Accueil > Thémes > Urbanisme > Débat Urbanisme du 13 décembre 2012
30 personnes ont participé au premier débat public des Ateliers de l’Avenir à Villejuif, animé par Alain Lipietz, jeudi 13 décembre, dans la salle de l’ancienne bibliothèque.
Natalie Gandais, co-présidente des Ateliers, après avoir présenté son parcours, de l’écologie scientifique à l’écologie politique en passant par l’enseignement, l’urbanisme, et l’expérience d’élue locale, a précisé les objectifs de l’association : prenant en compte les critiques croissantes des habitants vis à vis de l’actuelle majorité municipale, sur les plans de l’écoute des citoyens, de l’aménagement de la ville, de l’animation des quartiers, de l’organisation des services publics, de la manière d’envisager l’avenir de la ville en lien avec le développement du Grand Paris, nous voulons un changement aux prochaines élections municipales. Le dispositif des partis politiques, la logique des accords entre partis dans le Val de Marne ne permet pas de parvenir à ce changement. Les écologistes n’imaginent pas non plus obtenir ce changement à eux seuls, c’est pourquoi ils ont posé les bases d’une structure associative qui a vocation à construire un projet capable de rassembler une majorité de citoyens, autour de trois valeurs : l’écologie, la démocratie et la solidarité.
Pour dessiner ce projet, de multiples ateliers seront organisés, sur les thèmes et compétences municipales : urbanisme, logement, transports, espaces verts, culture sport, vie associative, tranquillité publique, insertion et emploi, commerce, finances, école, petite enfance, grand âge, alimentation santé, etc. Ces ateliers, à l’initiative d’habitants, pourront être centrés sur un quartier, une entreprise, un groupe scolaire, un immeuble, un square... Ils se constitueront « selon affinités » et se rencontreront à l’occasion de réunions plénières, comme ce soir.
L’organisation matérielle des ateliers sera précisée par le conseil d’administration de l’association dont la prochaine réunion est prévue le 10 janvier. En raison de l’actualité municipale (vote prochain du PLU, enquêtes publiques à venir sur les ZAC), le premier atelier public traite de l’urbanisme.
Michel Cantal-Dupart, co-président des Ateliers, architecte-urbaniste impliqué dans Banlieue 89 et le projet Grand Paris, raconte ses visites effectuée il y a quelques années dans les quartiers de Villejuif, le charme qu’il y avait trouvé. Le but de l’urbanisme est d’ « embellir la ville » , de mettre en valeur les « 101 bonheurs d’être à Villejuif » à partir des besoins, au quotidien.
Puis interviennent les représentants des collectifs, en commençant par Yvette Buhr, présidente des Amis du Bas de Côte, et Catherine Casel pour les Barmonts (complétées par Jorge Carvalho) qui retracent l’historique des luttes (largement perdues) des habitants expropriés et expulsés, les vies brisées il y a 15 ans, le trou et les palissades qui ont stigmatisé le quartier dix années durant, pour permettre la construction des bureaux du Crédit Lyonnais…
Ensuite, Maryse Basseporte a présenté le combat des riverains de Robespierre contre la tour de 12 étages sur le terrain Mollicone...
... Adrien Baland a raconté comment il avait découvert, au hasard d’une réunion sur le projet de ZAC Aragon, qu’il devait être exproprié, sa décision de résister jusqu’au bout et son plaisir d’avoir rencontré chez les « filles de Robespierre » des compagnes de lutte.
Philippe Vidal a exposé son recours contre la construction sur le terrain Mareine et évoqué comment les riverains de Paul Guiraud s’organisent pour empêcher que l’ambiance de leur quartier soit détruite par d’autres opérations immobilières dans l’enceinte de l’hôpital.. Enfin, Catherine Casel explique l’inquiétude des habitants des Guipons de voir le COS passer de 0,5 à 0,8 dans leur quartier.
Suit un débat auquel participent les personnes présentes, habitants et représentants du Modem et du PS.
Première question importante soulevée par Pierre Bouget (PS) : on n’entend ici que les quartiers qui ont été ou sont confrontées à des ZAC, mais qu’avons nous à dire sur la densification ? Alain Lipietz reconnaît qu’il y a là un biais, normal : les mobilisations se déclenchent face à des agressions brutales, ce qui ne doit pas faire oublier le quotidien difficile des quartiers où « actuellement, il ne se passe rien ». Le cas du Parc des Hautes Bruyères, confronté à Cancer Campus a néanmoins révélé la gravité de la dégradation de la tranquillité publique pour les riverains. Lors de la bulle puis de crise immobilière des années 90, c’est le nord de la ville qui a trinqué, aujourd’hui c’est le centre-sud.
Jorge Carvalho (conseiller municipal Modem) répond que l’injonction de densification pour répondre à la demande de logement ne doit pas faire oublier la souffrance des actuels habitants, et que les Villejuifois auront à décider (ou non !) s’ils veulent vivre à 60 000 ou 70 000 dans les conditions actuelles (métro encombré, impossible de circuler à vélo...) comme veut l’imposer la majorité socialo-communiste, tandis que Natalie Gandais explique comment, dans une opération de renouvellement urbain, on peut densifier et diversifier l’habitat d’un quartier HLM tout en associant les habitants aux transformations.
Michel Cantal-Dupart répond longuement sur ce point, donne des exemples mal perçus de ce qu’est une ville ou un quartier dense (le pavillonnaire du nord de Villejuif est plus dense que la « ville parc » de Lamartine et Mermoz et se densifie plus vite de manière incontrôlée par de mini-opérations immobilières). Le pire de tout ce qu’il entend ce soir au sujet des ZAC, c’est le secret. On peut faire beaucoup et beaucoup mieux en consultant et en écoutant les habitants, en négociant avec eux. Exemple : il est cruel d’exproprier une personne âgée, qui risque d’en mourir, au nom de l’arrivée d’un métro dans 7 ou 13 ans. Un des rôles des Ateliers c’est d’être « médiateurs et raccommodeurs ». Il insiste sur la situation actuelle de bulle tertiaire en IdF (beaucoup trop de bureaux en construction). Il faut chercher d’abord des emplois pour les habitants qui sont là et souvent en chômage, et trouver des locuax adaptés à ces emplois.
Bertrand Dubosclard expose ce que défend le PS vis à vis de son partenaire, le PCF, dans la majorité municipale : mixité sociale et fonctionnelle. Les réactions de la salle témoignent qu’elle n’a pas le sentiment qu’il y parvient.
Plusieurs autres points sont soulevés (transports, piétons, saturation des écoles etc).
Alain Lipietz conclut en soulignant que Ateliers n’ont pas d’a priori sur « ce qu’on défend », à part les valeurs initialement énoncées par Natalie Gandais, mais chercheront à élaborer un projet d’ici les municipales à partir des aspirations, parfois révoltées, de la population. Exemple, l’idée « il faut arrêter de développer la ville en grignotant la campagne » : les jardins familiaux de l’Epi d’or ont obtenu un réaménagement de Cancer Campus, ce qui a soulevé le problème « il faut sauvegarder les terrains maraichers » (car la population veut du bio dans les cantines, et de proximité), ce qui pose le problème de la localisation prévue de la fac de pharmacie (EUIS), or justement on se demande quoi mettre à la place de l’immeuble Edf de Louis Aragon, et ça tombe bien puisque la saturation de la ligne 7 interdit d’y rajouter des logements, en revanche elle circule à vide le matin de Paris vers Louis Aragon, donc pourquoi ne pas mettre cette fac ici, etc..
Après 22h, on décide de stopper pour passer autour de la table. Au menu : soupe maison de Stéphane, tarte de Catherine, gâteaux de Claire et Monique, pâtés et boissons diverses apportées par les autres.
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