Accueil > Thémes > Urbanisme > « Rééquilibrer » ? Le débat s’ouvre dans les réunions PLU.
Quatrième réunion PLU aux Hautes Bruyères, quartier enclavé : donc un peu moins de monde. Mais le débat s’ouvre sur le rééquilibrage emplois-logements. Et pas seulement.
75 personnes contre 90 aux précédentes réunions, plus « centrales » : ça reste beaucoup ! Et le débat commence à s’enrichir. Le maire Franck le Bohellec et l’adjointe à l’urbanisme, Natalie Gandais, lèvent de plus en plus le voile sur leurs intentions, ce qui est normal car les débats et les négociations de cette équipe très dynamique avancent à toute vitesse, de semaine en semaine.
L’opposition est représentée dignement par les présidents des groupes socialiste, Dominique Girard, et communiste, Frank Périllat (qui est « chez lui » aux Hautes Bruyères).
Au cours du débat, cette opposition ne demandera pas moins de trois fois si c’était la peine de refaire un PLU, après le PLU Cordillot de décembre 2013 et avant l’avènement de la métropole en 2016 ! Ils se doutent pourtant bien que la métropole n’aura initialement pas d’administration et reprendra tels quels les PLU existants… Ils savent surtout très bien que le passage en force de ce PLU-2013 « bétonneur » n’est pas pour rien dans leur défaite. Bien sûr, la loi Duflot modifie assez le code de l’urbanisme pour justifier un sérieux toilettage. Mais l’essentiel n’est pas là.
L’essentiel, c’est que la population s’est clairement prononcée en faveur d’un autre urbanisme, plus humain (avec des immeubles à taille humaine), plus écologique (avec le respect des espaces verts), avec un équilibre population-emplois, avec la mixité sociale dans chaque quartier. Et avec la révision profonde, dans ce sens, des ZAC Campus Grand Parc et Louis Aragon. Et avec la rénovation urbaine des quartiers sud.
Et tout cela avance à grand pas. L’exposé introductif de Franck le Bohellec fait une synthèse, sans doute la plus complète depuis le début de ces rencontres, de « ce qui se négocie »… mais qui n’arrivera pas forcément, hein !
Par exemple, explique-t-il, il faut déjà présenter à l’État les grandes lignes de ce que pourrait être l’opération de rénovation d’urbaine aux Lozaits –Lamartine - Hochard (sur le territoire de L’Haÿ, car il s’agit d’une opération « Val de Bièvre »). On rénovera ou reconstruira tous les appartements HLM, un pour un, mais il y aura, en plus, des logements du secteur libre dans cette zone, et un quartier d’emplois au bord de la RD 7. Rééquilibrage vers la mixité sociale et « fonctionnelle ».
De même, la renégociation de la Zac Campus Grand Parc diminue considérablement le nombre des logements ( 2900 au lieu de 4000) pour augmenter l’espace dédié aux activités.
Même rééquilibrage du coté des établissements d’enseignement. Bizarrement, les anciennes équipes nous ont légué des établissement d’enseignement secondaire tous publics et des établissements d’enseignement supérieur tous privés (4 écoles d’ingénieurs payantes). Résultat : ceux qui en ont les moyens et qui, à tort ou à raison, craignent la réputation de nos collèges et de Darius-Milhaud, envoient leurs petits enfants dans le privé hors de Villejuif, et les « petites classes moyennes » peuvent offrir à leurs grands enfants des études supérieures payantes à Villejuif en faisant des économies sur le logement. Mais les classes populaires n’en ont pas les moyens. Objectif de « rééquilibrage » de la nouvelle équipe : une alternative lycée privé dans Villejuif, et deux établissements publics d’enseignement supérieur (un aux Hautes Bruyères, un en centre ville).
Dominique Girard se risque le premier et exprime sa satisfaction globale devant ces orientations. Mais dès qu’il se lance dans un discours « généraliste » d’opposition, la salle l’interrompt de ses cris : « On n’est pas au conseil municipal ! » Frank Périllat sera assez habile pour être mieux écouté.
C’est un peu ce qui s’était déjà passé avec Sophie Taillé-Polian lors de la première réunion de quartier du PLU, comme lors du débat sur l’audit, et c’est un peu injuste : les Villejuifois semblent en vouloir davantage au PS qu’au PCF. Effet Hollande-Valls ? Ou un reproche plus particulier au PS de Villejuif de ne pas avoir su à temps changer ses alliances, comme l’Avenir à Villejuif et EELV lui avaient proposé ? Mais revenons au fond.
Dominique Girard refuse la diminution de la part des logements. Et il compte sur le gouvernement, qui vient de transformer la ZAC Campus Grand Parc en « Opération d’Intérêt National » (OIN), pour revenir au nombre de logements initialement prévu (ce qui impliquerait de sacrifier la coulée verte à travers le Terrain des Maraichers.)
Pas de chance, lui répond le maire : le préfet vient justement de valider l’objectif des 2900 logements, et la négociations dans le cadre de l’OIN porte actuellement sur les écoles à construire, ainsi que sur la rénovation des cités HLM Armand Gouret, Julian Grimau, Alexandre Dumas…
Cette question du logement revient, chez les communistes et sympathisants, sous l’angle du « social ». Ils nous accusent de vouloir « supprimer des logements sociaux ». Deux ou trois fois de suite, Natalie et Franck le Bohellec doivent leur ré-expliquer : nous n’en supprimerons aucun. Et, dans les nouveaux logements que nous construirons, il y en aura 25 %. Donc, comme nous en avons aujourd’hui exactement 39,3% (au sens de la loi ALUR qui les mesure scrupuleusement), au fil du temps ce pourcentage diminuera pour se fixer vers 36 % dans une quinzaine d’années.
Autre critique, d’une jeune femme « Villejuifoise de jour », au sens où elle travaille à l’Institut Gustave Roussy mais n’habite pas à Villejuif : si l’on ne construit pas assez de logement autour de l’IGR , comment loger ceux qui viendront y travailler ? J’interviens pour répondre que notre but en créant des emplois est plutôt d’offrir des emplois aux Villejuifois. Même en élargissant le « bassin d’emploi » à toute la CAVB : elle compte 90 000 personnes actives pour 76 000 emplois ! Or le Contrat de développement territorial nous impose de nous fixer pour objectif : un emploi par personne active.
Mais (je me tourne alors vers l’équipe d’urbanistes), même si l’on construit un poste de travail par personne active , qu’est-ce qui fera que les emplois de Villejuif seront occupés par des Villejuifois ? Nous avons le contre-exemple du Crédit Lyonnais, qui a débarqué avec ses propres salariés « délocalisés » de toute l’agglomération parisienne.
Les urbanistes répondent clairement : rien dans le PLU. L’urbanisme ne peut que proposer un équilibre entre emplois et habitants. Si on veut que les habitants locaux occupent les emplois locaux, il faudra d’autres procédures.
Pareil pour la question du stationnement, très douloureuse pour les habitants des Hautes Bruyères qui doivent se faufiler entre les voitures en stationnement dans une rue étroite unique, alors que les parkings sont vides, à cause de l’insécurité qui y règne. Natalie Gandais répond que c’est pareil au centre-ville et ailleurs : le PLU ne peut rien au problème de la tranquillité publique, ne rêvons pas. Celle-ci demande l’ouverture d’un autre chapitre de notre politique municipale…
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