Accueil > Actualités > ZAC Aragon : nos contributions à l’enquête publique
Le maire demande une nouvelle DUP (déclaration d’utilité publique) pour la ZAC Aragon, c’est à dire un droit d’expropriation confié à la Sadev. Nous sommes contre.
Il y a bien des années, EDF libérait un grand site près du métro Aragon, à l’est de la RD7 ; la majorité municipale de Mme Cordillot confiait alors à la Sadev une étude du secteur. Peu après, elle créait à cet endroit une zone d’aménagement concertée (ZAC) qu’elle concédait à la même Sadev : un procédé dûment critiquée par la Chambre régionale des comptes. Puis elle demanda une déclaration d’utilité publique (DUP) pour la ZAC, afin d’accorder à l’aménageur le pouvoir d’exproprier les habitants.
Le projet d’aménagement de la Sadev provoqua un soulèvement dans Villejuif, avec manif de casseroles etc. À la pointe de ce mouvement, surtout des femmes, organisées en Association des Habitants et Riverains du Quartier Aragon, avec, pour présidente, une certaine Isabelle Hamidi, et, pour secrétaire, une certaine Monique Lambert, qui toutes deux allaient jouer un rôle majeur dans Les Ateliers de l’Avenir à Villejuif.
Les oppositions étaient de deux ordres :
Pour une rénovation oui, mais vraiment concertées avec les habitants. Dans le viseur : une surdensification générale, avec une tour de 13 étages de logements sociaux sur le terrain Mollicone en bordure de la Nationale 7 (« un signal fort de centralité » disait la Sadev)
Contre les expropriations, car « l’utilité publique » n’avait rien d’évident : le seul équipement public prévu (une crèche privée) faisait 170 m2 !
La devise de l’association est claire : OUI à la rénovation, NON aux expropriations. Aujourd’hui, elle n’a pas changé :
Très vite, L’Avenir à Villejuif et EELV s’engagent auprès de l’Association Aragon. Lors de l’enquête publique, Natalie Gandais, au nom de L’Avenir à Villejuif, et Alain Lipietz, au nom de EELV, déposent des rapports critiques.
Hélas, la commissaire enquêtrice donne son feu vert à la DUP en février 2014, avec d’importantes réserves… notamment en faveur d’accords à l’amiable. Amiable ! Avec la Sadev ? Nous sommes à un mois des élections municipales. Désormais, « la réponse sera dans l’urne » : plusieurs riverains de la ZAC rejoignent notre liste. L’engagement de L’Avenir à Villejuif est résumé dans notre réponse au questionnaire de l’association Aragon.
A la même époque, les chefs de file des autres listes d’opposition républicaine (MM. le Bohellec, Harel, Vidal) adhèrent à l’Association Aragon et à son mot d’ordre : « OUI à la rénovation, NON aux expropriations », et viennent s’y engager devant l’Association Aragon :
Hélas ! Certains politiciens considèrent que leurs promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
Les 4 listes d’opposition, dont la nôtre, fusionnent en une Union citoyenne au second tour et remportent haut-la-main l’élection municipale. Nous décidons de ne pas donner suite à l’avis favorable pour une déclaration d’utilité publique : la DUP est caduque.
Natalie Gandais est chargée de préparer le Plan Local d’Urbanisme. Le maire négocie avec la Sadev un compromis : celle-ci accepte de vendre en bloc les « droits à construire » à un promoteur unique qui lui-même propose un programme moins dense et moins haut. Lors d’une présentation publique du programme, cette « dé-densification massive » satisfera d’ailleurs les Villejuifois et notamment les riverains. Le maire et le promoteur s’engagent à négocier avec les habitants du quartier une « co-construction » de l’avenir de leurs terrains.
En coulisse, la réalité est moins rose. Par la menace, la Sadev fait pression pour obtenir un adoucissement à la règle rigoureuse du nouveau PLU, « 25% de locatif social dans les nouvelles constructions » : elle doit seulement y « contribuer »…
Surtout, les négociations entre les petits propriétaires et le promoteur échouent. Après notre départ de la majorité municipale, la Sadev reprend la main. Le maire va-t-il défendre les habitants ? Non, il prend partie pour la Sadev, et, reniant ses promesses, décide de passer par l’expropriation.
Il lance alors, au conseil municipal du 1er juillet 2016, une nouvelle enquête publique pour obtenir une nouvelle DUP. Dans ce reniement, il est suivi par tous ses allés de la droite et du centre (dont P. Vidal) mais pas par JF Harel. Inversement, les « ex » de la liste Cordillot sont maintenant « contre ».
Cette enquête publique s’achevait vendredi dernier, le 24 février 2017.
On peut dire qu’elle n’a pas reçu une grande publicité. Un timbre poste en style administratif dans le journal Villejuif notre Ville de janvier (cherchez bien !). Rien sur les panneaux d’affichage municipaux, et la page du site internet de la Ville donnant les heures d’ouverture a disparu avant même le dernier jour. Le Parisien invite joyeusement « Venez vous exprimer au sujet du Beau Quartier Aragon » sans souligner l’enjeu de fond : oui ou non, donner le pouvoir d’expropriation à la Sadev.
Surtout, le projet de ZAC présenté par la Sadev est loin de ce qu’on avait espéré.
Censée « contribuer » à l’objectif de 25% de logements locatifs sociaux, la Sadev n’en propose … aucun.
Les 170 m2 d’équipement public du temps de Mme Cordillot étaient ridicules ? Maintenant c’est zéro.
La contribution à la construction de l’école des Réservoirs ? C’est deux fois moins que ce qu’on négocie avec promoteurs qui construisent à Villejuif en dehors de la ZAC (4000 euros par logement).
Et ça se prétend d’utilité publique ! Et ça réclame le droit d’expropriation ! Il ne s’agit plus que d’une juxtaposition d’opérations immobilières privées, certes plaisantes pour les voisins et les futurs habitants, mais en passant sur le corps des habitants actuels. Bref, nous sommes contre.
Nous donnons l’alerte, on se bouscule le dernier jour. Nous retrouvons nos amis de la lutte de 2013. Avec le commissaire enquêteur, nous feuilletons le dossier (public) des contributions : AUCUNE en faveur de la ZAC. Une contribution des riverains du passage Dupont, qui s’interrogent sur ce qui les menace. Les contributions des habitants qu’on veut expulser, qui explicitent l’échec de leurs discussions amiables. Une contribution de Mme Cordillot, contre (ouf !). Une de la CNL (confédération nationale du logement), contre. Rien du PS.
Voici les contributions de Natalie Gandais, Monique Lambert Dauvergne et Alain Lipietz.
Contribution d’Alain Lipietz
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