Accueil > Actualités > Sur le troisième suicide d’un agent
Le 11 septembre dernier, Gregori Licari, agent à Villejuif, s’est suicidé. Nous donnons d’abord la parole à la CGT, qui a recueilli ce qu’on pouvait savoir de cette fin tragique et l’a commentée avec une grande dignité. Nous ajoutons quelques remarques.
Voici d’abord le communiqué de la CGT, après un délai pour mener l’enquête et respecter le deuil de la famille de la victime. Nous nous joignons évidemment à tout ce que dit ce communiqué, d’une remarquable hauteur de vue. En particulier, nous exprimons toute notre solidarité à la famille de Monsieur Licari.
S’il est permis d’ajouter quelque chose, c’est que, en effet, nous étions prévenus. Tous. Nous étions prévenus par la médecine du travail, par la psychologue du travail, depuis une alarmante séance du Conseil d’hygiène et de sécurité auquel nous, élus d’opposition, participions encore (depuis, le maire a écarté les élus d’opposition des instances du dialogue social).
C’était en juin 2016 ! On nous avait alors expliqué, en termes feutrés, que la pression que subissaient les agents pouvaient conduire à l’irréparable : une agression d’un agent, à bout, contre lui-même ou contre ses collègues. On nous avait prévenu que les deux cas étaient possibles, comme conséquence classique des stratégies de « gestion par le stress » et de la démobilisation. Nous nous étions fait écho de cette menace en conseil municipal, citant les drames de France Telecom. Le maire adjoint E. Obadia nous avait ri au nez. Trois ans après s’ouvrait le vaste procès de France Telecom. Et, peu après ce conseil municipal, un premier agent se suicidait à Villejuif.
Nous avons raconté son histoire, après avoir longuement écouté le dernier témoin, la personne à qui Thierry Holveck avait confié au téléphone, toute la nuit, les ignobles rumeurs lancées contre lui pour le pousser à la démission. Car il faut bien comprendre que le harcèlement ne vise pas à pousser un agent au suicide, mais à s’en aller. Sauf que, quand ça tombe sur certaines personnes déjà fragilisées par ailleurs, elles préfèrent se suicider. Il est alors facile aux employeurs de dire « Il s’est suicidé pour raisons personnelles ». L’enquête policière a eu lieu, a confirmé notre récit. Le parquet de Créteil a classé l’affaire, car il n’y avait plus de proche de T. Holveck pour porter plainte.
Ce premier cas n’a donc pas été suffisamment médité. Un an plus tard, par miracle, les élus du personnel purent empêcher, in extremis, un second suicide. Cette fois la réaction du maire fut d’unr invraisemblable cruauté ,allant jusqu’à nier la réalité de ce suicide. La victime était cette fois… une déléguée au CHSCT !
Et nous en sommes au troisième suicide. Cette fois, la victime, ancien garde-champêtre de Villjuif qui se trouvait mal à l’aise dans la Police municipale, a eu droit à une communiqué de compassion du maire, et à une minute de silence (demandée par l’opposition) lors du dernier conseil municipal. Pourquoi cette gentillesse ? Parce que l’agent était déjà parti. En dépression. Et licencié pour cette raison. Et la Ville de Villejuif lui réclamait le remboursement de ses derniers salaires (voir le récit du syndicat) !
Une fois encore, la cruauté du maire F. le Bohellec s’exerce même après le départ ou la destitution de l’agent, quel que soit son grade. Nous avons vu comment, après avoir démis de ses fonction le Directeur Général des Services qu’il avait lui-même embauché, mais qui avait refusé de pratiquer la chasse aux sorcières contre les syndicalistes, il avait continué à le persécuter...
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