Comme souvent, le conseil municipal débute par des passes d’armes sur les « décisions prises par l’exécutif » entre deux conseil municipaux, décisions dont il doit rendre compte. Cette fois, plusieurs pages de décisions sont consacrées à des « conventions » accordant de nombreux biens immobiliers de la Ville (des boxes et même des pavillons), pour des loyers dérisoires, à une série de personnes nominalement désignées :

Des bénéficiaires pas très mystérieux

Notre cheffe de file, Natalie Gandais, ancienne première adjointe en charge du patrimoine et pourfendeuse des favoritismes et passe-droits du maire, demande pourquoi ces avantages ont été concédés et comment ont été choisis les bénéficiaires.

Franck Le Bohellec (sardonique) : « Il s’agit de biens que nous venons de racheter au Syndicat d’Action Foncière [institution départementale qui prend en pension des réserves foncières des villes pour un certain temps]. Nous avons constaté que ces biens étaient occupés par un certain nombre de personnes moyennant un petit loyer. Nous avons régularisé la situation en passant une convention entre le Ville et eux. Je me réserve de publier ultérieurement ces loyers concédés par le SAF. »

Les élus XXX sont pétrifiés. Mme XXX , d’une voix blanche : « C’est pas nous, c’est le SAF ! ».

Certes. Mais le SAF était présidé jusqu’à peu par

[Deux paragraphes et les noms en XXX ont été supprimés à la demande d’un parti politique villejuifois : "Il ne s’agit pas d’une phrase, mais tout ce qui concerne le XXX.
Je vous invite donc à retirer toute référence au XXX. . Par ailleurs, je vous informe que nous avons d’ores et déjà procédé à des captures d’écran sous le contrôle d’un huissier."
Nous nous exécutons et consultons notre avocat sur les possibilité de rendre compte du conseil municipal. Les lecteurs et lectrices se renseigneront s’ils le souhaitent et jugeront.]

Nouvelle affaire de favoritisme du maire

Reste que le procédé du futur candidat de droite à sa réélection, lui-même sous le coup d’une enquête de la Brigade financière de la Préfecture de Police confiée par le parquet financier de Mme la Procureure de la République de Créteil, n’est pas très élégant.

D’autant que la même « liste des décisions » relève une nouvelle « affaire du maire » (on ne les compte plus…) C’est la confirmation d’un soupçon…

On se souvient que lors de la première séance de ses « Cafés expresso », en septembre dernier, l’animateur d’une association avait fait observer : « En somme, vous nous demandez de rédiger votre programme pour 2020. Et combien ça nous coute ? – 25 000 euros pour l’animation des Cafés Expresso ! » avait répondu le maire. Mais le Villejuifois associatif était allé trouver l’animateur « Combien êtes-vous payé ? – 50 000 euros. ». Par où passaient les 25 000 euros manquant ?

Nous en avions eu notre petite idée quand, dans la « liste des décisions du maire » de février, nous avions vu passer un appel d’offre demandant un bureau d’étude pour faire… le compte-rendu des Cafés Expresso. Pas de suspens : ce serait évidemment le même bureau d’étude, La suite dans les idées, qui empocherait à nouveau 25000 euros. En fait juste un peu moins : il y a un seuil à 25000 euros qui permet au maire de passer commande « sans publicité ni mise en concurrence préalable » (Décret du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics, art. 30-8°). La « petite manip à 50 000 euros » du maire, que nous avons dénoncée en février, consiste à « saucissonner » le marché en deux tranches.

C’est confirmé par les « décisions du maire » de ce soir : La Suite dans les Idées se voit attribuer la mission de rendre compte des Cafés Expresso qu’elle a organisés, pour 23000 euros. Sauf qu’en plus le maire attribue au même bureau d’étude un « deuxième lot » de 6500 euros pour organiser le « Grand débat national » de M. Macron !

Or il n’y a eu que deux « Grands débats » organisés à Villejuif dans le cadre officiel national, l’un par la députée Albane Gaillot, l’autre par une association (La Maison du ProcessWork), toutes deux dans la salle de la Géothermie prêtée gracieusement par le Sygéo, et prenant les frais d’animation à leur charge !

En première commission (« Finances »), j’ai posé la question de cet étrange complément. Le directeur des services m’a répondu tranquillement qu’on a fait comme ça pour aller plus vite, mais que finalement on n’avait pas eu besoin de ces 6500 euros.

Mais ce n’est pas fini. Ph.Vidal s’est procuré les réponses à l’appel d’offre de février, qui révèlent qu’un autre bureau d’étude (Ubiqus) proposait de faire le même boulot , plus vite et pour 11000 euros. Et pourtant l’analyse des offres est signée en faveur de La suite dans les idées par M. Dhiers, directeur de cabinet de F. Le Bohellec, qui n’est ni élu, ni administratif de la Ville. Enfin, la directrice des affaires juridiques, à sa demande des pièces du premier contrat (celui pour "l’organisation" des Cafés Expresso), reconnaît qu’il avait été passé sans publicité ni mise en concurrence en vertu de l’article 30 du décret de 2016.

S’appuyant sur cette enquête, F. Périllat (PCF) fait remarquer que son parti a organisé aussi un "grand débat" (toujours bénévolement). Il s’indigne du « saucissonnage » et choix du "plus mal disant" (choisi en réalité des mois à l’avance...) pour les Cafés Expresso.

Saucissonnage et favoritisme semblent aujourd’hui les deux mamelles des marchés publics du maire de Villejuif. Un appel au contrôle de légalité par M. le Préfet et un signalement à Mme la Procureure de la République (un de plus) pour ce nouveau délit pénal sont en préparation. Visiblement il s’en fiche. Mais retenons quand même sa délicieuse réponse :

« Le Grand Débat , je l’ai anticipé et organisé moi-même sous la forme des Cafés Expresso. Et c’est sans doute pour cela que nous n’avons pas eu de mouvement des Gilets Jaunes à Villejuif ! »