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Conseil municipal du 29 mai 2018 (3)
Le maire remplace la Charte des associations par un « règlement » totalement arbitraire, qui le place sous son contrôle. Il supprime les subventions pour ATTAC et pour la FCPE.
« A peine j’ai le dos tourné ils cassent tout » écrivait Sylvie Thomas, notre représentante dans l’exécutif de feue l’Union citoyenne, en charge du mouvement associatif, juste après notre départ suite à l’affaire de la Halle des Sports. Elle ne croyait pas, hélas, si bien dire. La Charte des associations est remplacée d’autorité par un règlement destiné à museler les associations, politiques ou non. Et la commission paritaire des associations est désavouée : le MRAP et la FCPE sont désormais privées de subvention !
Sylvie Thomas était parvenue à obtenir un consensus pour une Charte des associations, « établissant la transparence avec des critères pour l’attribution des subventions et des aides en nature (salles, transports...)"
La voici :
Une Commission paritaire consultative était chargée d’établir la répartition des subventions. Quant aux salles, la règle était simple : « La Ville les met gratuitement à la disposition des associations en fonction des disponibilités. » Dans la pratique, les associations par nature hebdomadaires comme l’AMAP avaient une salle par semaine, les autres associations (politiques ou non) avaient droit à une petite salle (Radot, Cardin) une fois par mois et une « grande » par semestre (Salle de la médiathèque, MPT Gérard Philippe et Jules Vallès). Et pendant les campagnes électorales, autant de salles que voulu pour chaque candidat, y compris les réfectoires des écoles (ce qui était déjà le cas du temps de Mme Cordillot, par contre notre liste n’avait pas droit à Gérard Philippe). Cette Charte, mise à jour en octobre 2017, était affichée sur le site de la ville.
Dès notre départ de la majorité, les choses se sont vites gâtées. Le redoutable trio F. le Bohellec (maire) – C. Casel (maire adjointe aux associations) – J. Mostacci (délégué aux associations) a commencé l’offensive dès mai 2016 en prétendant exclure 4 associations des fêtes de la Ville. En 2018, le trio commence à s’affranchir de la Charte et à accorder les salles en fonction d’obscurs calculs politiciens. La salle de la médiathèque est accordée à La France Insoumise et à Agir à Villejuif, mais refusée à ATTAC. La MPT Gérard Philippe est refusée à La Grande Ourse. Des recours sont présentés en tribunal administratif, mais celui-ci affiche… deux ans et demi de délais.
Enhardis par ces lenteurs de la justice (les élections municipales c’est dans deux ans, après ça… le déluge), le trio passe à l’offensive en ce conseil municipal du 29 mai.
Au détour d’un rapport 18-05-305 sur la tarification des salles municipales pour les organisations lucratives, le maire annonce benoîtement :
"Le Maire, par arrêté́, établira un règlement d’octroi et d’utilisation des salles communales, mais désire en informer le Conseil Municipal.". Voici ce règlement (qui donc se substitue à la Charte des associations, laquelle dès le lendemain a disparu du site internet de la Ville) dont que le maire « désire informer le conseil municipal » :
Comme on le voit :
Les grandes salles disparaissent (explicitement pour la médiathèque, implicitement pour les MPT). On ne parle plus que des salles Radot et Cardin, impropres à projeter des films, jouer des pièces de théâtre, etc.
Même en période électorale, les candidats n’auront droit qu’à Radot et Cardin, 3 fois chacune.
L’Union citoyenne s’était formée parce que la gestion des M. Cosnier ou de Mme Cordillot était perçue comme un étouffoir pour toutes les associations et groupes politiques qui ne faisaient pas partie de leur majorité. M. le Bohellec, ayant rompu avec tous ses alliés, fait bien pire.
Probablement on utilisera encore la médiathèque, les MPT. Quand Monsieur Le Maire le voudra bien…
On passe au rapport 18-05-306, « Subventions aux associations ». Stupeur : plusieurs associations habituellement subventionnées, pour lesquelles la Commission partiaire des associations avaient recommandé de reconduire la subvention, n’ont plus rien ! C’est le cas de l’Union locale Villejuif de la Fédération des Conseils de parents d’Élèves, et du MRAP de Villejuif.
Face aux virulentes critiques, c’est le maire adjoint Édouard Obadia qui répond :
« La Commission n’est que consultative. Notre majorité a décidé de ne plus subventionner les associations qui ne travaillent pas pour l’intérêt des Villejuifois ! »
On ne va pas revenir sur l’épluchage de ce genre d’argument, qu’avait déjà donné ici-même Sylvie Thomas. Mais là, le choix des cibles est un véritable scandale.
Donc, selon la « majorité », il n’est pas de l’intérêt des Villejuifois qu’ existe à Villejuif un Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et pour la Paix ? Car bien sûr il n’y a pas de racisme dans Villejuif, pas d’antisémitisme ? Admettons même !!! Mais les Villejuifois, quand ils vont travailler, faire des courses, faire la fête dans d’autres villes, ne se heurtent jamais à de l’antisémitisme ou au racisme ?
Ce n’est pas l’avis de Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme. Dans son rapport de mai dernier elle observe certes une stabilisation du niveau du racisme et de l’antisémitisme qui restent « inquiétants », mais note une aggravation des actes violents.
De qui se moque la majorité ? Cherche-t-elle a se concilier les voix des racistes et antisémites pour 2020 ?
Le plus stupéfiant est l’attaque contre les parents d’élèves.
Jusqu’ici, le maire et l’adjointe aux écoles Mme Ouchard reconnaissaient une complémentarité entre les actions des parents d’élèves et leurs propres démarches d’élus auprès de l’Inspection académique, notamment contre les fermetures de classes. C’est fini. Pour le maire dorénavant, la FCPE n’est pas une organisation au service des parents et des enfants villejuifois.
La rupture a probablement eu lieu avec l’affaire de la maternelle Karl Marx, puis le déclenchement du mouvement de ce printemps contre la fermeture des maternelles : le maire bloque l’action des parents pendant les « Nuits des écoles » de mars dernier.
Résultat : 7 classes de maternelle vont être supprimées à Villejuif en 2018. Dans la ville voisine, Arcueil, où le maire (écologiste) soutient au contraire les parents qui occupent les écoles, l’Inspection académique recule : les maternelles ne sont pas supprimées !
Quel intérêt aurait le maire à une défaite des parents et de leurs enfants ? Eh bien tout simplement que, si l’État fournit et paye les instit’, c’est la mairie qui construit et paie les écoles. Or, même avec l’École des réservoirs, Villejuif va se retrouver en déficit de salles de classe dès la rentrée 2018 et ça va s’aggraver.
Construire de nouvelles écoles ? Et alors, quels terrains resteraient-il aux promoteurs ? Même quand la Sadev accepte de subventionner deux écoles sur la ZAC Campus Grand Parc, le maire fait la sourde oreille : il n’en fera qu’une… S’il est encore là.
Logo extrait de : Hercule combattant l’Hydre (associatif ? )
Le compte rendu du conseil municipal du 29 mai 2018 est en 4 parties.
1. Le problème du lycée privé n’est pas qu’il est catholique…
2. Tournant autoritaire pour préparer les municipales
3. L’offensive contre le mouvement associatif et les parents d’élèves
4. La droite vote pour la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry
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