Accueil > Actualités > L’attaque stupéfiante du maire contre la Géothermie
Lors du conseil municipal du 30 Septembre, où son budget modificatif a été repoussé, le maire a lancé une attaque stupéfiante contre la Géothermie. La réunion de la Commission Consultative des Services Publics Locaux lui a apporté un démenti cinglant et détaillé.
Lors de ce conseil, croulaient les critiques sur le fiasco de la gestion de F. Le Bohellec : 36 millions votés mais pas encore dépensés à 3 mois de la fin de l’année ! Le maire tentait de se justifier en prétendant que le plus important était de désendetter la Ville. Je citais par comparaison la Géothermie. Elle s’endette quand elle en a besoin pour réaliser ses investissements (le puits, l’usine et le réseau de chauffage de Villejuif). Elle emprunte à 0,3 % : comme dit le prix Nobel Stiglitz, « Il faut être fou pour ne pas s’endetter en ce moment »). Elle rembourse sans problème, tout en réalisant ses investissements au rythme le plus rapide possible, pour offrir très vite aux habitants des économies de chauffage, et à la Planète des économies de gaz à effet de serre.
C’est alors que le maire a lancé, mauvais : « Oui, mais vous avez oublié de changer la vieille tuyauterie ! »
Accusation ahurissante. Il faut d’abord rappeler que lui-même et ses partisans sont élus aux Conseils de la géothermie : ils ne viennent jamais, et ne lisent manifestement pas les bilans. Justement, se tenait le 13 novembre la présentation du bilan de l’année dernière à la Commission Consultative des Services Publics Locaux, où les associations (de locataires, de consommateurs…) contrôlent notre gestion. J’y participais en tant que vice -président de la Géothermie. On en a profité pour approfondir avec les ingénieurs la politique d’entretien de la tuyauterie.
Notre réseau est public. Créé il ya trente ans à L’Haÿ et Chevilly, il a été enfin rejoint par Villejuif pour l’ouverture d’un puits sur notre commune, il y a deux ans : sur Villejuif , aucun vieux tuyau. Il appartient au Syndicat intercommunal de la Géothermie (Sygeo) qui réunit les 3 villes. Il est géré par la Semhach, service public local lui aussi public. Le Sygeo fait les très gros investissements : il est en train de couvrir tout Villejuif à l’ouest de la Nationale 7. Tous les immeubles publics, l’OPH , les hôpitaux, tous les immeubles collectifs qui le souhaitent vont être raccordés en quelque années. La Semhach fait tout le reste, y compris l’entretien de la fameuse tuyauterie.
Le Sygeo contracte donc les plus grosses dettes mais les rembourse rapidement et sans problème, et facture à la Semhach l’utilisation de ses installations. La Semhach fait un chiffre d’affaire de 15 millions (impôts et frais financiers compris) et dégage un excédent de … 36 000 euros, ce qui signifie qu’elle vend son chauffage aux habitants à prix contant.
C’est le plus grand réseau de géothermie d’Europe, et l’un des moins cher de France : le prix de vente moyen de la chaleur est 43% plus cher que celui de la Semhach ! Et un chauffage électrique individuel revient près du double à l’usager. La chaleur distribuée est à 67% géothermique, c’est à dire SANS POLLUTION, sans dégagement de gaz à effet de serre. On estime que d’ici 2030, la production venue du puits de Villejuif peut encre augmenter de 80% par rapport à 2018.
Mais il y a aussi du gaz en appoint, et c’est LE problème en suspens. C’est ça le « mais… », et je vous l’expliquerai une autre fois. Et absolument pas cette histoire de tuyauterie.
Venons-en enfin à cette ahurissante accusation de F. Le Bohellec : on ne s’occuperait pas de renouveler la tuyauterie.
La tuyauterie la plus ancienne a trente ans, l’age des puits de Chevilly et l’Haÿ (ceux de Villejuif sont tout neufs). Qu’est-ce qui aurait pu abimer les tuyaux ?
Il y a d’abord les tuyaux où circule l’eau du Jurassique, prélevée et réinjectée à 2 km sous-terre. Cette eau est très corrosive. Nous avons donc procédé, au bout de trente ans, au « rechemisage » des tuyaux des deux vieux puits , ceux de l’Hay et de Chevilly. « Rechemiser », c’est mettre une gaine de céramique à l’intérieur des tuyaux existants. Cette céramique a permis de maintenir la fluidité de l’écoulement malgré la diminution du diamètre. Nous avons fait ça il y a trois ans. F. Le Bohellec, qui théoriquement siège au Sygéo, aurait dû se tenir au courant, ne serait-ce qu’en lisant les ordres du jour. Visiblement non !
Il y a ensuite le réseau de surface, qui s’arrête au pied des bâtiments (la suite, jusqu’aux appartements, ce n’est plus la Géothermie). Là, contrairement à ce que semble croire encore F. Le Bohellec malgré toutes les explications qui sont données par exemple sur ce site, c’est de l’ eau pure qui circule, absolument pas corrosive. Un tuyau de distribution des eaux peut durer plus d’un siècle.
La corrosion peut venir en revanche par l’extérieur, si le tuyau baigne dans un terrain où s’infiltre une eau polluée. Oui, mais où ? On ne le sait qu’à l’expérience, quand une fuite se manifeste.
Si je comprends bien ce que F. Le Bohellec suggère de faire, c’est changer par précaution tous les tuyaux, au bout de trente ans. Il y 88 km de tuyaux dans 36 km de tranchées. Le maire de Villejuif a-t-il l’intention de rouvrir toues les tranchées, et changer toute la tuyauterie de nos villes, pas seulement celle du Sygéo mais aussi ceux du Syndicat des eaux, tous les trente ans ? En se limitant au seul réseau Sygéo, il y en aurait pour 11 millions à chaque fois !
F. Le Bohellec a montré qu’en matière de travaux il n’hésitait pas à jeter l’argent par les fenêtres. C’est le contraire qui préside à la sage politique des ingénieurs et experts financiers du Sygeo et de la Semhach et de leurs conseils d’administration. Son attaque, comme celles qu’il lance à tort et à travers contre le Département ou contre le Grand Orly Seine et Bièvre, ne servent qu’à masquer ses propres fautes de gestion, qui lui ont fait perdre la confiance de sa propre majorité.
Alors, que faisons-nous ? Les 202 sous-stations de surface sont surveillées en permanence et révisées tous les ans. Pour les tuyaux, pas question de les déterrer même tous les trente ans, en défonçant les rues. Nous passons des contrats très rigoureux avec des entreprises pour que les fuites soient réparées dès qu’elles apparaissent. Cela nous coute environ 400 000 euros par an. Et quand les fuites se renouvellent à proximité l’une de l’autre, nous constatons qu’il y un problème avec le terrain, et dans ce cas, oui, nous renouvelons d’un seul coup tout un segment de tuyauterie. Ce fut le cas en 2018 dans le quartier Jules Ferry à l’Haÿ : 5 tuyaux, sur 200 mètres de long, furent changés d’un coup et déplacés pour les mettre à l’abri d’un terrain où ils trempaient dans une nappe d’eau douteuse.
Tout va bien à la Géothermie, M. le Maire. Tout ? Non. Le gouvernement, pas plus écolo que vous (comme vient encore de la souligner hier l’affaire de l’huile de palme) ne renouvellera pas les tarifs de rachat avantageux de l’électricité de cogénération. On vous racontera ça une autre fois.
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