Accueil > Actualités > Maternelle Karl Marx : les mensonges du maire
Le maire se heurte à une vive opposition depuis qu’il a confirmé son intention de fermer la maternelle Karl Marx. Il riposte en mettant en ligne un faux grossier accusant Natalie Gandais et Philippe Vidal. Nous restituons ici l’historique de deux ans de négociations.
Vendredi 21 octobre nous avons rencontré le président des parents d’élèves de la maternelle Karl Marx. Comme les autres groupes d’opposition, nous diffusons depuis quelques jours la pétition des parents contre la fermeture de cette école, annoncée par le maire au conseil municipal du 14 octobre.
Quand le groupe VNV de Philippe Vidal, toujours membre de la "majorité", se joint aussi à la pétition, le maire réagit d’abord en distillant la rumeur que l’initiative de fermer l’école viendrait de… Natalie Gandais, du temps où elle était déléguée au patrimoine. Puis, le mardi 25 octobre, il met en cause aussi Philippe Vidal en publiant un faux grossier sur son compte facebook. Le soir même, la supercherie est démontrée. Les quolibets affluent en commentaires à son billet. Et le mercredi 25 au matin le maire, couvert de honte, efface son billet et les commentaires.
Nous publions ici les mensonges du maire, puis la réalité des débats à propos la maternelle K. Marx.
Dans l’après-midi de ce mardi, voici ce que publie le maire :
On lit bien l’annotation : OK pour ces cessions, ainsi que pour la cession de l’école maternelle. Ph. V
Très vite, Paulo Nunes, président du groupe VNV de Ph. Vidal, dévoile le trucage :
Un bout de papier était collé sur : À quelles conditions ?
Aussitôt je m’indigne :
Dans la soirée affluent les moqueries. Et le mercredi matin F. le Bohellec efface le tout.
Ce n’est pas la première fois que le maire utilise internet pour trafiquer des documents. La première fois - nous étions encore dans l’Union citoyenne - j’avais dû lui signaler qu’aux yeux de la loi l’internet avait même valeur que l’écrit et que le « faux en écriture publique » était susceptible de sanction pénale. Il s’était alors calmé (à ma connaissance), mais depuis notre départ ses mauvais penchants ont repris le dessus.
Voyez le cas particulièrement choquant, sur le document projeté au public le 16 octobre dernier, du trucage de la hauteur de la cantine du collège Karl Marx, afin de camoufler le surhaussement d’un étage du projet de Halle des sports et de son immeuble d’habitation.
Mais venons-en au fond de l’affaire.
Le bâtiment, qui appartient à la Ville, est un petit morceau du monument historique, oeuvre de l’architecte Jean Lurçat, dont le corps principal est occupé par le collège Karl Marx, propriété du département . Le collège a fait l’objet d’une rénovation lourde, mais pas l’école maternelle.
La seule chose que l’on voit sur le document reproduit par le maire est que, le 24 décembre 2015, le maire propose aux maires adjoints Natalie Gandais, en tant que déléguée au patrimoine, et Philippe Vidal, en tant que délégué aux finances, une convention pour revendre la maternelle au département - qui donc est d’accord aussi ?
Philippe Vidal, qui milite pour vendre tout ce qu’on peut, y compris la Bourse du travail, accepte la cession (donc : fermer une école et ouvrir une prison ? ;-). Mais très légitimement il pose la question « à quelles conditions ? » Ce que censure le maire avec son faux qui, contrairement à ce qu’il suggère dans son billet, n’indique rien de Natalie Gandais.
Le 24 décembre, Natalie est tout aussi légitimement en famille dans le Loiret et prépare Noel ! Elle ne donnera sa réponse qu’à la rentrée.
La question est plus complexe qu’il n’y parait. En arrivant à la mairie, en avril 2014, Natalie constate le mauvais état de l’école. Elle demande aux services une estimation des travaux à réaliser. Réponse (le 20 juin 2014) : 1 359 000 hors taxes. Impossible pour la ville.
Pourquoi ce montant énorme ? Natalie n’a pas pu tirer toute l’affaire au clair. Il y a des infiltrations par le toit (comme dans tous les toits terrasses dont elle a hérité de l’ère Cordillot), mais les travaux sur le collège voisin n’en sont-ils pas responsables ? Un plafond s’effondre, elle le fait réparer mais se heurte à la réglementation alléguée des Monuments historiques, qui multiplie apparemment tous les prix. Il parait qu’il est interdit de poser des anti-pince-doigts sur les portes ! Natalie pense d’abord aux petits doigts des enfants et pique un coup de sang : « Si vous ne les posez pas tout de suite, je les poserai moi-même avec ma perceuse ! »
Le 22 octobre, lors d’une réunion entre Natalie Gandais, Mme Anrep (élue sur la liste du maire NDPV, déléguée aux maternelles) et le service Travaux, ce dernier accepte de réaliser les anti-pince-doigts. Mais le compte-rendu précise : « Les services doivent présenter le projet de réhabilitation aux élus pour qu’ils pussent décider de conserver ou non cet établissement. »
Le 10 décembre 2014 le service Travaux annonce « 2 millions TTC », les travaux devant être suivis pas à pas par les Monuments historiques, qui demanderont 15 mois de validation avant travaux. En outre, il y a effectivement un contentieux avec le département sur l’origine des infiltrations d’eau par la terrasse, qui ont provoqué un dégât des eaux le 26 novembre. Natalie, inquiète, commence à se poser la question d’un regroupement des classes de cette maternelle sur Marcel Cachin et Lebon.
Car il y a deux questions distinctes : la question de garder ou non le bâtiment (avec des normes qui conviennent à la fois aux publics accueillis et aux Monuments historiques) et la question d’y maintenir ou non des classes de maternelle. Natalie n’a rien à dire sur le second point (entièrement entre les mains de F. le Bohellec, de Mme Ouchard et de Mme Anrep, de la liste NDPV du maire).
En revanche nous tenons à garder le bâtiment pour un usage public, au service des quartiers sud et des enfants. Car c’est un quartier prioritaire de la politique de la Ville, et notre groupe s’est investi tout particulièrement sur ce quartier (Lozaits-Lamartine) que nous voulons exemplaire de la politique publique.
Or, le 17 juin 2015, un comité de pilotage sur la prospective scolaire a lieu autour d’un diagnostic du cabinet Menighetti. Compte tenu des futures écoles « dans les tuyaux » au sud–ouest de la Nationale 7 (agrandissement de Jean Vilar, extension à venir de Marcel Cachin et création d’une école à Alexandre Dumas dans le cadre de Campus Grand Parc) et des projets de nouveaux logements pour les prochaines années, si on s’en tient strictement à la question des effectifs, on n’a pas vraiment besoin de garder cette maternelle « orpheline » (elle est couplée à l’école primaire Lebon-Lamartine, à un km de là).
Le maire annonce ce jour-là son verdict. « Monsieur le Maire souhaite la fermeture de l’école Karl Marx à la rentrée 2016-2017 (sic) et demande que la direction de l’éducation engage dès maintenant un travail de redéploiement des enfants aux alentours. Il est prévu de réaliser en lieu et place de cette école autre équipement public. » Même problème pour l’autre maternelle orpheline, Fernand Pelloutier : le CoPil du 17 juin évoque la « proposition de la fermer après la fermeture de K. Marx. »
Dès lors, le combat des maires adjointes de L’Avenir à Villejuif n’est plus le maintien de la maternelle à K. Marx, sur lequel elles n’ont aucun pouvoir, mais de sauver le lieu comme centre culturel au service du quartier et de ses enfants. Or justement, il faut sauver une partie du Chêne, chassé de l’avenue de Paris par l’imminence du chantier Adoma. Les artistes du Chêne les plus branchés sur l’éducation populaire et artistique auprès des enfants indiquent la possibilité de la gestion d’un tel centre par l’association Môm’artre. Laquelle viendra présenter son projet, le 24 novembre 2015 au public de Villejuif, dans le cadre du mois de l’Économie sociale et solidaire.
Ainsi émerge l’idée d’un équipement public culturel accueillant des artistes, animant le quartier sud et offrant des Activités De Loisir et des Nouvelles Activités Périscolaires de haut niveau aux enfants de ce quartier (et des autres).
Le maire fait mine d’y réfléchir mais bientôt nous comprenons qu’il n’en sera pas question. La culture, comme l’écologie, ça commence à bien faire. Le 14 décembre, l’Union citoyenne se fissure sur les affaires immobilières. La coalition le Bohellec –Obadia- Vidal –Casel déjà décidée à notre exclusion.
Au retour des vacances, début 2016, Natalie trouve la fameuse "note au maire" du 24 décembre 2015.
Selon le rédacteur, la vente est justifiée, car sinon la ville devra débourser 400 000 euros pour découpler les réseaux de chauffage et d’électricité entre la maternelle et le collège. Natalie interroge les services techniques qui tombent des nues : ce découplage est fait depuis longtemps. Du coup, elle ne valide pas cette note.
Et quelques jours après elle est destituée, dans l’affrontement à propos de la Halle des sports.
Nous aurions pu envisager un remplacement de la maternelle par un centre culturel au service des enfants de ce quartier défavorisé. Nous étions conscients du risque d’aiguiller les enfants des HLM vers les écoles des quartiers sud et ceux du pavillonnaire vers Jean Vilar, détruisant ainsi une belle réussite de mixité sociale, mais nous espérions pouvoir contrôler ce processus dans la nouvelle carte scolaire, car l’école est dans le Réseau d’éducation prioritaire du collège Karl Marx.
Le maire, sans aucune consultation ni même information, ni des parents, ni des enseignants, sans avoir prévenu le Conseil d’école, a pris la décision, non seulement de déplacer les classes de maternelle mais de brader un patrimoine historique de la Ville.
Nous nous y opposerons fermement, et appelons les Villejuifois à signer la pétition des parents.
PS : Sur la mixité sociale dans les écoles
Dans l’intérêt des enfants, il faut de la mixité sociale dans les écoles. Mais pour la mixité dans les écoles, il faut qu’il y en ait dans les quartiers, sinon les parents enverront leurs enfants dans le privé. Les parents des quartiers sud de Villejuif avaient attiré notre attention là-dessus pendant la campagne électorale, ils avaient apprécié la pétition des mamans du Petit-Bard à Montpellier réclamant « des têtes blondes dans nos écoles ».
D’où l’importance de conserver une école comme K. Marx, « à cheval » sur un quartier de HLM et sur un quartier pavillonnaire, ou d’en faire un équipement culturel dirigé vers les enfants.
Sur ces sujets, voyez nos articles :
Qu’est-ce qu’une politique vraiment sociale du logement ?
Ghettos ? Apartheid ?
Contre l’échec scolaire : Villejuif a des atouts
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