Accueil > Thémes > Urbanisme > Zac Aragon : les menteurs imposent les expropriations
La droite impose une déclaration d’utilité publique, dans le but d’exproprier les habitants du "triangle Aragon".
Une « déclaration d’utilité publique » (DUP) permet d’exproprier les habitants refusant de céder leur logement à l’aménageur d’une ZAC : ici la Sadev, sur la Zac Aragon. On se souvient que Mme Cordillot avait déjà fait adopter une DUP sur cette Zac, dont elle avait été confié l’aménagement à la Sadev. Avant les élections, les 4 listes composantes de l’Union citoyenne avait promis d’y renoncer. Deux listes et demi ont, ce soir, cyniquement trahi leurs engagements.
Une « Association des habitants et riverains du Quartier Aragon » s’est formée en 2011 et a multiplié les manifestations, pétitions et rapports aux commissions d’enquêtes publiques, contre cette Zac.
Pour les habitants, concentrés dans le « Triangle » (ave. Louis Aragon / Bd Maxime Gorki / rue de la Commune), il s’agissait de refuser les expropriations qui allaient dévaster leurs projets de vie.
Pour les riverains hors de la Zac, dont certains regroupés (avec Monique Lambert Dauvergne) dans un « Collectif Respirons à Robespierre », il s’agissait d’éviter une forêt d’immeubles de grande hauteur qui allait gâcher ce tranquille quartier pavillonnaire, avec notamment la « tour Mollicone ».
Pour tous, il y avait l’exigence d’équipements publics, dont une crêche. En outre, pour faire face à la crise du logement et sceptique sur la commercialisation de la masse de bureaux annoncée, l’Association demandaient un rééquilibrage en faveur du logement.
Mais la lutte contre la DUP et les expropriations était centrale dans le combat de l’Association. Le dernier billet du site de l’association résume ces objectifs : le refus de la Déclaration d’Utilité Publique.
La lutte de cette association, alors présidée par une habitante, Isabelle Hamidi, avec pour secrétaire Monique Lambert Dauvergne, n’a pas peu contribué à la victoire de l’Union citoyenne. Les leaders des 4 listes d’opposition s’étaient en effet engagés devant l’Association à ne pas exproprier, et à renégocier avec la Sadev une dé-densification, avec des immeubles plus bas.
Après la victoire de l’Union citoyenne, il a suffi de ne pas donner suite à l’enquête publique approuvant la DUP pour la rendre caduque, passé le délai légal. Natalie Gandais a demandé à la Sadev de présenter un scénario conforme à la demande des électeurs.
Hélas, selon la Sadev, ce scénario ne permet pas d’équilibrer le compte de la Zac qui serait dans ce cas déficitaire de 17 millions d’euros. Du coup, le maire choisira un autre scénario.
Tandis qu’il recherche un compromis avec la Sadev, dans des circonstances rappelées plus bas par Natalie, celle-ci s’est attelée à intégrer, dans la révision du PLU, les règles correspondantes pour la Zac. Un promoteur, Promogerim a convenu d’acheter à la Sadev, et à ces conditions-là, là totalité des « droits à construire ».
Quant à Isabelle et Monique, elles ont été élues sur notre liste et, pour éviter les conflits d’intérêts, se sont retirées pour l’une de la présidence de l’association (mais Isabelle reste au bureau), pour l’autre du bureau, tout en continuant bien sûr à y militer et, comme Natalie Gandais, à informer régulièrement ses membres.
Après avoir évincé L’Avenir à Villejuif qui avait eu le tort de dénoncer l’affaire de Halle des Sports, la nouvelle majorité le Bohellec-Obadia-Vidal-Casel n’a eu de cesse de se retourner contre celles et ceux qui l’avaient fait élire.
Début 2016, Promogerim présente au public ses premiers projets sur le secteur de l’ancien immeuble Edf : un ensemble de logements R+4 puis R+3 au voisinage des pavillons, puis un ensemble de bureaux (R+7 en façade de la Nationale 7 puis R+5 puis R+4 au voisinage de son ensemble de logements). Ce dégradé de volumes (« épannelage ») est conforme à la règle valable sur tout Villejuif dans le « PLU-Gandais » de décembre 2015.
Ce secteur n’inclut pas le « Triangle ». Pourtant F. le Bohellec menace ses habitants : « Le 20 mai, je ferai adopter par le Conseil municipal une Déclaration d’Utilité Publique, et à partir de ce moment, ce sera l’expropriation au prix des domaines." Le représentant de Promogerim s’empresse d’assurer qu’il n’en a pas besoin, car il ne veut pas exproprier et préfère prendre tout son temps pour négocier.
Mais pour F. le Bohellec, il s’agit semble-t-il d’un coup de menton, de « punir » l’Avenir à Villejuif qui a signalé au procureur l’affaire de la Halle des Sports. Et... plusieurs habitants du Triangle sont membres ou sympathisants de L’Avenir à Villejuif.
Le préfet l’arrête aussitôt : s’il veut une DUP pour exproprier, il doit refaire le circuit complet, à commencer par la concertation avant de proposer le vote du dossier de réalisation de l’aménageur (la Sadev) en conseil municipal, puis le vote d’une demande de DUP, puis une enquête publique ! Pour le conseil du 20 mai, le maire et la Sadev avaient bricolé un « dossier de réalisation » de quelques pages, en oubliant les équipements public. En guise de concertation, la Sadev présente aux curieux, le 1er juin, un powerpoint expliquant les projets. C’est tout …
Le « dossier de réalisation » expédié aux conseillers municipaux pour le Conseil du 24 juin, à voter en même temps que la demande de DUP, n’est pas plus épais que celui du 20 mai. Et ses quelques pages diffèrent notablement du powerpoint exposé à la « concertation » ! Natalie Gandais fait remarquer que ce peut être une cause de nullité. Le powerpoint est finalement expédié aux conseillers à la veille du débat, le voici. (attention, c’est en pdf de 5Mo)
Entre-temps, l’Association, réunie en assemblée générale, adopte une résolution unanime s’opposant aux expropriations et l’envoie à tous les élus : la voici.
Suite au report du débat du 24 juin au 1er juillet, les habitants directement menacés d’expropriation envoient une seconde lettre encore plus explicite : la voilà
Il y a techniquement 4 rapports à voter. Dans ces conditions, le règlement intérieur permet de regrouper les interventions de chaque groupe sur tous les rapports en une intervention de dix minutes, puis 5 minutes de « droit de suite ». C’est ce qui est convenu pour le débat… mais il faudra se battre pour le faire respecter !
Le jeune hommedu service de l’urbanisme présente brièvement le powerpoint de la Sadev (légèrement modifié), soulignant qu’elle a bien « dé-densifié » (moins de M2 construits, respect du PLU qui diminue de 10 mètres les hauteurs maximales par rapport à l’ancien projet de madame Cordillot).
Puis Natalie attaque. Une longue intervention, très documentée, de 10 minutes, que voici :
En résumé :
elle rétablit la vérité sur la façon dont le maire a accepté les chiffrages fantaisistes de la Sadev et imposé la solution Promogerim quand une mise en concurrence aurait pu être encore plus favorable aux habitants, aux riverains, à la Ville.
Elle rappelle à tous le refus des expropriations par l’Association, et la promesse qu’elle même avait faite, pendant la campagne du premier tour, de ne pas y avoir recours.
Elle critique la disparition, dans le Programme des équipements publics de la Zac, de tout équipement public (si ce n’est l’engagement de refaire les rues, encore heureux !), hors une maigre contribution à la construction de l’école des Réservoirs, inférieure aux PUP imposés à d’autres opérations immobilières.
Elle refuse de gober l’inclusion des « logements en accession sociale » dans les 25 % de logements sociaux, au sens de la loi SRU, prévus par le PLU.
Aussitôt les composantes de feu l’Union citoyenne entament une séance de relecture de leurs propres engagements. Sans surprise : seul L’Avenir à Villejuif respecte ses engagements électoraux, Isabelle Hamidi, principale concernée dans ce conseil, poussant la délicatesse jusqu’à ne pas prendre part au vote.
Le seul autre honnête homme ce soir est JF Harel. Il rappelle qu’il s’est engagé pendant la campagne à ne pas exproprier, il en sait le coût humain, il maintient sa position.
Problème : il n’a plus que deux membres dans son groupe, qui sont absents, et lui ne participera pas au vote, car il est représentant de la ville au CA de la Sadev (pareil pour F. le Bohellec.). Quant au reste de sa liste, derrière E. Obadia, qui s’est fait élire sur son nom sans avoir eu à s’exprimer publiquement, il votera tranquillement pour les expropriations !
F le Bohellec se contente de dire que lui n’a rien promis. En fait on retrouve sur le site de sa liste NDPV la formule qu’il a utilisée pour promettre sans rien promettre :
Oui, il soutient l’Association (qui est contre les expropriations), mais « il ne veut pas en faire un argument électoral », donc il ne dit rien de sa propre bouche, sauf qu’il est d’accord ! « On est en phase », comme il aime à dire pour tromper ses partenaires. Aurait-il été élevé chez les Jésuites ?
Comme souvent, le plus cynique parjure est P. Vidal. Lui non plus, assure-t-il ce soir sans vergogne, il n’a rien promis ! Manque de pot, il a oublié de caviarder son site électoral, où l’on peut toujours lire :
Enfin, C. Casel, qui autrefois, conseillère municipale Villejuif-Autrement, tempêtait contre la Zac et les expropriations, et a signé deux fois la pétition de l’Association ( ! ), ne dira rien au conseil, mais votera les expropriations.
Nous craignions que, par esprit de suite, les groupes PCF et PS ne revotent la DUP qu’ils avaient adoptée quelques années plus tôt en faveur de la Sadev. Eh bien non, ils se prononcent « contre ». Mais pas à cause des expropriations !
Pour Mme Cordillot, au nom du PCF, la raison est toute trouvée : elle veut du logement social, 40%, et pas 25 % , ni au sens de la loi SRU, ni au sens de la Sadev.
La critique du PS, à travers le discours de G. Lafon et les interjections de Sophie Taillé-Polian, est plus sophistiquée.
D’abord, le PS, décidé à se poser plus écolo que nous, répète en boucle depuis quelques temps que le PLU Gandais est plus dense et moins vert que le PLU Cordillot qu’il a voté il y a deux ans et demi. Passons... Dans le cas de la Zac Aragon, ça donne à peu près :
1. « Vous prétendez que vous avez dé-densifié la Zac Aragon, en supprimant 12 000 m2 de plancher ! Mais comme vous remplacez des bureaux par des logements, il y aura plus d’habitants par hectare… Vous nous montrez, comme par hasard, la diminution des hauteurs sur le terrain Mollicone, mais dans le reste de la ZAC, Promogerim construira encore plus haut ! »
Sornettes. Il suffit de comparer, sur le terrain Edf, les projets 2013 de la Sadev (une forêt de rectangles de verre style 1970, LCL à Léo Lagrange…) et les projets 2016 de Promogerim, pour constater, évidemment, que la réduction des hauteurs est générale.
Quant à ce qu’on appelle « densification », on peut en effet distinguer « en m2 par hectare » ou « en habitants par hectare », mais pour le Sdrif comme pour les passants ou les riverains, il n’y a qu’un critère : le volume de béton que l’on construit dans un quartier, et qui se mesure bien en m2 de plancher à l’hectare.
« 2. Vous prétendiez développer Villejuif en faisant venir des emplois, mais vous allez faire venir encore plus de familles, et moins d’emploi. »
Sur ce point, il a raison, sauf qu’il oublie que ce sont les propositions de la Sadev pour équilibrer ses opérations. Car même si le m2 de bureau est plus rentable, pour le promoteur, si il le vend, que le m2 de logement, le fait est qu’actuellement il y a trop de bureaux et pas assez de logements en Ile de France. Et il ne suffit pas de construire un local pour qu’une entreprise vienne s’y installer et crée des emplois ! Si c’était vrai il n’y aurait plus de chômage en France.
Ce n’est pas la faute de la Sadev si la politique du gouvernement socialiste ne crée pas assez d’emplois en France pour remplir tous les bureaux en vente…
En réalité, la crise de surproduction de bureaux a éclaté en 2013 dans le Val de Marne (chute de 80 % du nombre de m2 commercialisés !) alors que les gouvernements socialistes enjoignent aux maires et aux promoteurs de construire des logements. La Sadev s’adapte, et diminue la part des bureaux dans toutes ses Zac, y compris à Ivry-Confluence.
On passe au vote. Comme toujours, légère majorité à droite, donc la demande de DUP est votée. Prochain rendez-vous : l’enquête publique !
On arrive à de « petits » votes sur la vente de pavillons tombés jadis dans l’escarcelle de la mairie (biens sans maître ou acquis par voie de préemption). C’est la 4e fois que cela arrive, et les premières fois le maire nous a informé que les « expropriables » d’Aragon n’en avait pas voulu. Or Natalie Gandais lui avait fait promettre, en réunion de PLU, qu’ils seraient aussi proposés aux « exproriables » de la Zac Campus Grand Parc. Elle a demandé au maire s’il l’avait fait. Réponse : « La majorité a décidé qu’on ne proposerait rien aux expropriés de Campus grand Parc ».
Ce soir, à la même question, le maire ne répond même pas. Comme si F. le Bohellec et la droite villejuifoises n’étaient plus concernés ? Pourtant mardi dernier, la droite, F. le Bohellec en tête, a voté, au T 12, la DUP (et donc les expropriations) dans la ZAC Campus Grand Parc !
Pourquoi cette insensibilité, qui tourne à la férocité, à l’égard des Villejuifois expropriés par la Sadev ? Pure méchanceté ? Vengeance contre Natalie Gandais qui, lorsqu’elle était adjointe à l’urbanisme et au logement, avait travaillé à leur trouver une solution ? Sombre bêtise ? Ou signe de soumission à la Sadev : on sera intraitable avec ses victimes, pour lui confirmer qu’on est son vassal ?
Commentaires
Répondre à cet article