Accueil > Thémes > Economie et Finances > Remarques sur l’audit financier (1)
L’audit financier décevra les Villejuifois qui espéraient enfin savoir « où passe notre argent ». Mais il présente un tableau saisissant du naufrage de Villejuif à partir de ses chiffres officiels.
Lors de la campagne électorale, les 4 listes d’opposition avaient toutes promis de commencer par un « audit » censé repérer les gaspillages et autres coulages, afin d’identifier les économies à réaliser pour sortir Villejuif de son endettement dangereux et financer de nouvelles politiques.
Hélas, tel ne fut pas le choix de l’appel d’offre (auquel L’Avenir à Villejuif n’a pas été associé), qui a attribué cet audit à Partenaires Finances Locales. Malgré nos demandes répétées, les maires adjointes de l’Avenir à Villejuif n’eurent droit qu’à une brève conversation avec les auditeurs, fin aout, alors qu’elles avaient déjà acquis une certaine expertise sur ce qui se passait. Et nous avons découvert les premiers résultats dans Villejuif Notre Ville d’octobre, sans que ni la majorité ni la minorité du conseil n’en aient été informées. Quelques jours plus tard, l’équipe de Partenaires présenta à la majorité municipale ses résultats, dorénavant accessibles à tous les Villejuifois.
Ces résultats se présentent en deux volets : une rétrospective, compilation des comptes de la ville de 2008 à 2013, et une prospective, qui intègre déjà les budgets primitifs et provisionnels de 2014 et le « Pacte de responsabilité » gouvernemental, qui va priver les collectivités locales de 11 milliards d’euros. Ce second texte esquisse en outre des scénarios pour la sortie de la crise financière de la Ville sur l’ensemble du mandat 2014-2020.
Devant les protestations de L’Avenir à Villejuif, le maire adjoint en charge des finances a promis qu’un second audit, dit « de gestion », serait bientôt entrepris. Il ne serait donc pas disponible pour le débat d’orientation budgétaire 2015. Dommage.
Ce n’est pas si grave, car dores et déjà la « chasse au gaspi » est ouverte, avec les moyens du bord. Bien des sources d’économie ont déjà été repérées.
Si l’audit ne nous permet pas de savoir où et comment l’argent a été gaspillé, il offre un tableau saisissant de la situation et surtout de la trajectoire des finances de la ville sous le dernier mandat de Mme Cordillot.
Certes, il suffisait de lire les comptes des années précédentes. Certes, on pouvait s’offrir sur un internet (et pour à peine 60 euros) des analyses de ces comptes. Nous avions, pour notre campagne de premier tour, utilisé ce document de Décomptes publics :
Mais il faut reconnaître que l’audit est très bien présenté, et approfondit certains points (pas tous). Avant de commenter son diagnostic, un tout petit rappel de comptabilité publique.
En comptabilité des communes, on distingue le compte de fonctionnement et le compte d’investissement. Le sens est assez intuitif et proche du budget d’un ménage. Le "fonctionnement", c’est ce qu’on gagne, ce qu’on dépense et ce qu’on épargne au fil de l’année, "l’investissement" c’est le gros équipement qui dure plusieurs années (logement, voiture, mobilier), financé par l’épargne complétée par le crédit.
Dans le compte « fonctionnement » de Villejuif, on a principalement
en recettes : les impôts locaux et les fonds venus de l’État, du Val de Bièvre, et de la solidarité des autres villes plus riches,
en dépense : les salaires, les fournitures, les services que l’on sous-traite, et le paiement des intérêt de la dette.
Le solde est appelé « épargne brute ». Cette épargne représente la principale recette du « compte d’investissement », où l’on met :
en recettes : cette épargne brute et d’autres fonds, dont le FCTVA, remboursement par l’État de la TVA payée par la commune dans ses investissements de l’année précédente, plus les nouveaux emprunts ;
en dépenses : le remboursement annuel des emprunts passés et les investissements (nouveaux bâtiments et équipements, grosses réparations).
Il est bien évident que l’épargne brute va jouer un rôle capital dans la capacité de la ville à se désendetter tout en finançant de nouveaux investissements. Et l’audit montre très clairement ce qui s’est passé.
Le dernier mandat de l’équipe Cordillot avait commencé en 2008 dans une situation très dégradée. Mais une politique d’austérité très rigoureuse a fortement amélioré les choses jusqu’en 2011. Le auditeurs de Partenaires ne nous ont pas caché une certaine admiration !
De 2008 à 2011, l’épargne brute est passée de 3,6 millions d’euros à 8,7 millions d’euros. Rapporté au total des recettes, le taux d’épargne brute passe de 4,9 % à 11,1 %. Comment ? Par une classique politique de rigueur.
Premier volet, ressenti par tous les Villejuifois jusqu’à l’insupportable : une hausse des impôts locaux de 4,5 % (sur 2009 et 2010). A elle seule, cette augmentation de la pression fiscale a représenté un gain de 1,5 millions par an pour la Ville.
Second volet : un coup de frein aux dépenses, qui baissent jusqu’en 2010, et en 2011 ne font que remonter (légèrement) au niveau de 2008.
Moyennant quoi, la différence entre recettes et dépenses, hors intérêts de la dette (ce qu’on appelle « épargne de gestion »), augmente et permet déjà un certain désendettement, qui à son tour se traduit par une baisse des intérêts à payer.
Résultat : le taux d’épargne brute grimpe à 11,1 %, qui est exactement la moyenne de la « strate » des villes de taille semblable à Villejuif.
Mais en 2012, catastrophe : la politique de rigueur est abandonnée. Les dépenses recommencent à croitre à toute vitesse : ça sent les élections ! Les dépenses de personnel, contenues depuis 2008 à peine au dessus de 42 millions, bondissent à 47 millions en 2013. Mais ce n’est pas tout.
Le choix de faire reculer la mixité sociale en espérant que « les pauvres voteront PCF », alors que la crise s’aggrave, diminue les rentrées d’impôts.
Et surtout les emprunts « structurés » imprudemment contractés auprès de Dexia et de la Société générale se transforment en emprunts toxiques. Le montant des intérêts explose : de 3 millions en 2010, il passe à 5 millions en 2013, absorbant, et bien au delà, les hausses des impôts décidées les années précédentes.
Du coup, l’épargne brute s’effondre des 8,7 millions de 2011 à 5,7 millions en 2013. Soit un taux de 7%, très en dessous de la moyenne de la strate au niveau national, un des plus bas de l’Ile de France.
Partenaire considère qu’en dessous de 8 % la situation devient dangereuse. Et en effet, une fois payée l’annuité de la dette cette année-là (2013), l’épargne nette devient… négative ! De peu (220 000 euros), mais négative. Sans le FCTVA, la ville était en faillite dès 2013.
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Quand donc l’ancienne équipe de Mme Cordillot s’indigne des résultats de cet audit (qui encore une fois ne fait que compiler les données officielles) , et lui oppose le Rapport de la cour des comptes, moins sévère, elle « oublie » que ce rapport de janvier 2012 s’arrête en… 2010 ! Et certes, en ce temps là, la situation financière de Villejuif s’améliorait. Mais depuis, comme on va le voir, elle est retombée au niveau déjà désastreux de 2005.
Est-ce grave, docteur ? La suite dans un prochain billet.
3 Messages
05:58
Merci pour ces informations et explications de texte. Et bravo pour cette moderation face a des façons de faire..particulières.
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15:20
cet audit est à consulter sur le site de la ville .on attend le débat budgétaire prévu en décembre qui décidera des orientations budgétaires pour les 5 années à venir .cet audit est décevant,les Villejuifois ne comprenent pas pourquoi à travers vos arguments de quel nauffrage il s’agit tout ,ceci manque de pédagogie, il faut donc se référer au texte original et aux explications disponibles sur le site de la société PARTENAIRES Finances Locales qui explique les enjeux d’une telle ANALYSE autant consulter l’original (70 pages) que de se contenter des traductions hasardeuses .Ce document est payé par les Villejuifois autant qu’il soit utile aux VILLEJUIFOIS.Je suis déçu par le niveau de consultation de ce site qui ne semble pas passioner
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18:49
Bonjour Robert
Vous avez directement sur cet article les liens vers les 2 rapports de Partenaires qui sont sur le site de la ville : il suffit de cliquer sur les liens "retrospective" et "prospective".
Bien sûr il vaut toujours mieux consulter l’orignal , ceci n’est qu’un court résumé du premier rapport. Quant au "naufrage" (le fait qu’avec l’épargne brute on ne puisse même plus couvrir le remboursement des dettes !), nous verrons dans un prochain billet (comme il est annoncé) si et comment le navire peut être renfloué ;-)
Quant à la fréquentation du présent site, elle oscille entre 250 et 300 visiteurs par jour.
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