Accueil > Actualités > Le budget et la souffrance des agents
La réalisation du budget 2015, s’écartant largement de ce que le conseil municipal avait voté, est-elle la source de la crise dans le personnel ?
C’est l’un des grands sujets des six heures de débats (avant l’interruption) de ce conseil municipal. En fait, quelques jours auparavant, le CHSCT s’est réuni pour entendre le rapport annuel de la médecin et de la psychologue du travail, et de l’assistante sociale. Toutes ont dénoncé la croissance inquiétante des troubles « psycho-organisationnels » (en fait le harcèlement et les dysfonctionnements constants induits par le comportement erratiques du maire et de certains adjoints) et les conséquences catastrophiques sur la santé des travailleurs.
Mais les syndicats ont aussi souligné les problèmes matériels : personnels sur le départ et non remplacés, moyens supprimés. Ce que P. Vidal, maire-adjoint aux finances, a contesté, et c’est sans doute une raison de sa défilade de ce soir.
Car nous devons débattre du rapport (de P. Vidal) sur le « compte administratif de 2015 », c’est à dire sur l’argent réellement dépensé l’an dernier. Il est évident que les conséquences sur les agents vont être évoquées. Natalie Gandais va discrètement prévenir les agents, sortis prendre l’air, qu’on va parler d’eux...
Voici le rapport :
C’est le président du groupe communiste, F. Périllat, qui commence. Il a participé, comme Monique, Patrick et moi, à la fameuse réunion du CHSCT. Il commence par la discordance entre ces comptes effectifs et le budget voté en avril 2015. Il a la formule heureuse : « Ce rapport n’est pas un compte administratif, qui devrait comparer ce qui a été voté et ce qui a été réalisé ! C’est un plaidoyer pour un budget 2015 qui n’avait pas été voté ! » Et il enchaine sur le rapport de la médecin du travail, mettant directement en rapport a baisse des ressources accordées aux services et la souffrance des agents.
Lui succédant, je développe un peu le premier point. Je rappelle que nous, L’Avenir à Villejuif, étions contre le budget présenté par P. Vidal en mars 2015. Mais nous avons accepté de le voter, moyennant une « décision modificative », qui augmentait de 100000 euros les moyens de la démocratie participative et de la culture. Or nous avons découvert, dès la présentation du budget 2016, que le « réalisé » 2015 n’avait aucun rapport avec ce qui avait été voté ! Le maire et son adjoint aux finances avaient fait, clandestinement, ce qu’ils voulaient… Ce « budget insincère » 2015 nous avait convaincu de voter contre le budget 2016, autre « budget fantôme ».
Ainsi , alors qu’il a fallu absorber en un an :
les coupes décidées par le gouvernement socialiste ( - 1,6 millions d’euros),
la baisse des impôts du Crédit Lyonnais qu’on nous avait présenté comme une poule aux d’or (-700000 euros),
l’envolée des emprunts toxiques de Mme Cordillot
l’impossibilité de vendre les terrains victimes des « portages toxiques » de la même époque…
le maire et P. Vidal ont trouvé le moyen de dégager en plus un excédent de fonctionnement de 5,6 millions !
Et comment ? Par les non-remplacements d’agents à des postes essentiels, par la suppression de services à la population, par des économies de bouts de chandelle (la fameuse affaire du papier de toilettes dans les écoles) mais plus généralement des économies sur les commandes allant bien au delà de la « chasse au gaspi » initiée l’année précédente par Natalie Gandais en tant que maire-adjointe aux travaux.
Résultat : la souffrance généralisée des agents. Le rapport Vidal écrit sans vergogne :
« C’est ainsi qu’entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2015, les actions menées auront permis d’économiser plus de 2,6 millions d’€ sans remettre en cause les services essentiels à la population (…)
Ce résultat exceptionnel (une économie de 700000 euros sur la masse salariale) est le fruit d’une gestion stricte de la masse salariale, d’une politique de remplacement des fonctionnaires adaptée à l’activité des services, de l’amorce de la réorganisation des services qui s’inscrit dans le cadre d’une rationalisation et mutualisation des moyens humains et matériels. »
Et là je m’appuie sur le rapport de la pyschologue du travail au CHSCT qui écrit textuellement :
« Nous souhaitons insister ici sur le fait qu’elles peuvent conduire les agents les plus consciencieux à développer une réaction individuelle de repli social, voire de démobilisation, et collectivement de stratégie de « chacun pour soi » peu propice à l’optimisation du service rendu. »
En terme moins diplomatiques : même (et surtout) les meilleurs des agents et des cadres se démobilisent, tombent malade, ou se font muter dans une autre ville.
Et plus largement, je rappelle que j’ai connu l’effet sur mes proches d’une campagne de dénigrement dont j’avais été autrefois victime. Les effets sur la santé ne s’arrêtent pas à la dépression, ils peuvent aller jusqu’à des conséquences psychosomatiques plus graves encore comme le cancer, et jusqu’au suicide.
J’appelle solennellement ce qui reste de l’exécutif à mettre un terme à cette politique morbide et mortifère.
Applaudissement dans le public. Pendant ce temps, le maire est sorti, il est rentré et s’est mis à parler avec ses voisins de derrière, dans une nouvelle démonstration de grossièreté, pour signifier au public qu’il se fiche ouvertement de ce personnel dont il a pourtant la responsabilité.
E. Obadia contre-attaque avec insolence : « Je suis médecin. Il n’y a aucune preuve que le harcèlement puisse conduire à la dépression ou au cancer. Même dans le cas de France-Telecom, deux rapports ont montré que les dizains de suicides n’avait rien a à voir avec du harcèlement, mais plutôt avec la Communication ! »
Énorme tollé dans le conseil. Sophie Taillé-Polian se dresse pour lui rappelle les conséquences judiciaires et hiérarchiques de la « gestion par le stress » pratiquée par France-Telecom. « Vous êtes médecin, mais médecin anesthésiste ! » lance Mme Tijéras…
Après ce débat où l’exécutif le Bohellec-Obadia-Vidal a montré son écœurante irrésponsabilité, il retrouve sa majorité habituelle de 23 voix. Une de trop.
1. La folle nuit du conseil municipal
2. Le budget et la souffrance des agents
3. L’Office (municipal ?) des sports... Et suites (Serfati, expulsion de l’USV)
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