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28 février 2016
Alain Lipietz

Le Conseil départemental ampute le Parc des Hautes Bruyères

… et le PCF villejuifois affirme exactement le contraire !

La semaine dernière, le PC villejuifois annonçait que le Conseil départemental « sanctuarisait » le parc des Hautes Bruyères contre les promoteurs. Texte en main, on constate que c’est exactement le contraire !

L’arnaque

Vous avez lu le tract du PC de Villejuif ? Il est là. Je cite : « Le parc est à présent protégé, il ne pourra pas être amputé au profit de spéculateurs… Après le vote du nouveau PLU qui prévoit la baisse du nombre des espaces verts [sic. Lesquels ?], c’est une très bonne nouvelle. » Même chose sur sa page facebook.

Sur le coup, j’ai eu un moment de joie : le Département, propriétaire du parc, renoncerait donc en livrer tout le nord-ouest (entre l’entrée nord et la Redoute) à la Sadev, promoteur de la ZAC Campus Grand Parc, qui compte y construire une « résidence pieds dans le parc » ? Hélas, faux espoir.

Voici ce qu’a voté, en réalité, le Conseil départemental (Rapport 2016-1) :

Il accorde le statut de « Espace Naturel Sensible », non pas au parc des Hautes Bruyères, mais à ce qu’il en reste, APRÈS amputation, au profit de la Société du Grand Paris et de la Sadev, pour la ZAC Camps Grand Parc ! « Le périmètre de l’ENS, écrit le rapport, est calé sur le périmètre de la ZAC Campus Grand Parc et exclue donc la partie du parc prévue pour les futurs aménagements urbains. » C’est malin…

Voici donc, citoyennes et citoyens, en pointillés rouges, ce qui restera du parc, après ce vote du Conseil départemental (Annexe 2 du Rapport) :

Tout le Nord et l’Ouest du parc actuel sont exclus de « l’espace naturel sensible » ! Voici une photo de l’espace livré à la Sadev :

Bon, pour les lecteurs du présent site, ou du site des Verts de Villejuif, ce n’est pas une surprise. Cela fait des années que les écologistes se battent contre ça, en vain, tant le rapport de force nous était défavorable. Le Département (on vient d’en avoir la confirmation) milite depuis des années pour ce démantèlement du Parc, les autres villes du Val de Bièvre étaient d’accord, et la Sadev est une grande puissance…

Une occasion manquée

Pourtant le Conseil régional, dans le nouveau Schéma directeur régional de l’Ile de France, a élevé (à notre demande) le parc des Hautes Bruyères au rang de « parc d’intérêt régional » (indiqué sur le Sdrif par un « Grande marguerite »). Conséquence : il est désormais interdit de le réduire.

Nous n’avons malgré cela pas pris le risque, dans le PLU de Villejuif adopté en décembre dernier, d’interdire le Nord-ouest du parc à la Sadev en rendant inconstructible le « secteur D2 » du parc. Mais nous avons profité de ce classement en « grande marguerite » pour imposer une compensation de surface égale : d’une part la moitié du terrain des Maraichers au sud du parc, d’autre part le « Terrain Rameau » au nord du parc.

Vous remarquerez que le rapport 2016-1 du Conseil départemental ne tient aucun compte, ni du Sdrif, ni du nouveau PLU de Villejuif. Il ne lui aurait pourtant rien coûté d’étendre la protection ENS à ces deux terrains ? Eh ben non !

Alors à quoi ça sert, cette décision ? Le rapport 2016-1 le reconnaît candidement : à faire financer l’entretien du parc par la taxe ENS : « Sur le plan financier, ce classement ne génère pas de nouvelles dépenses mais permettra d’utiliser le produit de la taxe affectée aux ENS pour sa gestion. Il est à noter que le produit de la taxe depuis 2010 est globalement en hausse : 6,4 M en 2010, 7,7 M en 2012, 9,6 M en 2014 »

On se souvient en effet que le département répugne à financer la gestion du parc et a déjà tenté de supprimer le service d’animation du parc. La résistance de L’Avenir à Villejuif et des élus verts au Conseil départemental a permis d’empêcher ça.

Quelques remarques complémentaires

La lecture du rapport 2016-1 apporte au moins une bonne nouvelle : le département n’a PAS encore vendu le Nord-Ouest du Parc à la Sadev. C’est au moment où il voudra le faire que s’ouvrira la bataille : « mais quelle compensation pour satisfaire au Sdrif, qui interdit de diminuer la surface du parc ? » Nous avons prévu la solution : que le parc s’élargisse au demi-terrain des Maraichers et au terrain Rameau.

Un autre détail curieux. Vous remarquerez qu’au nord, la parcelle vendue à la Société du Grand Paris pour faire la gare IGR du futur métro express, et qui est donc exclue de l’ENS sur la carte de l’Annexe 2 du rapport 2016-1, s’étend bien au delà, à l’Est, de l’espace dont la gare a besoin. Elle détruit l’actuel jardin des plantes médicinales, le long de la rue Edouard Vaillant.

La Société du Grand Paris a–t-elle l’intention d’urbaniser cet espace ? Ou alors la Sadev ? Pas du tout, si l’on en croit le « visuel » communiqué par la Société du Grand Paris et par la Sadev :

Cet espace, à l’est de la gare, au sud de la rue Édouard Vaillant, reste un espace vert, intégré au reste du Parc. C’est déjà ça ! Mais alors pourquoi le Département ne l’a-t-il pas classé en ENS ?

Cette remarque m’a rappelé quelque chose. Le 24 septembre dernier, Pierre Garzon, élu conseiller départemental de Villejuif grâce au report des voix des écologistes, est venu me voir pour me faire part d’une inquiétude. Il avait entendu parler d’un projet d’extension de la ZAC Campus Grand Parc, dans le parc, au sud de la rue Édouard Vaillant. Cette rumeur avait d’ailleurs été colportée sur notre site par un anonyme (P. Garzon lui-même ?) signant « Observateur dubitatif ».

Je lui avais montré toutes les cartes dont je disposais, produites par la Sadev, y compris le « visuel » : jamais entendu parler d’un tel projet. La ZAC ne mange (et c’est déjà trop !) que le Nord-Ouest du parc, au delà du grand trou dit « Jardin du silence ». Pierre Garzon m’avait alors dit de me méfier d’intrigues entre… Franck le Bohellec et la Sadev. Laquelle, rappelons-le, est présidée par le 4e vice-président du Conseil départemental, également président de Cancer Campus, le communiste Pascal Savoldelli… P. Garzon et P. Salvoldelli seraient-ils en froid ?

Et – c’est étrange – le Conseil départemental omet de classer ENS un coin que la Société du Grand Paris n’a pas l’intention d’urbaniser. À la place de P. Garzon, je me méfierais de P. Salvoldelli ;-)

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