Accueil > Actualités > Révolution dans les poubelles jaunes
Le Parisien revient à la charge, le Grand Orly Seine Bièvre vote l’accélération du « tri étendu ». Changeons (et simplifions) nos habitudes, et il n’y aura bientôt presque plus de déchets à incinérer.
Nous avons déjà discuté ici du « scandale » révélé par Le Parisien du 12 mars : depuis mai 2018, il existe une usine de « tri étendu ». On peut mettre désormais dans les « bacs jaunes », à recycler : les plastiques, emballages papier-carton, boites de conserve en fer-blanc, sacs plastique, pots de yaourt, même tordus, déchirés, chiffonnés, du moment que c’est à peu près propre et pas emboités les uns dans les autres. Et personne ne nous l’avait dit ! Du coup, 1000 tonnes de déchets devenus recyclables ont été jetés dans les bacs verts ou marrons, ceux qui partent vers l’incinération.
Le tri « étendu », c’est pourtant :
Beaucoup plus simple : avant, il fallait ne jeter dans le bac jaune que des papiers, bouteilles plastiques ou des emballages en bon état, maintenant on peut y jeter tout ce qui n’est pas périssable.
Beaucoup mieux pour la fin du monde : moins d’incinération, c’est moins de gaz à effet de serre qui dérèglent le climat.
Un peu mieux pour la fin du mois : théoriquement on va pouvoir baisser la Taxe d’enlèvement des Ordures Ménagères.
Beaucoup mieux pour notre fin de vie : moins d’incinération, c’est moins de pollution locale…
Voici le tract par lequel la Ville de Paris, elle, a prévenu sa population, qui montre les « nouveautés » du tri étendu :
Hier mardi, Le Parisien revient à la charge, discutant des responsabilités respectives des uns et des autres : le Grand Orly Seine Bièvre, qui organise la collecte, le Syctom, qui brûle les ordures ménagères ou les trie en vue du recyclage, le Citeo qui collecte la taxe éco-emballage et est censé subventionner le tri et le recyclage.
Pas grand-chose de nouveau par rapport à notre analyse du premier article : le Grand Orly Seine Bièvre a besoin de l’argent du Citeo, le Syctom ne souhaite pas accélérer le mouvement parce qu’il veut d’abord montrer que la reconstruction de l’usine d’Ivry serait nécessaire, les maires sont les premiers coupables car ils ont tous les moyens de faire connaître dans leur presse, sur leurs affiches publiques, la « révolution des bacs jaunes ».
Oui, il s’agit d’une petite révolution. Nos lecteurs, ou ceux du Parisien, qui savent désormais qu’on peut jeter dans le bac jaune presque tout ce qui n’est pas putrescible, ont pu en faire l’expérience. Si en plus on met au compost les épluchures et les restes de nos repas, alors il n’y presque plus rien à mettre dans la les bacs marrons (en collectif) ou vert (en pavillon) : que les arrêtes de poisson et les épluchures d’orange et de citron trop acides pour le compost ! C’est-à-dire qu’il ne reste plus grand chose à incinérer, presque tous nos déchets passent au recyclage ou en compost..
Et donc on n’a plus besoin de reconstruire l’incinérateur à Ivry. Comme l’avait annoncé le Collectif 3R.
Il est donc compréhensible que le maire de Villejuif, défenseur acharné (pour des raisons qui lui sont propres) de l’incinérateur d’Ivry, au point de faire pression sur la droite d’Ivry (laquelle était contre), n’ait fait publier aucune information sur les nouvelles règles du tri dans Villejuif Notre Ville.
Un mot à ce sujet. Suite à notre premier article, une habitante de Ivry travaillant à Villejuif a protesté que le maire d’Ivry fait largement la publicité du tri étendu . Désolé si notre article a pu faire croire le contraire. Mais il est tout à fait possible, pour un maire, d’être en même temps pour le tri et le recyclage chez lui (c’est moins cher pour sa ville que l’incinération), et en même temps pour l’incinération des ordures des autres… s’il veut garder chez lui une usine d’incinération qui lui rapporte encore un peu de taxe professionnelle (mais très peu d’emplois, par rapport à la surface consommée).
Le même jour, réunion du Conseil Territorial du Grand Orly Seine Bièvre. C’est maintenant un peu tendu, car la droite se comporte en opposition politique, alors qu’elle était alliée au PCF pour réduire le GOSB à une simple « coopérative de maires ». Gros débats par exemple sur le budget : la droite hurle contre la minuscule augmentation de le CFE (un petit bout de l’ancienne taxe professionnelle), sous prétexte que cela va diminuer la compétitivité de notre Territoire par rapport aux autres Territoires de la Métropole Parisienne. Le président du GOSB a beau jeu de leur citer les chiffres : le taux de CFE reste dans la moyenne de la Métropole…
Et on en vient aux ordures ménagères. Deux premiers rapports portent respectivement sur le Plan Régional Déchets et le Plan Déchets de notre territoire. Notre camarade Pierre (écologiste d’Ivry) les a lus attentivement, voici les notes qu’il nous a communiquées :
Il prend la parole, longuement, rationnellement, nous recommande voter contre le Plan régional, qui est nul, et pour le plan du territoire, qui est perfectible. La gauche écoute poliment, la droite ricane. Et comme du coup elle n’a rien compris, elle s’abstient sur le rapport régional, donc sur le plan « de Mme Pécresse » (présidente LR de la Région), à l’exception de F. le Bohellec, qui est aussi conseiller régional et qui vote « pour ». Alors que la gauche vote également « pour » (parce qu’elle s’en fiche), sauf les Verts qui votent « contre » (parce qu’ils savent que les déchets sont en train d’envahir la Planète et que le plan régional ne propose rien des sérieux). Puis tout le monde vote « pour » le plan territorial.
J’interviens sur le 3e rapport, par lequel le Grand Orly Seine Bièvre approuve un accord avec Citeo sur la mise en œuvre accélérée du tri étendu. J’insiste qu’il ne s’agit pas seulement de financer une campagne d’information. On va avoir trop de poubelles vertes ou marron, et pas assez de poubelles jaunes ! Le GOSB va devoir en racheter, ou les ramasser plus souvent.
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