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24 avril 2013
Natalie Gandais

Compte-rendu du débat Prévention-Santé

Une fois de plus, la salle Radot était pleine, pour débattre avec le professeur Belpomme et élaborer des propositions en matière de santé publique. Compte-rendu.

Introduction de Natalie Gandais

Avec trois hôpitaux, un centre de recherche sur le cancer de renommée mondiale, un centre municipal de santé, 40 médecins généralistes, plus de 50 médecins spécialistes, Villejuif prétend se situer au coeur des enjeux de santé publique. Certes, on peut espérer y être soigné mieux que dans les déserts médicaux...

Mais la prévention des maladies est souvent ignorée. Le projet de Cancer Campus ne s’en préoccupe guère. Ce projet de développement urbain, économique, scientifique, autour de l’IGR, a été longuement présenté aux habitants par les élus municipaux, ainsi que par les conseillers généraux, au cours d’assises citoyennes. Un millier de nouveaux logements, des entreprises du secteur médical et pharmaceutique, de l’enseignement, de la recherche... Ainsi que la destruction des dernières terres agricoles, l’interruption de la coulée verte, les menaces sur le parc des hautes bruyères, la construction de logements en lisière d’autoroute, là où on n’avait pas encore osé le faire...

C’est une phrase du directeur de Sanofi qui a soulevé notre indignation, lors des « assises citoyennes », alors que les médecins vantaient les thérapies individualisées, quand il a lancé, tout fier, à propos des nouveaux traitements : « Vous aurez tous la chance d’en bénéficier ». Quand j’ai protesté, le professeur Lenoir a tout juste reconnu l’alcool et le tabac comme facteur de risque (mais le tabac et l’alcool existent depuis toujours !). Comme si le secteur de la recherche avait définitivement renoncé à lutter contre les causes du cancer pour le plus grand bénéfice de l’industrie pharmaceutique qui vendra de plus en plus de médicaments...

Pourtant, il y a lieu d’être effarée par l’augmentation constante des nouveaux cas de cancer depuis les années cinquante, toujours pas compensées par les progrès des traitements, par une progression de type épidémie, qu’on relie pudiquement aux modes de vie moderne comme si c’était la rançon du progrès. André Cicolella, il y a quelques années, disait qu’un homme sur deux et une femme sur trois mourrait désormais du cancer.

En guise de « prévention », les pouvoirs publics se contentent de culpabiliser les gens en évoquant des facteurs « comportementaux ». D’ailleurs, la communauté d’agglomération du Val de Bièvre organise demain une conférence avec l’IGR sur les causes « comportementales »...

Pourtant, lutter pour la santé, c’est d’abord chercher à limiter les causes des maladies ! C’est le combat du professeur Dominique Belpomme, qui a beaucoup contribué au progrès des traitement anti-cancer et antidouleur, et d’autre part qui connait bien Villejuif puisqu’il a été chef de clinique à l’IGR au début de sa carrière, aujourd’hui réputé pour sa lutte contre les causes du cancer, pour dénoncer les causes environnementales du cancer, et qui a formulé la notion de « prévention environnementale ».

D’ailleurs, lors des assises citoyennes de Cancer campus, le professeur Chauvin a rappelé la définition de la « santé publique » par l’OMS en 1952 :

« La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus, par le moyen d’une action collective concertée visant à :

  • 1 assainir le milieu ;
  • 2 lutter contre les maladies ;
  • 3 enseigner les règles d’hygiène personnelle ;
  • 4 organiser des services médicaux et infirmiers en vue d’un diagnostic précoce et du traitement préventif des maladies ;
  • 5 mettre en œuvre des mesures sociales propres à assure à chaque membre de la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de la santé ».

Qui dit causes environnementales dit aussi « action locale », c’est pourquoi nous organisons ce débat aux Ateliers de l’Avenir, car les mesures pour améliorer l’environnement sont bien souvent du ressort des pouvoir locaux, que ce soit la qualité de des repas à la cantine, la réduction des pollutions automobiles par le développement des transports en communs et des circulations douces (piétons, vélio) dans un cadre agréable, l’élimination des pesticides dans les espaces verts, la suppression des composés mutagènes et reprotoxiques dans les bâtiments municipaux (colles, moquette, mobilier en formaléhyde, divers aérosols... ).

Merci aux associations locales qui sont présentes : Agir à Villejuif, le collectif Respirons à Robespierre, et les Butineurs du Val de Bièvre, qui pourront témoigner de leurs engagements après l’intervention du professeur Belpomme.

Compte-rendu d’Agir à Villejuif

L’association Agir à Villejuif nous a autorisés à publier ici le compte-rendu qu’ils ont rédigé de ce débat, nous les en remercions !

COMPTE RENDU DE NOTRE PARTICIPATION A LA REUNION DES ATELIERS
POUR L’AVENIR DE VILLEJUIF LE 2 AVRIL 2 013

Nous étions 3 membres du bureau ainsi qu’un adhérent à la réunion de cette association, fondée par un groupe politique dans l’objectif des élections municipales de 2 014.

Notre motivation principale était d’écouter le professeur Belpomme, et éventuellement de dialoguer avec lui. Dominique Belpomme se présente comme un révolutionnaire, même si le concept qu’il développe peut sembler flou. Mais il désigne clairement les puissances financières comme obstacle aux progrès de la médecine, et plus généralement de l’amélioration de la vie humaine. En effet, il est de ceux qui pensent (il se présente même comme pionnier de cette opinion) que le cancer ainsi que d’autres pathologies ont des causes environnementales, même si les comportements des individus (tabagisme, alcoolisme) peuvent avoir un rôle favorisant. Il défend donc le point de vue selon lequel l’argent de la recherche dans ce domaine doit aller principalement, non aux améliorations de la thérapeutique, mais plutôt à la prévention, c’est-à-dire à l’élimination des causes d’agression de notre organisme dans l’environnement. Et de citer plusieurs de ces causes : métaux lourds, hydrocarbures polycycliques, particules issues des moteurs Diesel, produits phytosanitaires, insecticides et pesticides, fumées des usines d’incinération, ondes pulsées de la téléphonie mobile, phtalates, bisphénol A, etc. La liste n’est pas exhaustive.

La France se place en 14ème position dans le champ de la recherche sur le cancer, dit-il. Beaucoup de politiques et de scientifiques mettent en avant les comportements individuels, ce qui a l’avantage de ne pas s’attaquer aux causes premières des cancers, à la prévention, et de prendre les mesures nécessaires. Seul compte le primat des intérêts financiers. Les médecins qui défendent un vrai point de vue scientifique ne sont ni écoutés ni lus par les politiques. D’ailleurs, sur 100 articles traitant de la recherche en cancérologie, 70 proviennent des USA, 15 de l’Angleterre et les 15 restants des autres pays du monde, dont la France.

Nous avons posé la question du lien entre les ondes électromagnétiques et le cancer. Il confirme la position de Robin des Toits sur l’augmentation prouvée des tumeurs cérébrales et sur l’envolée de la maladie d’Alzheimer, les deux directement liée aux ondes pulsées, et des leucémies chez l’enfant provoquées par l’effet des basses fréquences. Il dénonce ce crime contre l’humanité, et n’hésite pas à dire que nous sommes à la veille d’un fléau sanitaire majeur.

Les organisateurs nous ont proposé de présenter notre association et ses travaux, ce que nous avons fait en n’oubliant pas de mentionner notre indépendance par rapport aux groupes politiques, et donc le fait que notre présence ne valait pas soutien à leur démarche en vue des municipales.

Une autre association était également invitée à s’exprimer, celle des riverains de la ZAC Aragon, qui nous avait sollicités lors de la destruction de l’ancien bâtiment EDF. Ils étaient en effet inquiets de l’éventualité de la dissémination d’amiante dans l’environnement, d’autant que nombre d’entre eux souffraient de manifestations allergiques et de troubles respiratoires. Nous leur avions alors conseillé de faire effectuer par un laboratoire indépendant une analyse des poussières issues du chantier. Mais leur intervention a commencé par un réquisitoire contre notre association, accusée d’être peu réactive et de ne pas leur avoir fourni les renseignements précis qu’ils attendaient de nous. Nous avons réagi vigoureusement pendant leur intervention, puis, au cours de la nôtre, avons remis les choses au point en regrettant leur attitude vindicative que rien ne justifiait. Le public présent nous a manifesté sa sympathie.

Nous avons d’ailleurs fait une adhésion à cette occasion et avons distribué plusieurs cartes de visite de l’association.

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