegarder à tout prix les rares espaces verts à proximité de Paris et s’inquiète aussi de la hauteur des immeubles de Campus Grand Parc : du R+5, ou des tours ?
Franck le Bohellec tempère : tous les dessins sur l’environnement de la gare ne sont que des projets en négociation, et on insiste auprès de la Sadev (l’aménageur de Campus Grand Parc) pour qu’elle respecte l’esprit du PLU de Villejuif. Mais François Ducellier (élu de la même liste que F le Bohellec) insiste au contraire que « à deux km de Paris on ne peut pas mettre des espaces verts partout », critiquant implicitement l’équilibre prévu par le Sdrif (qui prône justement le maintien et l’élargissement d’un espace vert à cet endroit). Et que l’urbanisation, c’est des emplois : F. Ducellier cite le « biocluster », ignorant apparemment que ce biocluster est prévu de l’autre coté de l’hôpital, et pas dans le parc.
M. Harel insiste sur l’harmonie à observer entre la gare, les immeubles et le Parc et s’inquiète de la présence d’un « smog électromagnétique » dans la gare.
D. Perrault répond sur le caractère écologique de tous les choix internes à la gare. Sur son insertion dans le paysage, il rappelle que l’on n’est pas dans une ville mais dans une métropole et que tout doit s’apprécier en fonction d’un ensemble plus large (sans donner son avis sur le Sdrif). Pour lui, l’IGR est une cathédrale comme Notre Dame, et il faut penser les hauteurs des immeubles environnant comme dans l’Ile de la Cité !
(Cette remarque, assez étonnante, diffère du discours des urbanistes de la SADEV qui eux comparent le Parc des Hautes Bruyères au Parc de Bercy. Or Bercy est justement bordé d’immeubles de hauteur modérée (l’Ile de la Cité aussi…), et leurs façades, végétalisées, s’inscrivent harmonieusement entre les grands arbres du parc ! Cela dit, D. Perrault a parfaitement raison : ce n’est pas à Villejuif mais à l’Ile de France de déterminer le caractère d’intérêt régional du parc lui-même.)
Le public intervient ensuite pour demander une « maison des projets ». Le marie répond qu’il en proposera une lors de ses vœux. Rappelons qu’il y a déjà, pour la ZAC Campus Grand Parc, une Maison du projet sur le parking de l’IGR.
Je profite de la présence de la SGP en la personne de G. Pons pour le relancer sur la question de l’évacuation de l’énorme masse de déblais. Pour la gare Gustave Roussy, pas de problème : la SGP a retenu la solution que L’Avenir à Villejuif lui avait proposé en janvier 2013 : par le tunnel existant sous l’autoroute au pied de la Redoute, puis par la voie de service entrant sur l’autoroute vers le Sud.
Mais je rappelle aussi la solution que nous avions alors proposé pour éviter l’enfer de 40 camions par jours autour du chantier Louis Aragon, qui déjà bouleversera la vie de tout le sud du centre-ville : utiliser les rails du tramway. Là, M. Pons semble tomber des nues : la Ratp ne voudra jamais, et « c’est trop tard pour y penser » !
Il semble que le message ne lui ait pas été transmis ☹…
Nous ne baissons pas les bras. Villejuif doit se mobiliser pour être correctement traitée pendant le chantier.
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