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19 décembre 2016
Alain Lipietz

Licenciement du DGS : comment nuire encore ?

Non content d’avoir licencié le DGS sous de faux prétextes, le maire empêche son embauche par une administration amie, ce qui va coûter un bras aux contribuables de Villejuif.

Nous avons raconté comment le Directeur Général des Services, choisi et embauché par F. le Bohellec, a été déchargé de ses fonctions dans des conditions particulièrement honteuses (pour le maire) et humiliantes (pour l’intéressé). Et bien ça continue ! Le DGS, fonctionnaire de l’administration territoriale, reste en effet à la charge de la Ville, tant qu’il n’a pas trouvé de nouvelle affectation. Une solution semblait trouvée : à l’EPT Grand Orly Seine Bièvre. Raté : le maire vient de s’y opposer.

Après plusieurs mois d’enquêtes auprès de discrets témoins (sources qu’il est de notre devoir de protéger…), nous sommes en mesure de vous conter en détails ce nouveau naufrage humain et financier.

Licenciement : les faux prétextes officiels

C’est en juillet dernier que Moi Monsieur le Maire Maître du Monde Franck le Bohellec, convoque son DGS Bernard Salzenstein pour l’entretien préalable à la décharge de fonction (c’est à dire : son renvoi). En présence d’un délégué du syndicat des DGS, qui est témoin, il lui en présente les raisons, dont le caractère mensonger le dispute au ridicule.

1. Le DGS aurait fait poser aux frais de la Ville une boule pour remorque sur sa voiture de fonction.

Il s’agit bien de la voiture de fonction du DGS, à sa libre disposition, un avantage en nature distinct des voitures de service. Le DGS a aussitôt fourni la preuve qu’il a fait poser cette boule à ses frais : le ou la « mouchard » a sans doute mal renseigné le maire. Lequel a ensuite expliqué aux syndicats que c’est lui, MMlMMM, qui avait exigé que le DGS réglât la facture de sa boule ! Sacré aplomb. Mais les syndicats ne l’ont jamais cru, connaissant l’honnêteté du DGS.

2. En 2015, le DGS a signé des « états d’avance » (des sortes de factures) alors qu’il n’avait pas de délégation de signature.

Évidemment ! C’est le boulot de l’administration, tous les directeurs compris, que de signer les factures (les états d’avance son en effet assimilées aux factures) pour mise en paiement, quand les fournitures ou les services ont été livrés ou doivent l’être (comme les cotisations d’assurances). Si une erreur administrative a été commise sur une signature particulière, il est curieux que MMlMMM s’en aperçoive 1 ans plus tard !

3. Des voitures louées par la ville ayant été rendues en 2016 au concessionnaire, le DGS s’est renseigné pour savoir s’il était possible de racheter ces voitures d’occasion.



Oui… Et alors ? Où est le problème ?

4. Le DGS a informé par mail, suite à leurs demandes, les maires-adjoints aux Finances et aux Ressources Humaines de l’embauche d’une personne au cabinet du maire.

Comment ? Là non plus vous ne voyez pas le problème ? Mais voyons ! Ces deux adjoints sont du groupe Vidal. Ce mail de service était donc susceptible, selon MMlMMM, de fournir le prétexte à la crise hebdomadaire dans ce qui reste de la majorité…

MMlMMM comptait-il rémunérer cet agent de ses propres deniers ? Incidemment, ce garçon (qui est la troisième personne à occuper le poste impossible de chargé de com. de MMlMMM ) a démissionné après le dernier conseil municipal, convaincu sans doute que ce maire ne serait jamais réélu et qu’il valait mieux ne pas risquer de perdre la raison dans cette gestion délirante.

Les vraies raisons

Le conseil municipal a été informé oralement, dans des conditions manifestement illégales et en tous cas honteuses pour le maire, de la décharge de fonction du DGS, sans précision sur les motifs. Peut-être est-il difficile de répéter publiquement les inepties énumérées plus haut ? Mais les vraies raisons sont encore moins avouables.

Il y a une raison officieuse, distillée d’un air entendu par le maire lors d’un bureau municipal, mais semble-t-il aussi aux militants de droite et à la presse : le DGS, convoqué comme témoin par la police dans un des multiples procès fait au maire (l’un des procès pour harcèlement), aurait « chargé » le maire. Bernard Salzenstein, qui a une haute idée de la loyauté dûe par l’administration à ses élus, le dément farouchement.

Qui croire ? Très simple : il y a un procès-verbal de la déposition de Bernard établi par la police. Le DGS l’a lu et signé, le maire en principe ne la connait pas. Le DGS sait ce qu’il a dit et que le procès-verbal sera un jour public, il ne peut donc pas mentir. Le maire au contraire, on vient de le voir, avoue déjà qu’il a menti sur les raisons officielles du licenciement.

Alors la vraie raison ? Nous l’avons déjà évoquée. Elle nous a été exposée le 8 janvier 2016, lors de l’ultime réunion du bureau politique de l’Union citoyenne (où le maire et les présidents des listes le Bohellec, Obadia et Vidal ont entamé leur chantage à l’égard de Natalie Gandais).

La voici : le DGS a trop tardé à procéder au licenciement ou à la placardisation des communistes ou CGTistes dont le maire lui avait donné la liste. Il fallait donc se débarrasser de lui.

Le Comité Technique (paritaire) de Villejuif du 15 décembre dernier a encore donné l’occasion aux syndicats (soutenus par les élus d’opposition et même P. Vidal) de réclamer des informations à propos de cette chasse aux sorcières qui pèse gravement sur le moral des agents. À cette occasion, une autre élue de la majorité a exprimé ses regrets d’avoir signé le « torchon des 17 » (un article des élus de droite dénonçant le personnel municipal).

La conciliation hypocrite

Le problème qui subsiste pour MMlMMM c’est le coût du DGS, qui demeure à la charge de la Ville tant qu’il n’a pas trouvé un nouveau poste : 100 % du salaire la première année, sans les primes, et même 150 % (charges comprises) à reverser au Centre de gestion de la Fonction publique territoriale Petite Couronne, qui paie les fonctionnaires municipaux entre deux postes. C’est une sorte de « malus » imposé aux municipalités qui maltraitent leurs agents…

En effet les cadres supérieurs et les agents de la fonction publique territoriale sont des fonctionnaires recrutés sur concours, dont l’emploi ne saurait dépendre des inimitiés politiques ou autres foucades d’un M. le Bohellec, Obadia ou Vidal (« Celle-là, je la sens pas, elle dégage », selon une expression courante du maire). Il est admis qu’une nouvelle majorité se débarrasse d’un DGS ou d’un directeur général adjoint, mais elle doit continuer à le payer jusqu’à de qu’il ou elle ait trouvé une nouvelle affectation. C’est ainsi par exemple que Bernard Salzenstein avait été « importé » de Montreuil en échange d’un DGA de Villejuif dont le maire ne voulait plus : ce qui évitait aux deux municipalités des dépenses inutiles.

Très vite, les amis de Bernard Salzenstein dans le Val de Bièvre (et ses qualités lui en ont fait beaucoup !) trouvèrent une solution. L’EPT 12 Grand Orly Seine Bièvre (GOSB), qui remplace le Val de Bièvre, n’a pas d’autre administration que celle des anciennes communautés d’agglomération. Or, comme j’ai pu le constater (je suis délégué au Comité Technique du GOSB), il lui en faut bien davantage, pour un territoire bien plus vaste. Mais la loi NOTRE n’a pas prévu de nouveaux financements. Le président du GOSB, Michel Leprêtre, a donc proposé d’embaucher Bernard Salzenstein à l’EPT12, payé pour moitié par Villejuif et l’autre par le GOSB, jusqu’à ce que l’EPT12 ait les moyens de l’embaucher à temps plein.

À la fin de l’été et jusqu’au conseil municipal du 14 octobre, tout le monde, le maire compris, semble se satisfaire de cette solution.

Perversité, quand tu nous tiens...

Et crac ! Tel le scorpion qui ne peut s’empêcher de piquer, au beau milieu de la rivière, le bœuf qui la lui fait traverser sur son dos, « parce que c’est sa nature », et aiguillonné par E. Obadia qui l’inonde de textos menaçants tout le long du conseil municipal du 14 octobre, Moi Monsieur le Maire Maitre du Monde, à 2 heures et demi du matin, alors que les derniers conseillers, épuisés, plient leurs affaires, annonce le licenciement de Bernard ! Villejuif ne peut donc plus garder le DGS à mi-temps. La porte de sortie GOSB semble bouchée.



Pas tout à fait. Le GOSB tient vraiment à Bernard et propose de le prendre à plein temps … à condition que Villejuif le garde à sa charge la première année. Pour Villejuif, le coût du licenciement serait donc le même en première année, mais l’avantage serait considérable dès la seconde année : l’embauche par le GOSB éviterait à Villejuif de payer 150 %.

Michel Leprêtre écrit donc en ce sens à MMlMMM et attend la réponse. Elle ne vient pas. 
Le président du GOSB relance le maire de Villejuif. Qui vient de répondre à la fin de la semaine dernière qu’il n’avait pas répondu parce que… la proposition ne l’intéressait pas.

Ainsi, les Villejuifois vont payer pendant des années de l’ordre de 200 000 euros par an pour assurer à Moi Monsieur le Maire Maitre du Monde le délicieux plaisir de maintenir au placard un précieux serviteur des collectivités locales, pour le punir d’avoir refusé de pratiquer une chasse aux sorcières parfaitement illégale. 

La pitrerie n’est pas drôle.

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Commentaires

4 Messages

  • Grégoire Darricau 20 décembre 2016
    14:07

    En réponse au point 4 :

    MMlMMM comptait-il rémunérer cet agent de ses propres deniers ? Incidemment, ce garçon (qui est la troisième personne à occuper le poste impossible de chargé de com. de MMlMMM ) a démissionné après le dernier conseil municipal, convaincu sans doute que ce maire ne serait jamais réélu et qu’il valait mieux ne pas risquer de perdre la raison dans cette gestion délirante.

    Etant le garçon en question, je ne vois pas quels éléments peuvent vous permettre de sortir de tels propos monsieur Lipietz ..? "Perversité, quand tu nous tiens..." vous dîtes ? Depuis quand une démission intervient du jour au lendemain ? Peut-être êtes vous également persuadé qu’un pain au chocolat coûte 15 centimes ?

    Cordialement.

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    • Alain Lipietz 20 décembre 2016
      16:36

      Bonjour M. Darricau

      tout dépend de jusqu’ où vous en êtes allé de la mise en application de vos propos. Il y a cependant "un jour" où vous n’avez pas encore démissionné, et "le lendemain" c’est fait.
      Avec mes encouragements et mes voeux de bonne année.

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      • Grégoire Darricau 20 décembre 2016
        17:17

        Re-bonjour M.Lipietz,

        En fait il y a un préavis d’un mois entre votre jour de dépôt de démission et votre départ effectif. Ma démission est donc absolument dé-corrélée du conseil municipal, n’est pas soudaine et n’a strictement aucun rapport avec le Maire et son boulot !

        Ce n’étaient donc que de simples suppositions de votre part.

        Bonnes fêtes également

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  • Alain Lipietz 20 décembre 2016
    19:35

    Notre article nous a valu de nouveaux et discrets témoignages et des demandes de précisions.

    1. Une « autre » raison réelle du licenciement.

    Selon ces nouvelles confidences, le maire déclarait en juillet 2016 (au moment de l’entretien préalable) à un autre Directeur Général que Bernard Salzenstein avait été recruté parce que, « sans-étiquette », il allait bien avec la majorité « Union Citoyenne » de 2014, mais, cette majorité ayant éclaté, il n’était plus adapté. À l’avenir Moi Monsieur le Maire recruterait un DG « à sa botte » et « uniquement pour lui », et votant à droite bien entendu.

    Ce nouveau témoignage n’est pas contradictoire ce que j’ai écrit. C’est en décembre 2015 que le Bohellec, Obadia, Vidal (et Casel) décident la rupture de L’Union citoyenne, en excluant Natalie Gandais et moi de la liste pour l’élection des délégués au T12 (cf E. Obadia : « Je préfère faire élire un socialiste de plus que N. Gandais. »). Le 8 janvier, les mêmes énoncent leur chantage contre Natalie Gandais pour imposer leur candidat favorisé pour la Halle des Sports. Et c’est à cette même réunion que les mêmes (moins, toutefois, le groupe Vidal) décident qu’il faut prendre des mesures contre le DGS qui tarde à obéir aux consignes de chasse aux sorcières. E. Obadia, toujours précis : « Il faut se débarrasser des communistes et de tous ceux de Montreuil, aussi l’autre, là [il y a encore une autre directrice qui vient de Montreuil] : c’est la même chose. »

    Il y a donc concomitance entre la rupture de l’UC et la décision de renvoyer le DGS pour « refus de chasse aux sorcières ».

    Toutefois, je voudrais rappeler que l’embauche du DGS (dont nous ne connaissions même pas le nom) n’était nullement un compromis entre la droite et les Verts. C’est le DGS d’une ville (de droite) des Hauts de Seine, un moment sollicité, qui avait suggéré le nom de Bernard Salzenstein, alors DG Adjoint à Montreuil, ville dont Dominique Voynet avait été maire. Ce qui, dans la parano de F. le Bohellec, impliquait peut-être que les directeurs adjoints y étaient tous écologistes ?

    En réalité, B. Salzenstein avait servi la fonction publique territoriale sous toutes les couleurs de mairies. Les directeurs des services ne sont pas des "politiques", au contraire des directeurs de cabinet du maire. Ce sont de hauts fonctionnaires voués à la neutralité.

    2. Formes de licenciement d’un directeur général

    Techniquement, on dit que les directeurs généraux occupent des postes « fonctionnels », moins bien protégés par le statut de la fonction publique : nécessairement plus proches des maires, qui ont le droit de s’en débarrasser… moyennent « un malus ».

    À l’embauche, on parle de « détachement sur un poste fonctionnel » (détachement à partir de leur grade dans leur corps de la fonction publique territoriale, pour Bernard : Ingénieur hors-cadre).

    Les virer s’appelle : « décharge de fonction ». Ils perdent leur poste, mais gardent évidemment leur grade dans la fonction publique territoriale. La procédure est très bien expliquée ici.

    Il y a trois solutions, au choix de l’intéressé (et non du maire) :

    -  Une prime de licenciement, solution que Bernard Salzenstein a déjà écartée.

    -  Le congé spécial, forme de préretraite à laquelle B. Salzenstein a droit et que le fonctionnaire peut demander à n’importe quel moment, même s’il commence par la 3e solution :

    -  Le « surnombre ». Et l’article que voilà permet de préciser ce qui est dit dans mon article.

    Dans ce cas, pendant un an l’ex-DGS reste payé par Villejuif, puis il est reversé au CNPT, qui le paie, et Villejuif verse alors au CNPT : pendant deux ans 150% du salaire et cotisations sociales, puis un an 100%, et ensuite 75 %. Comme on voit, le « malus » pèse d’abord sur Villejuif (qui a maltraité son DGS), puis sur le DGS – s’il n’a pas vraiment cherché, ou n’a pas été capable de retrouver un poste.

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