Le candidat sortant, F. le Bohellec, a essayé, les dernières années, de séduire quelques leaders des quartiers populaires par des promesses de postes (et en effet l’attribution de quelques postes de la municipalité). Cette tactique s’est effondrée ces deux dernières semaines :
  Parce que le problème du clientèlisme est qu’il fait des jaloux, y compris d’un quartier contre un autre.
  Ceux qu’il a séduit dans un premier temps étaient souvent issus de familles maghrébines dont la religion des parents est l’islam. Mais le déchainement de l’islamophobie dans les rangs des partisans du candidat sortant, aggravé par le soutien officiel « à titre personnel » du Rassemblement National , a fini par écœurer ces recrues. Aujourd’hui vendredi, toute la jeunesse des quartiers populaires est remontée contre le maire.

Vis à vis des « bobos », souvent de jeunes parents refluant de Paris , le candidat sortant a cru pouvoir agiter de la verroterie « écologique ». Problèmes : ces classes moyennes éduquées voient plus loin que le bout de leur nez, et ont très bien compris la contradiction entre la politique systématique de densification, d’arrachage des arbres, de refus de la nourriture bio dans les écoles pendant des années, et les promesses électorales de dernière minute. Désaccord aggravé par le mépris dans lequel le maire sortant a traité les associations de parents d’élève. On a vu ainsi plusieurs animateurs/trices de la liste LaREM, des centristes élus en 2014, et même le leader local du Modem, appeler à voter Pierre Garzon

Enfin, le candidat de la droite a cru pouvoir consolider son influence dans les « beaux quartiers » par des travaux de voirie aussi tapageurs qu’illégaux (l’emprunt illégal de 10 millions contracté en novembre pour payer le « contrat Fayolle » lui-même à la limite de la légalité). Mais la découverte de la ribambelle de casseroles judiciaires ébranle ce préjugé favorable : la campagne électorale s’achève par une circulaire pathétique du candidat sortant : « Mon casier judiciaire est vide ! ». Comme individu c’est vrai (pour le moment), comme maire il est de multiples fois condamné, or c’est un maire qu’on va élire !

En face, la fraternisation la plus problématique était entre les écologistes et le parti communiste . Elle s’est passée de manière étonnamment rapide. Curieusement, ce sont les habitants des quartiers populaires qui ont signifié à Pierre Garzon que « ça n’allait pas du temps de Cordillot ». Au point que les candidats communistes ont dû promettre « Nous avons compris le message de 2014 ». De toutes façons, la fusion à la proportionnelle fait qu’aucun parti ne sera hégémonique dans la prochaine mandature. Sur les 9 premiers de la liste « Tous ensemble pour Villejuif », il y a 2 communistes, 2 EELV, 2 socialistes, 1 Générations (hamonistes). Puis ça recommence par série de 9…

Enfin le progrès de l’écologie dans toute la population est énorme. Lors de la dernière rencontre « pieds des HLM », ce soir aux Lozaits, ce sont les petites filles qui ont soulevé la question de l’écologie, et qui après couraient pour interroger « la dame de l’écologie », c’est à dire Natalie Gandais.

Soulignons pour finir la très grande qualité d’écoute du futur maire Pierre Garzon et la véritable joie de tous (communistes, socialistes, écologistes, Insoumis, citoyens) de se voir enfin rassemblés , pour la première fois dans l’histoire de Villejuif…

Reste un seul risque : l’abstention dûe à la crainte du Covid… Mais cette fois toutes les précautions sont prises !!

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Post scriptum : Les effets de l’abstention au premier tour.

En mars la crainte du coronavirus était légitime, ce premier tour n’aurait jamais dû être organisé. Or ce sont justement les électorats LaRem et Verts, les deux courants politiques principaux de Villejuif, mesurés aux élections européennes (20% chacun), qui se sont le plus largement abstenus, parce qu’ils étaient les plus conscients du danger.

Une étude statistique de Kevin Parra l’a montré : plus un bureau de vote villejuifois a voté écologiste ou LaREM en 2019, plus ce bureau de vote s’est abstenu le 15 mars. Plus précisément : quand un bureau a donne 2% de voix de plus à Jadot, l’abstention y est 1% plus forte. C’est vrai aussi, mais trois fois moins, pour les électeurs socialistes. En revanche les bureaux à fort électorat communistes se sont mobilisés davantage aux élections municipales qu’aux européennes :

Le coût a été terrible pour les écologistes : la moitié de leurs électeurs ont estimé plus sage, et avec raison, de se confiner tout de suite.

Ce qui a mécaniquement fait monter le score (en %) des autres partis, la droite et le PCF. Et dans les bureaux de vote où les électeurs progressistes votaient le plus "Jadot" en 2019, cette progression "par abstention" a profité essentiellement à le Bohellec.

Donc : plus un bureau de vote a voté Jadot en 2019, plus il a semblé donner sa préférence à le Bohellec en mars 2020. Ce qui a fait dire à certains socialistes, qui ne comprennent pas grand chose aux corrélations statistiques, que la moitié des votes Jadot étaient des votes de droite !! Alors que justement les électeurs Jadot qui se sont abstenu le 15 mars n’exprimaient par définition aucune préférence du tout. Mais ce faisant ils ont laisser les votes "le Bohellec" occuper la place.

En fait, si électeurs votent dimanche 28 juin avec le même taux d’abstention qu’en 2014 il y aura 5000 électeurs de plus, soit plus que les 43 % de F. le Bohellec !!

Bref , comme le dit Natalie Gandais dans sa lettre aux quartiers votant le plus écologiste, s’abstenir, c’est voter le Bohellec.

Voter ne demandera pas un courage héroïque. Nous sortons du confinement. Toutes les barrières de protection ont été apprises, intériorisées, et seront respectées dans les bureaux de vote. Toutes les précautions seront prises.