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Conseil municipal du 3 avril 2018 (3)
Plusieurs décisions contestables sur le soutien aux projets immobiliers. Et une amorce de débat sur l’armement de la police municipale.
Devant une cascade de projets de nouveaux grands projets immobiliers, l’Avenir à Villejuif est souvent amené à s’opposer, plusieurs fois isolé, parfois soutenu par les socialistes, parfois par les communistes. Un débat d’apparence insignifiante sur le financement de la police municipale débouche enfin sur l’amorce (mais seulement l’amorce !) d’un débat sur ses missions, et la nécessité de son armement. L’argumentation du maire est effarante.
On n’en a pas fini avec les grands projets… Les uns étaient prévus (les ZAC), d’autres sont tout-à-fait nouveaux. Naturellement, on n’en a jamais discuté : les projets ne sont même pas présentés en commission, il faut tempêter pour en avoir les plans. « Le promoteur ne nous les a pas encore donnés » dit le maire, et pourtant il faut déjà voter le soutien des contribuables : c’était si urgent ? Finalement ils sont distribués sur table ou projetés sur l’écran au moment du vote ! « Hop, z’avez vu ? Allez, votez. »
Où est le temps où Natalie Gandais, alors première adjointe en charge de l’urbanisme pour préparer le PLU, organisait de larges consultations publiques, intégrait les critiques des riverains, avant de laisser le conseil municipal examiner (deux fois) le projet d’ensemble. Aujourd’hui, quand le maire présente un projet déjà ficelé à la population, les élus d’opposition ne sont même pas invités.
Donc : quand nous ne savons pas, nous votons contre. Et heureusement, car quand on a le temps (après le vote) d’étudier les documents, on découvre de fameux lièvres.
Exemple : sur l’ancien garage IVECO, vaste et profonde parcelle au 137 avenue de Paris, la Sogeprom a un projet énorme, et on nous demande d’approuver un « Projet Urbain Partenarial », ce qui suppose que la Ville soit en effet partenaire. Le maire nous présente le projet, assez complexe : des logements sociaux, des immeubles en accession à la propriété tout au fond de la parcelle, et, tout fier il nous explique : « Et là j’envisage de déplacer le Conservatoire des arts plastiques. Voyez, dans la courette, on pourra exposer des œuvres en plein air. » Super ! Pendant ce temps nous parcourons fiévreusement les plans, et posons la question « Mais l’accès pompiers pour les immeubles en fond de parcelle ? » Gêné le maire explique « le long du projet, au nord ». Au nord, il y a un autre projet (sur l’ancien « Chêne »). En étudiant les plans à domicile, on s’aperçoit que le seul accès possible passe sous un porche…
Dans la salle il y a un représentant de l’association Bien vivre à Villejuif Est qui s’est constituée en réponse à la densification du quartier Bizet.Il s’inquiète surtout de la densité de ce projet, collé à celui du n°131 (l’ex-Chêne, avec le relogement d’Adoma) qui va être tout aussi dense (ce qui pose par ailleurs des problèmes de probité). Le groupe En Marche et le nôtre demandons une suspension de séance pour entendre l’association. Refus du maire, comme d’hab : les suspensions de séance sont dorénavant réservées à sa « majorité »).
Bref nous votons contre, mais la « majorité des 23 voix » (M. Badel compris) vote comme un seul homme.
On doit voter une demande de subvention à la Région pour l’équipement de la police municipale. Il s’agit d’un tiers d’une somme de 360 000 euros. Cette commande ne couvre pas d’armement. Mais plusieurs groupes se saisissent de l’occasion pour dénoncer le fait qu’on s’est réveillé avec une police municipale armée, sans que le conseil municipal n’en ait jamais discuté, alors que toutes les communes qui prennent une décision de cette gravité en discutent avant ! Même le « criminologue spécialiste » ultra-médiatisé Alain Bauer n’est pas pour.
Autre problème : accepter la subvention de la Région nous oblige à dépenser le reste pour ces équipements de la Police. Or nous avons voté contre le budget que nous considérons comme insincère. En particulier, il va falloir diminuer les dépenses. Mais comment seront réparties les coupes ? Si nous bloquons les dépenses policières au niveau qui a été voté (et dont nous estimons qu’elles croissent plus vite que nos moyens), il va falloir couper ailleurs, mais où ?
J’interviens au nom du groupe sur ces deux arguments pour annoncer que nous voterons contre. Contrairement aux anciens de la Liste de Mme Cordillot, nous avons fait campagne très tôt POUR la création d’une police municipale, mais nous n’avons jamais cru que le tout répressif et les armes améliorent la sécurité. Développer la police n’est qu’un des outils, qu’il faut accompagner par l’embauche d’éducateurs, animateurs , etc. Et il faut en discuter collectivement, avec la population, comme nous l’avons fait dès 2013 en ateliers publics.
Là-dessus le maire riposte en lisant un texte interminable, présentant un tableau apocalyptique de la situation sécuritaire à Villejuif, y compris le trafic d’armes et l’activité terroriste. Alors qu’il ne nous a toujours pas dit qui avait mis le feu à la mairie et à la piscine, il présente quasiment Villejuif comme Bagdad. Pour justifier l’armement de la police municipale, Il énumère les victimes policières du terrorisme dans toute la France au cours des dernières années… qui toutes pourtant étaient armées ! Et il passe sous silence la stagiaire Clarissa Jean-Philippe assassinée par Amedy Coulibaly à Montrouge. Pour justifier la mise en place de la vidéosurveillance (qui se discute) il va jusqu’à inventer que Ghlam, le meurtrier d’Aurélie Chatelain, a été indentifié grâce à la caméra d’un hôtel, comme si les Villejuifois ne connaissaient pas par coeur comment il s’est lui-même signalé en appelant le Samu.
Et surtout il n’a pas un mot de compassion pour les centaines de civils assassinés par les terroristes, que bien sûr (enfin, j’espère !! ) il n’a pas l’intention d’armer !
Je lui réponds avec indignation.
Sans clarification de l’usage de la police municipale (ilotiers au service des habitants ou brigade antiterroriste) , le projet intelligent de police municipale, qui aurait dû être consensuel, est saboté par le maire.
Le compte-rendu du Conseil municipal du 3 avril est en 3 parties :
1. Rénovation Lamartine : seulement 51 % de relogés
2. Hausse maintenue des impôts et des tarifs de stationnement
3. Encore l’immobilier. Pourquoi avoir armé la police municipale ?
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