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Conseil municipal du 17 mars 2017

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19 mars 2017
Alain Lipietz

« Je m’engage à ce que ce budget soit plus sincère que les précédents »

Cet incroyable aveu du maire F. le Bohellec a conclu un débat d’orientations budgétaires basé sur des textes creux ou incohérents et ponctué d’accrochages violents au sein même de la majorité.

En début de séance, Natalie Gandais demande (et obtient) une minute de silence pour Thierry Holveck. Puis Monsieur le Maire annonce qu’il souhaite modifier l’ordre du jour pour aller célébrer son « bicentenaire » (il veut dire l’anniversaire de ses 50 ans) et parle des « figurants » de ce conseil (il veut dire les intervenants). Sans doute la célébration a commencé et il n’a pas bu que de l’eau ?

Mais c’est lui qui a choisi la date du conseil, et Natalie lui fait observer que la loi précise l’ordre des débats pour cette séance exceptionnelle : le bilan du développement durable AVANT le débat d’orientations budgétaires,. Il se résigne.

Crise des établissements scolaires

On passe ensuite à l’examen des comptes-rendus des conseils précédents, notamment celui du 3 février sur la prospective scolaire. L’adjoint aux finances Ph. Vidal, qui depuis quelques temps annonce qu’il quittera la majorité à l’occasion du vote du budget, en profite pour redemander l’étude du cabinet Menighetti sur la prospective scolaire et rappelle qu’il a reçu une lettre de la CADA lui confirmant le droit de l’obtenir.

Le maire répond à l’adjoint (qui est en charge du patrimoine immobilier et des finances, donc de la programmation de la construction des écoles…) : « La CADA n’a qu’un rôle consultatif. J’ai décidé de ne pas vous transmettre cette étude, étant donné les bêtises que vous écrivez sur votre site. »

Étonnamment, Ph. Vidal ne quitte pas la salle…

Nous revenons au fond. Natalie Gandais rappelle nos questions, lors de la présentation de ces prospectives scolaires : sur l’école Cachin et sur l’école Robespierre, et que les parents d’élèves de l’école Jean Vilar attendent une réponse écrite à leurs interrogations au sujet de l’arrêt du chantier. Fadma Ouchard, adjointe aux écoles, lui répond sèchement que « Sur Karl Marx on a déjà répondu. ». Je ré-interviens pour lui rappeler les questions, que Natalie ne parle pas de « Ka-rlMarx » mais de « Ca-chin », et je réitère ma question de février sur la disparition de l’école devant doubler Cachin. Le maire avait prétendu qu’elle s’expliquait par une diminution de la population prévue sur la ZAC Campus Grand Parc. Or dans la documentation de l’enquête publique en cours sur cette ZAC, on en est toujours à 3300 logements !

Le maire répond sur Robespierre (en sous-capacité dès 2018) qu’on va se réunir pour en discuter, et ne dit rien sur Cachin. Ph. Vidal précise que tout va bien à Jean Vilar (dont au fil du temps l’ouverture est retardée d’un an), que simplement c’est plus facile d’emménager à la rentrée de septembre.

Protestations dans le conseil : « Mais les parents d’élèves sont dans le public ! Ils veulent prendre la parole ! » Le maire, pensant peut-être tâcler Ph. Vidal, donne la parole à une parente d’élève qui raconte que ça ne va pas du tout (il y a 300 « réserves » pour malfaçons, ce que conteste l’architecte maitre d’œuvre), que lorsqu’elle a envoyé par email une lettre au nom des parents, on s’est contenté de lui répondre « Il manque la pièce attachée. »

Ph. Vidal (vantard) : « Oui , c’est moi qui vous ai répondu qu’il manque la pièce attachée ! »

F. Ouchard (furieuse) : « Mais non, c’est moi ! »

La mère d’élève : « Peu importe ! Le problème c’est que personne ne nous répond, personne ne vient aux réunions des parents inquiets. »

Ph. Vidal : « Mais je ne suis pas délégué pour cette école ! qui est le délégué du Conseil municipal pour Jean-Vilar ? »

La mère d’élève « M. Ducellier (maire-adjoint au développement économique), mais il dit toujours qu’il ne sait rien ! »

Éclat de rire général. Le débat s’interrompt dans la confusion, sur le traditionnel mot du maire – jamais suivi d’effet : « Je prends l’engagement personnel que blablabla… »

Le rapport Développement Durable 2016

Ce rapport est le préalable légal au débat d’orientation budgétaire : il fixe en quelque sorte la base matérielle de la politique municipale, avec un triptyque obligatoire, définition du développement durable depuis le Rapport Brundtland pour l’ONU de 1987 : l’économique - le social - l’environnement.

En fait de rapport DD 2016, on nous a distribué une sorte de mini-Villejuif Notre Ville, avec de belles photos en couleur, le portrait et l’édito de Mme Casel (adjointe à l’environnement et à la vie associative) à la place de ceux du maire. Il s’agit essentiellement d’une présentation de quelques initiatives de la Ville dans le seul domaine environnemental, centrée sur l’année 2015 (où nous faisions encore partie de la majorité et en effet multiplions les initiatives, dont le Plan Vélo, les potagers partagés, etc) avec des rappels jusqu’en 2013, et presque rien sur 2016, sur le social ou sur l’économie.

Catherine Casel, la voix au bord des larmes, annonce d’abord qu’elle se retirera après sa présentation, tant elle sent de haine dans la salle.

Sur un ton feutré pour ne pas provoquer la syncope immédiate de Mme Casel, tous les élus de l’ex-liste Cordillot signalent les manques de ce « rapport », critiquent l’absence de toute information sur les initiatives « économico-sociales » telles que l’épicerie solidaire et la régie de quartier, et soulignent malicieusement le couplet du rapport Casel en faveur des ZAC Aragon et Campus Grand Parc qu’elle critiquait depuis une décennie ! Coup de grâce : un élu socialiste lit un email privé dont il a eu connaissance, où elle se plaint qu’elle ne peut rien faire faute de moyens.

Quand Natalie Gandais intervient, elle critique le socialiste pour l’inélégance de son procédé et, après avoir salué la qualité du travail des services, se lance elle aussi dans la critique minutieuse de ce pseudo-rapport « Développement durable 2016 » :

Elle évoque l’affaire du gingko, sur laquelle une citoyenne, notre amie Nicole Delmas, avait au conseil municipal précédent distribué une lettre accusatrice. Et, pour finir, souligne que le malaise des agents (avec le suicide de Thierry Holveck, mais aussi les problèmes de « bâtiment malsain ») montre la liaison entre le social et l’environnemental.

Catherine Casel, voix de plus en plus brisée, répond que si le rapport est si mince c’est que, pour économiser le papier, elle l’a fait imprimer en petits caractères.

En conclusion, le Maire (sans rien répondre, évidemment, sur la régie de quartier et l’épicerie solidaire), assassine tout simplement Catherine Casel : « En effet, ce n’est pas un rapport. Nous aurons un nouveau rapport en juin et un nouveau débat en conseil municipal. »

Catherine Casel, plus digne que Ph. Vidal, se retire.

Les orientations budgétaires

Cette importante séance du Conseil municipal, qui prélude au vote du budget, avait déjà été reportée d’une semaine. Il y a 15 jours, nous avions reçu un rapport de bric et de broc : essentiellement une analyse de la conjoncture française et (plus utile) ce qu’on peut attendre cette année des diverses dotations de la part de l’État, de la Région , de la métropole etc. Plus : une page et demie assez vague, sur les orientations budgétaires 2017. Le retard d’une semaine nous a permis de recevoir un nouveau rapport, un peu plus étoffé sur 2017.

Qui va le présenter ? Pas le maire, qui s’apprêtait à sécher la réunion pour fêter son bicentenaire. Ni l’adjoint aux finances Ph. Vidal, qui « n’a pu ni corriger ni valider ce rapport. »

C’est le maire-adjoint à la sécurité, Jorge Carvalho, qui s’y colle et lit à toute vitesse une avalanche de chiffres. Pendant ce temps, on nous distribue un troisième document de deux pages, avec la prévision pluriannuelle des investissements (année 2017, 2018 et suivantes), que nous essayons de lire sous la mitraille oratoire de M. Carvalho.

Ph. Vidal explique ensuite pourquoi il fait la grève : la partie « bilan des effectifs » n’a pas été validée par la maire-adjointe aux ressources humaines, Mme Loudière, ex-de son groupe, et restée associée à son groupe.

« Si ! Elle l’a validé. » assène le maire-adjoint aux retraités, M. Obadia. « Nan ! Elle ne l’a pas validé ! » etc. Sans mot dire, Mme Loudière replie ses affaires quelques minutes plus tard et s’en va en faisant claquer ses talons.

Puis Ph. Vidal critique lourdement l’absence de choix du budget 2017 : on continue à rogner partout, alors qu’il faut supprimer carrément certains services au public. Il n’en dira pas plus, mais son président de groupe P. Nunes suggérera : il faut arrêter de recruter pour la police municipale et donner plus au développement socio-culturel des quartiers.

On passe au fond. L’opposition « canal historique » se déchaine. C’est Franck Périllat (communiste) qui présente la critique la plus construite, depuis la critique de l’austérité imposée par le gouvernement Valls-Macron, jusqu’à son application sur le terrain villejuifois.

Nos interventions

Au nom du groupe, je décortique les éléments de budget 2017 (ce que nous avons reçu et ce qui vient de nous être distribué). Je tache de distinguer ce qui relève de M. Vidal (le bilan de l’année 2016 reporté sur 2017) et ce qui s’esquisse pour 2017 (que je ne peux attribuer qu’au maire lui-même).

« Votre rapport commence par la phrase "Nous poursuivrons les orientations de 2015 et 2016." Or les rapports précédents s’appuyaient au moins sur les 8 engagements de l’Union Citoyenne. Et nous constations en fin d’année que ces budgets étaient insincères : les dépenses annoncées n’étaient pas réalisées, notamment pour la démocratie participative, la vie associative, la culture, cela afin d’accélérer le désendettement.

Pour 2016 ça dépasse les bornes : vous terminez avec 4,6 millions non dépensés ! Et vous vous vantez que cela couvrira vos investissements pour 2017 ! En décembre 2016 encore vous nous prétendiez que l’écart entre le budget voté et le réalisé serait de 200 000 euros seulement, et vous nous avez donc fait voter un budget modificatif lui aussi insincère d’un facteur 23, à 15 jours de la fin de l’année !! Vous vous moquez de nous.

Vous persistez donc dans la faute de gestion qui consiste à ne pas emprunter au moment où les taux sont plus bas qu’ils ne l’ont été depuis la Préhistoire. Je vous avais prévenu que cela ne durerait pas : déjà on prévoit qu’il seront 1,5 % plus élevés en 2017. On aurait pu emprunter en 2016 ou 2017 pour accélérer les travaux sur les toits-terrasses que nous avons voté de faire de toute façon.

De plus les chiffres que vous nous distribuez dans des documents divers sont totalement incohérents. Nous ne croyons plus vos budgets, nous ne le voterons pas.

Regardons quand même ce que vous semblez annoncer. Bon, vous n’augmentez pas le taux d’imposition. L’an dernier, La Ville a prélevé 800 000 euros de plus à la faveur d’une refonte des abattements qui permet de rendre aussi juste qu’il est légalement possible l’impôt injuste qu’est la taxe d’habitation. Nous avions approuvé le « reprofilage » mais proposé en compensation de diminuer les taux. Vous l’avez refusé en 2016, vous persistez en 2017.

Ensuite vous énoncez vos priorités pour 2017.

1. Priorité absolue à la « prévention-propreté. » Mais ça veut dire quoi ??? Le poste qui diminue le plus dans votre budget c’est la « prévention incendie » !

2. Puis vous maintiendrez le budget de 4 postes : « solidarité, sécurité, éducation et petite enfance », le reste on fera ce qu’on peut.

Mais si le budget sécurité reste stable, comment faire pour conserver les policiers municipaux que vous avez embuchés tout au long de l’année ? Allez vous les licencier tout au long de l’année ? Ou alors c’est la somme de ces 4 postes qui reste stable ?

3. Vous annoncez une petite hausse du budget ressources humaines qui permettra de compenser trop de départs. Il est temps : plus rien ne fonctionne, faute de personnel. Mais avec le « glissement vieillesse –technicité », il vous reste de quoi embaucher quoi ? Une ou deux personnes ?

4. Je ne comprends rien à vos indications incohérentes sur le budget Investissements,.

5. Mais j’observe que vous ne comptez plus vendre le terrain pour la Halle des Sports en 2017. Vous avez raison : outre l’enquête policière en cours sur le soupçon de favoritisme, il y a au moins deux recours contre le permis de construire, lui aussi incohérent. »

La droite intervient brièvement pour dire qu’elle est d’accord avec les orientations. M. Obadia se réjouit de la hausse du budget Ressources Humaines, provoquant un nouveau clash (incompréhensible pour les non-membres de l’exécutif) avec le maire adjoint aux finances.

Natalie Gandais intervient de nouveau pour notre groupe :

« En guise d’orientations, c’est bien maigre.

Il n’y a rien sur les projets, en dehors des projets d’équipements déjà connus. Rien sur l’équipement culturel que vous promettez à chaque réunion publique, encore dernièrement pour reloger le Portail et l’Auberge des idées. Rien non plus sur le relogement des associations maintenant que leur maison est fermée. Rien sur la fête de la vIlle.

Vous annoncez 8 millions de recettes de cessions, est-ce la somme de la vente à Orange + le solde (enfin...) de la clôture des Zacs ?

Qu’en est-il de sur la vente du terrain situé 77-79 avenue de Paris, qui devait être l’aboutissement d’une démarche de longue haleine pour la réalisation de la mosquée de l’AMV ? Est-ce que vous souhaiteriez secrètement que ce projet n’aboutisse pas, grâce à un référendum populiste que vous évoquez sans cesse ?

Il n’y a plus rien sur le projet de centre équestre, un nouvel équipement sportif pour mettre ce loisir à la portée de tous les Villejuifois, projet que nous avions porté au SIPB (terrain Rameau) et pour lequel nous avons délimité dans le PLU un nouvel espace naturel. Mais vous n’avez toujours pas trouvé le temps de rencontrer les 3 autres maires.

Sur ce seul dernier point le maire apporte enfin une précision (mais faut-il le croire ?) : « Ce n’est pas abandonné, mais il faut provisoirement réserver ce terrain pour le chantier du métro."

Et le maire conclut avec un aveu extraordinaire et son habituelle promesse : « Je m’engage à ce que le budget 2017 soit plus sincère que celui des années précédentes. »

Il peut enfin filer à son bicentenaire.

L’incident « Assurances »

On croit que c’est fini, mais non : il faut voter le contrat des assurances pour la Ville. Et M. Badel, MRC, fonctionnaire dans une autre ville, jette un pavé dans la mare (en fait il l’avait fait en première commission, mais celle-ci est désormais un bateau ivre du fait de la crise entre son président, Ph. Vidal, les services qu’il engueule pour leur seule présence, et ses collègues élus) : « Vous avez choisi les entreprises les moins chères, mais elles sont totalement inconnues. Vous ne craignez pas que… »

Le maire adjoint aux finances, Ph. Vidal : « Oui je suis troublé. D’autant qu’on ne m’a pas communiqué le rapport de la commission d’appel d’offre. »

Les membres de la CAO s’interrogent du regard, Mme Cordillot comprend : « Ce n’est pas passé devant la CAO de Villejuif, mais devant une CAO spéciale regroupant la Ville et le CCAS. » Mais qui sont les membres de cette CAO spéciale ? Le maire et Alain Caporusso (groupe Vidal). Or ils sont tous les deux partis.

On sent que l’assistance est en train de glisser d’un vote « pour » en confiance à une « abstention » prudente. Je suggère de remettre le vote à dans quinze jours, après avoir reçu les documents justifiant l’adjudication.

Eh ben non. La majorité monte au front, faisant glisser par son attitude étrange les « abstentions » vers le « Non ». L’adjoint aux finances Ph. Vidal insiste : « Je suis troublé, mais on ne peut rester quinze jours de plus en auto-assurance. » (on l’est depuis 3 mois). L’adjoint au développement économique F. Ducellier : « Je connais ces assureurs, Liberty est très connu aux États-Unis ! ». Inquiétant.

Ça sent vraiment bizarre. On vote. Notre groupe et l’opposition « canal historique », plus M. Harel et la collègue qui lui reste, Mme Tijeras, votent contre. La majorité conserve largement la majorité. Ph. Vidal et son groupe avec ses deux associées, entièrement composé de membres de l’exécutif (sauf P. Nunes, Portugais), vient de nous lancer un signal qui confirme ainsi ce qui fait son unité : jouer la comédie de l’opposition mais ne jamais lâcher la majorité, ses postes et ses honoraires, sur les questions "sérieuses".

Il reste encore un point : Ph. Vidal justement a déposé un vœu sur une question obscure, censé montrer à nouveau son opposition au maire. Nous avions accepté de le voter, mais nous venons de comprendre que ce n’était pas la peine. Nous rentrons nous coucher. Comme le reste de la majorité en fait autant, Ph. Vidal se retrouve quasiment seul avec son vœu rageur, sans quorum.

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Commentaires

1 Message

  • Sylvie 20 mars 2017
    09:20

    Je crois que ce n’est pas pas monsieur Lafon, mais monsieur Girard qui a lu le mail de madame Casel dans lequel elle refuse de diminuer ses indemnités en raison de ses conditions de travail difficiles. Qu’il y ait eu des fuites n’en rend pas moins lamentable le procédé consistant à lire en public une correspondance adressée à titre privée.

    L’élue restant avec monsieur Harel est madame Harlé et non madame Tijeras, laquelle semble s’être détournée du cirque pitoyable qu’est devenu le conseil municipal.

    Le plus pitoyable étant ce soir-là le lâchage de madame Casel par le maire. Un maire est responsable de ce que présente son équipe, et il aurait dû faire en sorte que ce rapport développement durable soit nourri des informations de tous les adjoints. A moins évidemment qu’il n’y ait rien eu pour le nourrir, étant donné l’absence d’actions et de projets que reflète l’indigent rapport d’orientations budgétaires.

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