Accueil > Actualités > Le maire déclare la guerre au Chêne
Il annonce qu’il va faire expulser le Chêne, qui a tant fait pour l’animation de Villejuif. Et il veut interdire « Baban Biki », la fête offerte par le Chêne le 17 décembre
Nous continuons, dans un ordre bizarre, le compte rendu de ce conseil municipal interminable, en privilégiant les informations les plus urgentes. Ici : le « rapport 208 », occasion de l’agression.
Le rapport n° 208 prévoit simplement que, faute d’avoir pu déloger l’espace culturel alternatif « Le Chêne » de la friche 131 avenue de Paris, Villejuif demande au Syndicat d’action foncière (SAF) de garder ce terrain pendant encore un an.
Nous pouvions considérer cela comme une mesure d’apaisement ? Eh bien non. Derrière se cachait en fait une déclaration de guerre. D’ailleurs, l’exposé des motifs précise que « La procédure d’expulsion à leur encontre est en cours. »
Le Chêne, lieu alternatif pour artistes géré d’abord par l’association Les Tailleurs d’envie, puis par la Ressourcerie du spectacle et les Clés du feu occupe depuis 2013 le 131 avenue de Paris, ancien garage pris en réserve foncière par le SAF, pour le compte de la ville, jusqu’à octobre 2016. Il bénéficiait d’une convention d’occupation précaire qui s’acheva à ce moment-là. En effet, à cette date le terrain devait être cédé à son usager final : Résidence Sociale de France (RSF), afin d’y reconstruire une partie du foyer Adoma qui tombe en ruine dans le quartier Alexandre Dumas.
Publiquement, la Ville s’était engagée à trouver un relogement pour les différentes associations regroupées au Chêne et Natalie Gandais s’y est activée. Mais une fois celle-ci destituée, plus personne ne s’en est occupé, et les solutions trouvées par Natalie ont été ignorées : les artistes étaient désormais indésirables à Villejuif.
Le Chêne est donc resté sur place, « sans droit ni titre », bloquant, selon le maire, la cession à RSF – quoique nous ayons appris que les raisons données par le maire n’ont qu’un rapport aléatoire avec la vérité.
Madame Cordillot commence par obtenir une précision : dans son souci de faire un bénéfice sur Adoma, le maire exige que le SAF (qui vend directement à RSF) reverse à la Ville 170 500 euros.
Les artistes du Chêne ne sont pas de vulgaires squatters, ils ont joué pendant des années un rôle considérable dans toutes les fêtes de la Ville, nous avons donc une dette à leur égard. Natalie Gandais intervient pour rectifier le "sans droit ni titre" : s’ils ne sont pas encore partis, c’est de notre fait, car nous nous étions publiquement engagés à les reloger, au conseil municipal du 20 novembre 2015. Elle observe que la demande d’expulsion ne figure pas dans la liste des « décisions d’exécutif » du maire communiquée au début du conseil.
Elle rappelle enfin les nuages qui s’amoncèlent sur le projet Adoma.
Il y a dans ce coin une problématique de pollutions industrielles. Or cet ancien garage (où Patrick Stagnetto a travaillé) comprenait des cuves, et il faudra peut-être dépolluer, et ce sera peut-être cher, comme pour les autres « portages toxiques » de la période Cordillot.
La densification du programme Adoma a provoqué la colère des riverains qui s’opposent non pas à la résidence sociale mais à son volume. Ils ont déjà recueilli, sur une pétition, 400 signatures, et le maire refuse de les recevoir.
Les messieurs de la Majorité sont très, très fâchés par ce discours. MMlMMM (Moi Monsieur le Maire Maitre du Monde), oubliant qu’il avait déjà tenu le même discours deux mois plus tôt, reprend son air je-lui-ai-cloué-le-bec :
« Vous aviez accepté cette densification du programme : j’ai retrouvé le compte rendu n° 48 de la réunion de secteur où M. Moënne-Loccoz vous l’a présentée ! et après vous êtes allée jouer les chevaliers blancs auprès des riverains ! »
M. Philippe Vidal (résolument en marche derrière E. Macron, qui ne méritait sans doute pas ça, dans une grande offensive contre la culture dont nous aurons d’autres exemples lors de ce conseil) :
« Madame la vice-reine, j’ai relu tous nos textes, nous n’avons jamais pris l’engagement de reloger le Chêne ! » Il devrait relire le rapport 203 au conseil municipal de novembre 2015, qu’il a signé et voté sans objection :
Dans le public, les artistes du Chêne écoutent consternés. Ils avaient bien entendu les engagements du 20 novembre 2015 (à une époque où notre macronien se disait vallsiste et ami du Chêne, et n’avait pas encore rejoint la droite). Quand aux riverains du 131, ainsi traités de gamins manipulés par Natalie Gandais, ils connaissent déjà l’histoire, d’ailleurs racontée ici-même, et en détails !.
MMlMMM explose :
« C’est le SAF qui demande l’expulsion du Chêne. [Là encore, ça demande vérification…]. Et moi, je prends un arrêt d’interdiction de la fête qu’ils organisent pour le 17 décembre ! »
La salle se fige, consternée. Mme Cordillot se saisit dignement de l’avantage que F. le Bohellec vient de concéder à l’ancienne municipalité, effaçant d’un coup les affaires de la Bouée et du Heaven. Elle rappelle les services culturels que le Chêne a rendu à la population : « Nous au moins nous avions une politique d’occupation culturelle des lieux précaires. »
Jean-François Harel confirme : « Ils font un travail hallucinant ! »
Natalie enfonce le clou : « Votre offensive contre la culture prolonge votre offensive contre le travail associatif : cette fête du 17 décembre est au profit de la future épicerie solidaire ! »
M. Mille, adjoint en charge de la sécurité et ancien pompier objecte « Mais rien n’est conforme, dans ce lieu ! ». Notre macronien en rajoute : « C’est exact, ce lieu n’est pas conforme. » Certes, et c’est pourquoi il est dit « alternatif ». Si le maire était si regardant à la sécurité des lieux alternatifs, il aurait donc dû le fermer depuis deux ans, au lieu de l’intégrer aux fêtes de la Ville.
Marc Badel (chevènementiste) trouve aussitôt à concilier son souci de l’ordre républicain et sa sympathie pour l’ordre alternatif : « Bien , alors proposez-leur un autre lieu ! »
Je suggère : « Un gymnase , par exemple, comme pour la fête des solidarités du Val de Marne... »
Bagarre confuse. La droite : « Mais ils ne nous ont rien demandé ! » Les oppositions : « Évidemment ! vous annoncez ce soir que vous interdisez la fête dans leur local ! » MlM, plus tout-à-fait Maitre du Monde : « Bon, je prend un arrêté d’interdiction, je suis couvert, s’ils ne le respectent pas, c’est l’affaire du préfet. »
Mme Leydier (Parti de Gauche) résume : « C’est une grande fête que beaucoup attendent, des familles préparent des gâteaux. Et vous, qui n’avez pas été capable de trouver plus de 16 volontaires pour un conseil des Anciens, vous interdisez quelque chose qui marche, et où on attend 400 personnes ! »
On passe au vote… et curieusement l’opposition « canal historique » (l’ancienne liste Cordillot) ne vote pas le sursis d’un an de portage par le SAF !!! Nous, « Canal habituel », votons bien sûr Pour .
Il se trouve que quelques jours auparavant nous avions reçu les (remarquables) animatrices du Chêne, qui nous avait donné des détails. C’est « prix libre » ! Cette fête est largement soutenue : par la Fondation de France, par Médecin du Monde etc.
Bien entendu, la fête est maintenue, mais on vous tiendra au courant le plus rapidement possible. Consultez aussi le Facebook du Chêne.
Voyez déjà l’affiche :
Vous pouvez la télécharger et faire circuler (pdf, 880 k)
Le compte-rendu du conseil municipal du 9 décembre 2016 est en quatre parties… en commençant par la fin !
(1) Droite et communistes font bloc pour l’incinérateur d’Ivry
(2) Le maire déclare la guerre au Chêne
(3) Multiples attaques de droite, de gauche et du centre contre le mouvement associatif.
1 Message
13:10
Le maire a bien publié un arrêté d’interdiction. Toutefois la fête s’est déroulée sans encombre, avec le soutien de Médecin du Monde qui présentait son programme pour secourir les réfugiés mineurs isolés, et Réfugiés bienvenue qui cherche des particuliers ayant une chambre libre pour accueillir (un mois maximum) un demandeur d’asile. L’association Bien vivre à Villejuif Est était aussi largement représentée, tandis que les bénévoles de Villejuifois Solidaire s’activaient aux fourneaux. Comme les invités affluaient en nombre, j’ai laissé ma part et je suis rentrée.
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