Accueil > Actualités > La politique culinaire de F. Le Bohellec
Le procès intenté par La Grande Ourse en tribunal administratif oblige à préciser la « politique culinaire » du maire de Villejuif.
La Grande Ourse attaque notamment le refus systématique de toute éducation à la nourriture saine, bio, moins carnée, goûteuse et moins chère, en direction des habitants des quartiers prioritaires de la Politique de la Ville.
« Systématique » ? Je n’ai pas joint à mon compte-rendu d’audience de vendredi dernier les preuves correspondantes. Les voici : occasion de revenir sur l’étonnante « politique culinaire » de F. Le Bohellec.
Car oui, en tant que maire, appuyé par un « conseil politique », il prétend dicter aux Villejuifoises, Villejuifois et leurs enfants une politique culinaire assez… disons particulière, à contre-courant de ce que toute la médecine et les autorités sanitaires plaident en ce moment.
Ça a commencé quand, peu avant le Salon#Bon organisé par Olivier Chaput, le chef de l’excellent restaurant Show Devant, il a fait écrire, par une maire-adjointe, qu’il refusait de transmettre le dossier présenté par La Grande Ourse pour obtenir une subvention, non pas de Villejuif, mais du Grand-Orly-Seine-Bièvre. Voyez ici notre article à ce sujet et la lettre de la maire-adjointe (Fadma Ouchard).
Selon cette lettre de refus, la nourriture bio, bonne, moins carnée et pas chère n’est pas compatible avec une mystérieuse « démarche éducative en matière alimentaire » de la municipalité Le Bohellec. Mais quelle démarche ? On le verra plus loin.
Puis, quand il y a eu renouvellement du contrat de restauration scolaire de la Semgest, le maire refusa d’augmenter la part du bio pour nos écoliers, arguant que le niveau visé avec le contrat conclu sous le mandat de Mme Cordillot était bien suffisant (36%) et déjà supérieur au seuil légal.
Pour info : dans les villes gérées par un maire écolo, on atteint déjà les 60 % (Grenoble) et parfois 100% (La Grande Synthe…)
Par la même occasion, F. le Bohellec concéda un repas par mois d’initiation à la nourriture végétarienne.
Pour comprendre ce dernier point, il faut remonter à 2013. Natalie Gandais, présidente de L’Avenir à Villejuif, travaillait alors à l’Agglomération Plaine Centrale (Créteil etc). En charge de la restauration scolaire, elle avait observé que 38% de la viande était non-consommée par les enfants (et donc jetée), pour des raisons diverses : parce que manger de animaux les choque, ou en raison d’interdits religieux, ou parce qu’ils n’aiment pas ça, peu importe. Elle a mis au point un système de menus alternatifs permettant de choisir chaque jour un repas avec ou sans viande. Et c’est toujours en place (voir les plats de protéines avec un point rouge), à la satisfaction générale (et aux félicitations de Télérama !), car ces économies faites sur le gaspillage de viande ont permis d’augmenter considérablement la part du bio sans augmentation de prix.
Mais ce n’était pas le cas à Villejuif. La viande était systématiquement mise dans les assiettes des mômes (et donc souvent gaspillée). Quand une maman villejuifoise demanda qu’au moins on ne mette plus la viande dans l’assiette, nous l’avons soutenue. Catastrophe ! elle portait un foulard ! Aussitôt, tous les candidats, de F. Le Bohellec (LR) à C. Cordillot (PCF), en passant par le PS et ses dissidents (P. Vidal, futur LREM), se déchainèrent contre la malheureuse au nom d’une laïcité mal comprise.
Nous avons organisé un débat public pour expliquer ce qu’est la vraie laïcité, définie par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (article 18) et la loi de 1905 (article 1) : la République garantit à chacun la liberté de conscience et la possibilité de pratiquer ses rites en public.
Quand l’Union citoyenne fut élue en 2014, nous avons obtenu qu’au moins on ne force plus les enfants à manger de la viande… mais n’avons pu obtenir qu’on leur offre une alternative protidique végétarienne.
Aujourd’hui, après des années de batailles des écologistes et des médecins, les directives de l’État vont jusqu’à imposer de faire découvrir aux enfants un menu végétarien par semaine à la cantine, et toutes les municipalités vont devoir s’y plier… y compris F. Le Bohellec.
La lutte du maire contre le bio et les plats végétariens se concentra bien sûr sur les plus démunis, habitants des quartiers prioritaires (QPV).
Il y eut d’abord le refus d’une salle de la MPT Gérard Philippe à La Grande Ourse, sous des prétextes vaseux : c’est l’objet de notre procès, je n’y reviens pas.
Ce fut ensuite l’affaire des Atelier Socio-Linguistiques, service de la Ville en direction des primo-immigrants. Ils eurent le malheur de demander à La Grande Ourse d’organiser un atelier de cuisine. Quelques jours avant la date prévue, alors que tout était prêt, le maire intervient à nouveau (par l’intermédiaire de la Direction de la citoyenneté) : on annule tout, toujours sous un prétexte vaseux : « On prépare une autre politique pour ces quartiers », pas question de s’occuper des primo-immigrants.
En juin dernier, la politique culinaire du maire de Villejuif opère une démonstration à Mermoz, dans un QPV, pour une « Fête de la jeunesse ». Devant un grand barbecue, F. Le Bohellec lui-même, en bras de chemise, ravi, et sans gants, distribue à tours de bras des sandwichs aux merguez. Une fois encore, les services ont commis l’erreur d’inviter La Grande Ourse. Le maire lance des regards furibards aux Oursonnes, et quelques minutes plus tard une agente, fort gênée, vient leur dire que malheureusement il n’y a plus de table pour La Grande Ourse.
Peu importe : l’association est parfaitement autonome et dresse aussitôt son stand, tables, chaises, parasols, repas, boissons. On est en pleine canicule, mais le maire n’a pas songé à une prise ou une réserve d’eau. Étouffant, les enfants se précipitent vers notre stand pour supplier à boire. La Grande Ourse pallie comme elle peut à l’incurie du maire. Les restes des sandwichs bourratifs remplissent les poubelles…
Et à nouveau, en 2019, la mairie refuse de transmettre une demande de subventions pour la Grande Ourse, dans le cadre de la Politique de la Ville. Cette fois, les administrations de l’État, du Département, du Territoire Grand Orly Seine Bièvre se mettent en 4 pour subventionner quand même la Grande Ourse, dont l’utilité publique a fait ses preuves !
Alors que les « mémoires » de notre procès étaient déjà échangés, un incident nouveau est survenu, c’est celui que j’ai raconté à la fin de ma plaidoirie au tribunal de Melun. Il s’agit du traditionnel Forum de rentrée des associations, le mois dernier. La Grande Ourse s’apprête à y servir sa fameuse « assiette méditerranéenne », ses cakes à la carotte et autres tartes aux pommes. C’est alors qu’elle reçoit l’incroyable message, adressé par la Direction de la citoyenneté (bien sûr sur ordre du maire), à elle et à l’association Les enfants cuisinent (qui organise le Salon#Bon), c’est-à-dire aux deux associations villejuifoises militant pour la nourriture de qualité. Message qui révèle enfin quelle est la « politique alimentaire » prônée par F. Le Bohellec pour les petits et pour les grands :
Oui, vous avez bien lu : "aliments sucrés" obligatoires, et seuls autorisés. Et c’est un ordre du mystérieux « comité politique ». Nous comprenons mieux la mine repue que Monsieur le Maire affiche sur les panneaux de nos villes. Pour éviter tout incident vasculaire-cérébral, La Grande Ourse s’éxécute en présentant ses excuses à ses amateurs fidèles :
L’Union européenne peut bien proclamer « l’obésité : grande cause de santé publique », l’État peut dépenser des millions en messages télévisés « Mangez moins sucré, moins salé, moins gras ». Telle n’est pas la politique de la majorité municipale. Avec elle, Villejuif se révèle : on y mange sucré.
Qu’on se le dise !
1 Message
11:27
5%
C’est la part du budget de la santé en France qui est consacrée à l’obésité.
Selon l’OCDE, 1 adulte sur 5 en France est obèse.
On fait quand même mieux que nos voisins.
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