Accueil > Actualités > Réponse mi-figue mi-raisin des élus socialistes de Villejuif à notre lettre (...)
En gros ils refusent notre offre de tourner la page, s’entêtent dans la défense de la gestion Cordillot, mais tendent la main quand même.
Les élections de mai et juin 2017 à Villejuif étaient mauvaises pour la gauche et les écologistes, la municipalité est en crise, la droite autour de F. le Bohellec ne représente plus que 11% des Villejuifois… Nous devons dialoguer avec les forces de gauche, y compris avec le PCF et le PS, sans passer sous silence le bilan des municipalités Cordillot, pour autant qu’il faudra bien envisager… l’avenir à Villejuif.
Problème : des militants de ces partis, la plupart anciens de l’équipe Cordillot (mais pas tous !), sont en contentieux avec nous. Trois mois après leur défaite aux municipales de 2014, se saisissant de quelques phrases de notre site ou de celui d’EELV, ils nous ont intenté un procès en diffamation. Des phrases qui rappelaient simplement « ce que tout le monde disait à Villejuif » à la veille de ces élections, et qui expliquaient la défaite de l’équipe sortante. Au lieu de répondre par le forum des sites internet, ces personnes réclamaient de Natalie Gandais et de moi, devant la justice, l’équivalent de 34 ans et demi de smic net ! A ce prix, qui oserait encore critiquer la municipalité Cordillot ?
Le procès en première instance nous condamnait, pour insuffisance de preuves, bien moins sévèrement : 5 ans de smic quand même, ce qui restait une forme de censure contre la critique. Et il nous obligeait à publier la condamnation dans la presse. Choqué par cette atteinte à la liberté d’expression dans les débats sur la gestion des biens publics, notre avocat, Me Henri Leclerc, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme, nous a pressés de faire appel.
Le jugement en appel leur accorde encore moins : 17 800 euros = un an et 3 mois de smic, ce qui a sérieusement paralysé notre expression publique hors internet. Mais surtout ce jugement en appel ne demande plus de publication dans la presse, ne nous demande même pas de retirer nos phrases de nos sites, et déboute carrément le PS de sa plainte contre moi. Bref il rétablit la liberté d’expression dans la critique du mésusage des biens publics… pour un coût assez élevé, mais plus faible que celui d’un procès en cassation et à la Cour des Droits de l’Homme de Strasbourg : c’est pourquoi Me Leclerc nous a conseillé de nous en tenir là.
Comment avoir des relations politiques normales avec ces personnes, qui occupent toujours des positions importantes dans leur parti ? Cela rend très difficile la reprise d’un dialogue qu’espèrent de nombreux militants ou électeurs de ces partis (qui n’ont pas approuvé ces procès). Que faire ?
Seul moyen d’avancer : « fumer le calumet de la paix ». Nous avons réglé une partie de la somme demandée (ce qui devrait largement couvrir les frais d’avocat). Nous avons donc écrit aux plaignants, avant les vacances, pour leur suggérer de laisser tomber le reliquat, afin de pouvoir reprendre un dialogue apaisé. Et nous avons rendu publique notre lettre ici.
Les plaignants socialistes sont les seuls à avoir répondu. Un bon point ! Les communistes n’ont pas répondu « non », ils ont répondu… rien. Voici la réponse des socialistes :

Cette réponse n’est pas facile à interpréter.
La conclusion est entièrement positive : volonté de reprendre le dialogue et de lever les incompréhensions en « dépassant les postures ». Très bien !
Malheureusement, cette lettre fige la posture du PS… au mois d’aout 2014. En avril et début mai 2014 (date des phrases incriminées), sonnés par leur défaite aux municipales, les socialistes n’y avaient répondu ni sur nos forum ni sur leur propre site. Ce n’est que fin juillet 2014 qu’ils s’étaient estimés gravement offensés et avaient choisi de nous attaquer en diffamation, comme s’il leur avait fallu tout ce temps pour trancher un débat interne : « il n’y avait rien à redire à la gestion de Mme Cordillot, et nous en sommes entièrement solidaires. »
Significatif est le troisième paragraphe (« Tout d’abord … »). Il rappelle, avec indignation, ce que mon texte résumait des reproches de la population à la politique des communistes villejuifois… Mais ils reconnaissent, dans la dernière phrase, que la Cour d’appel a démontré que ces reproches ne les concernaient pas, eux, socialistes. La justice les a donc déboutés de leur plainte à mon égard.
Pourquoi alors recopier ces reproches dans leur lettre ? Et même les aggraver ? Personne n’a accusé l’ancienne équipe d’être impliquée dans des trafics encore plus criminels que le trafic de stupéfiants. !!
Ce que la population reprochait aux communistes (et Mme da Silva le reconnaissait dans un texte publié en 2012 par une revue communiste !), c’est de laisser faire les trafiquants (lesquels ne font pas que du trafic de drogue, en effet : voir le diagnostic d’une spécialiste du ministère du Logement) pour avoir la paix dans certains quartiers.
Le paragraphe suivant enfonce le clou : même si nos reproches ne visent qu’une certaine dérive communiste depuis les années 70, et pas eux, les socialistes, ce serait une attaque contre leur honneur, à eux socialistes qui se sont tellement dévoués quand ils participaient aux municipalités Cosnier et Cordillot. Ainsi les rédacteurs de la lettre se figent dans une posture de soutien total et inconditionnel à ce qui se passait à l’époque.
Les Villejuifois sont invités à en conclure que, s’ils reviennent au pouvoir avec le PCF, ce sera la restauration intégrale de la gestion Cordillot… Car ce serait nous qui aurions diffusé ces « rumeurs infondées » dans la population, et grâce à notre force de conviction aurions convaincu 67 % des électeurs villejuifois de voter contre la reconduction de l’équipe Cordillot !
Ces socialistes voudraient assurer la réélection de M. le Bohellec en 2020, éventuellement en alliance avec les macroniens, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Rappelons d’ailleurs que 3 d’entre eux avait déjà choisi de consacrer leur tribune dans Villejuif Notre Ville d’avril dernier, à un mois des élections, à taper sur nous, alors que les écologistes et eux étaient censés soutenir le même candidat, Benoit Hamon ! Suicidaires ?.
Puisque la justice les a déboutés, les rédacteurs ne peuvent s’en prendre à moi, donc ils se retournent contre une phrase minuscule condamnée dans un article de Natalie Gandais, relatif à un cas précis, au tout début de son mandat, tour Vercors : ce n’était qu’après sa ferme intervention, puis celle du maire, que le commissariat, comprenant que la politique avait changé, avait accepté d’intervenir contre des dealers.
L’acharnement de ces socialistes est d’autant plus choquant qu’un militant (non élu) du PS de Villejuif nous avait dit : « Ils font ce procès pour laver leur honneur, car chacun sait qui protégeait ces délinquants, et nous n’y étions pour rien. » Lors du procès en appel, Natalie Gandais s’était donc excusée, précisant sa phrase et disculpant le PS. Malheureusement, le plaignant socialiste à l’audience avait démenti son camarde : « Non, nous sommes totalement solidaires avec les communistes. »
Eh bien, que les choses soient claires : quand nous participerons à une majorité progressiste à Villejuif, nous ne cautionnerons pas de telles pratiques.
Ils réclament à Natalie Gandais un paiement « au plus vite », tout en se vantant de n’avoir exigé qu’un euro symbolique, alors qu’elle est quand même condamnée à leur verser 2 400 euros, (voir le détail de la « facture » ici pour leurs frais d’avocat. Nous avons déjà versé bien plus (c’est une institution, la CARPA, qui répartit nos versements entre les différent plaignants). En tout état de cause, c’est le PS qui a choisi de consacrer son budget à ce procédé dispendieux, au lieu de répondre gratuitement sur notre site et sur le leur. Pour ce prix, on peut faire imprimer et distribuer un tract de 4 pages !
Curieusement, dans leur réponse, les socialistes cherchent ensuite à raviver une distinction entre EELV et nous, oubliant que les dirigeants EELV qu’ils avaient rameutés contre nous (Jean-Vincent Placé et Emmanuelle Cosse) et récompensés par un poste de ministre, ont quitté EELV…
« Enfin », avant-dernier paragraphe, ces socialistes réaffirment leur position sur l’affaire de la Halle des Sports. A l’époque, seuls de tous les partis d’opposition (y compris le PCF, malgré l’opposition de Mme Cordillot), le PS avait refusé de prendre connaissance du dossier. Ils reprochent à Natalie Gandais de ne pas avoir démissionné quand elle a acquis la certitude de manoeuvres de favoritisme de la part de certains élus de droite, et d’avoir attendu d’être destituée par le conseil municipal (voir ici le discours de Natalie Gandais). Pourtant, la jurisprudence Cahuzac et Thévenoud de leur propre gouvernement socialiste était alors claire : c’est l’auteur soupçonné du délit, et non le « lanceur d’alerte », qui doit démissionner.
Que les choses soient claires : le jour où nous participerons à une majorité progressiste à Villejuif, si nous découvrons des cas de favoritisme ou de corruption, nous demanderons au suspect de se démettre, sans attendre la décision de la justice, comme pour Cahuzac. La probité n’est pas négociable.
Bref, nous sommes heureux que les socialistes acceptent la réouverture du dialogue, mais en effet il y aura des « incompréhensions » à lever. Car les Villejuifois ne comprendraient pas que subsistent des ambiguïtés sur d’aussi graves sujets.
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