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9 octobre 2016
Alain Lipietz

Alerte rouge pour les associations

La conférence des présidents préparant le conseil municipal du 14 octobre a entériné le virage autoritariste de F. le Bohellec et annoncé de lourdes menaces sur le mouvement associatif, sportif et non-sportif.

La « conférence des présidents » réunit les présidents des groupes politiques et les présidents des commissions du conseil municipal. Sa principale fonction est d’établir, sur proposition du maire, l’ordre du jour du conseil municipal, et de réaliser une première synthèse des amendements proposés aux délibérations et vœux qui seront mis aux voix. Nous étions très fiers, en avril 2014, d’avoir introduit dans le Règlement intérieur du Conseil municipal ces nouveaux pouvoirs partagés entre tous les groupes, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition.

Eh bien, c’est fini. Neuf mois après le départ du groupe L’Avenir à Villejuif - EELV, le maire F. le Bohellec affirme qu’il ne tiendra plus compte de l’avis des conseillers municipaux, même dans ce qu’il lui reste de majorité.

Il est vrai que presque tout le personnel qualifié pour préparer un conseil municipal est parti. Il a fallu renoncer au conseil municipal de septembre. Celui d’octobre est préparé par le Directeur Général des Services, B. Salzenstein. Mais le maire veut aussi virer le DGS à l’occasion de ce conseil municipal. Beaucoup s’y opposent, dans le personnel, dans l’opposition, et même dans ce qui reste de la « majorité ». Mais si le DGS est effectivement viré, on ne sait pas s’il sera possible d’organiser un conseil municipal en décembre…

Coups de force sur l’ordre du jour

Première surprise à la conférence des présidents, jeudi 6 octobre : le maire n’est pas là ! C’est pourtant lui qui en a fixé la date. Fuyant sans doute la confrontation, il s’est fait représenter par Mme Cécile Duboille-Obadia.

Elle annonce : Le conseil municipal du vendredi 14 est très chargé, il commencera à 19 heures 30.

On s’étonne : Mais on avait convenu que les conseils municipaux commenceraient toujours à la même heure –sauf quand il y a un débat important, comme le vote du budget – afin de ne pas désorienter le public ?

Mme Duboille-Obadia. Oui mais là, l’ordre du jour est très chargé, monsieur le maire a décidé que ça commencerait à 19h 30.

Philippe Vidal. Alors, le débat le plus important, qui est celui du remplacement de l’Union sportive de Villejuif par un Office Municipal des Sports, et que le maire propose de placer en dernier, donc vers 2 heures du matin, il faudrait plutôt le mettre en début de séance, on sera plus frais et le public sera présent.

Tous les groupes approuvent.

Mme Duboille. Non. Monsieur le maire a décidé de le mettre à la fin. Si le public est intéressé, il n’a qu’à rester jusqu’à la fin.

Tous. Mais c’est nous, ici, qui fixons l’ordre du jour ! Sinon, nous pouvons rentrer chez nous.

Mme Duboille. Non, le maire est maître de l’ordre du jour. Vous n’êtes ici que pour exprimer vos souhaits. Si vous voulez, je lui en fais part.

Vif agacement de tous les groupes. En effet, nous disposons maintenant du projet de convention entre la Ville et l’OMS : c’est encore pire que ce que l’on craignait.

Alors que l’USV n’était liée que par une convention avec la mairie et gérait de façon autonome les affaires du sport à Villejuif, désormais elle sera officiellement sous la coupe de M. Monin, l’adjoint aux sports, qui se réclame de son expérience de directeur des sports chez Serge Dassault à Corbeille-Essonnes (on a les références qu’on peut). La Maison des sports ne sera pas mise à la disposition de l’OMS, comme c’était le cas pour l’USV. C’est M. Monin qui en décidera l’occupation en fonction de ses préférences. Il en a déjà expulsé l’USV, malgré la convention qui lui confie cette maison jusqu’à la fin de l’année… « dans l’intérêt général » ! Il n’est pas même question de Commission sportive paritaire entre les clubs et la Ville pour répartir les subventions : ce sera à la tête du client.

Bref : une privatisation (par l’UMP/LR) de l’argent des contribuables destiné à leurs activités sportives.

Certes, avant les élections, beaucoup de Villejuifois reprochaient la trop grande proximité de dirigeants sportifs avec le parti communiste dominant en mairie, mais c’était compréhensible quand ce parti était majoritaire dans la ville elle-même, depuis des décennies. Avec l’OMS, ce sera tout autre chose : bien qu’archi-minoritaire en ville (17,5 % au premier tour en 2014), un parti prend le contrôle du sport.

M. Monin n’était pas à la 3e commission, celle qui a discuté de ce projet de convention avec l’OMS. Fuyait-il, lui aussi, la confrontation ? On l’attend de pied ferme au conseil municipal !

Même régime pour les associations non sportives ?

On passe à un rapport distribuant un reliquat de quelques 4000 euros entre quatre associations non-sportives. Le maire adjoint aux finances soulève une objection :

Ph. Vidal. Je souhaite qu’on vote les subventions une par une. Car je suis contre la subvention à l’exposition AlimenTerre.

E. Obadia : Tout-à-fait d’accord. Et d’ailleurs je souhaite que, au prochain budget, on vote toutes les subventions aux associations une par une.

( Traduction : E. Obadia avait une dent contre l’association des Tourterelles, qui organise des activités pour les handicapés. À chaque vote des subventions, il essayait de s’opposer aux Tourterelles ! Mais au fond, on a souvent l’impression qu’il n’aime tout simplement pas les associations.)

Le chœur des autres groupes : Mais il y a une Commission paritaire des associations qui propose une répartition des subventions aux associations, que le conseil municipal vote ou rejette en bloc !

E. Obadia. Eh bien je suis pour la suppression de cette commission paritaire, elle ne sert à rien, c’est à la majorité du conseil de décider une par une quelle association elle veut subventionner.

Ph. Vidal. Tout à fait d’accord avec E. Obadia.

On marque le coup. Comme pour les associations sportives, la « majorité » le Bohellec-Obadia-Vidal-Casel tente à nouveau de s’approprier l’argent des contribuables destiné aux associations (où tous les Villejuifois sont libres d’adhérer ou pas), et de faire le tri dans les associations qu’elles souhaitent aider… ou pas.

La Commission paritaire des associations était l’une des grandes fierté de l’Union citoyenne. La maire adjointe de l’époque, Sylvie Thomas, avait élargi sa composition pour la rendre plus représentative. C’en était fini avec les subventions énormes à des associations satellites d’un seul parti : la Commission paritaire assurait une répartition consensuelle des fonds publics entre associations, qu’elles soient proches de la majorité, de l’opposition, ou complètement indifférentes. C’est fini.

Et ça continue…

On aborde la question des délégations au Comité technique (comité paritaire élus-agents, sur la gestion du personnel) et au CHSCT (sur les conditions de travail), les deux structures légales du dialogue social. Jusqu’ici, l’opposition « canal historique » PCF-PS-Parti de Gauche disposait de deux élus au CT (sur 8) et une au CHSCT (sur 5), plus leurs suppléants, et L’Avenir à Villejuif-EÉLV comptait un élu dans chaque comité.

Le groupe L’Avenir à Villejuif-EÉLV est sorti de la majorité suite au scandale de la Halle des Sports, mais jusqu’ici ses délégués sont restés au CT et au CHSCT, ce qui reflète bien la fonte de la majorité le Bohellec au conseil municipal.

Mais voilà : le maire a décidé que « l’opposition » doit rester avec 2 délégués au CT, un au CHSCT, et demande à « l’opposition » de s’arranger pour les désigner.

Nous demandons : Mais qui considérez-vous comme l’opposition ?

Mme Duboille-Obadia : Les cinq groupes : L’Avenir à Villejuif-EÉLV (7 membres), PCF (5 membres), PS (3 membres), FUE (Harel, 3 membres) et PdG-MRC (2 membres).

Soit 20 élus sur 45, et le maire ne leur concède que 3 places sur 13 ! Bonjour, l’arithmétique…

L’heure tourne. Mme Duboille nous informe : Le maire vient de me répondre à votre demande de modifier l’ordre du jour, en mettant le débat sur la convention OMS en début de soirée. Il est contre. De toute façon c’est techniquement impossible : les services ne peuvent imprimer un nouvel ordre du jour et vous l’envoyer dans les délais avant le 14 octobre. (Rappel : nous sommes alors le 6 octobre…)

Le Choeur des oppositions. Comment ça ??? Mais alors, encore une fois, à quoi sert cette réunion si de toute façon on n’a pas le temps d’en tenir compte ?

Ph. Vidal. Je veux bien corriger ce soir sur le fichier Word et ça partira demain.

E. Obadia. En effet, ce n’est pas une impossibilité technique, c’est une décision souveraine du maire.

Moi. Pour une fois, ce n’est donc pas de la faute des services !

Mme Duboille-Obadia. Monsieur Lipietz, vous êtes de mauvaise foi !! Je n’ai jamais dit que les services ne pourraient pas le faire !

M. Bounegta (président du groupe NDPV). Mais du temps de Mme Cordillot, l’opposition n’avait rien à dire !

D. Girard (pt du groupe PS) : La question, M. Bounegta, est : dans les deux cas, est-ce que vous trouvez ça bien ? (M. Bounegta ne répond pas)

Le Chœur : Bon, de toute façon, on reposera la question au début du conseil municipal.

E. Obadia : Ce n’est pas le conseil qui décide, c’est le maire !

****

Bref : citoyens, sportifs, associatifs, artistes de Villejuif, soyez présents dès 19 heures 30, peut-être n’attendrez vous pas 3 heures du matin pour savoir à quelle sauce MMlMMM (moi, monsieur le maire, maitre du monde) décidera de vous manger.

(Nota bene : Le logo qui illustre les articles relatifs à crise de la municipalité de Villejuif n’est pas une méchante caricature de M. le Bohellec, mais un détail de la fresque Les effets du mauvais gouvernement de A. Lorenzetti, dans le Palais municipal de Sienne.)

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