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Le rapport sur l’égalité hommes-femmes révèle la médiocrité des efforts de l’équipe municipale, et le projet d’embauche de nouveaux policiers municipaux souligne le flou volontaire du budget du maire.
C’était un des « rapports manquants » quoique obligatoire du Rapport d’orientation budgétaire (voir l’explication « savoureuse » de M. Obadia). Son examen est sans vote.
Il commence par une longue analyse chiffrée des personnels de la ville. Sans surprise, les femmes prédominent dans les tâches de bureau et d’accueil, les hommes dans les services techniques. Une mairie étant avant tout une administration du secteur tertiaire, les femmes sont prédominantes dans le personnel. Et sans surprise les femmes gagnent moins que les hommes, mais la différence (8%) est moins grande dans la fonction publique que dans le privé.
Et le rapport se termine par une page et demi à propos des actions de l’équipe municipale à ce sujet en direction des Villejuifoises et Villejuifois.
C’est, en l’absence de la maire ajointe déléguée au ressources humaines, le maire qui présente avec satisfaction ce rapport, allant jusqu’à citer Bourdieu pour l’analyse de la domination masculine.
J’interviens au nom du groupe en rappelant d’abord que les féministes n’ont pas attendu Bourdieu, et qu’il aurait pu citer une féministe qui fut longtemps membre du conseil municipal de Villejuif, en même temps qu’une des trois piliers du Collectif National pour les Droits des Femmes : Francine Comte-Ségrestaa.
Sur les données relatives au personnel de la Ville, je souligne que les femmes s’y heurtent aussi au « plafond de verre » dès que l’on regarde les statistiques pour les cadres. Là, l’écart de salaires grimpe à 20%. Or, comme l’ont souligné récemment les syndicats de Villejuif, le maire avait la possibilité d’une action énergique. Il avait le droit de proposer au centre de gestion de la fonction publique territoriale 8 avancements de grade, ce qui aurait permis de relever les salaires de 8 cadres féminins. Or il n’en a proposé que 3, un homme et deux femmes.
Bien plus défaillante encore est la page et demi sur les actions de l’équipe municipale pour promouvoir l’égalité hommes-femmes dans Villejuif. Si l’on retire la demi-page expliquant qu’une trentaine de professionnels concernés par ce sujet se rencontrent régulièrement (bravo), le rapport n’indique que deux actions. Encore parlait-il de « 2016 ». En commission nous avions demandé « Et en 2017 ? et vos projets pour 2018 ? » Le maire a répondu : « On a continué et on continuera ces deux actions. » Les voici.
1. Dans le quartier Alexandre Dumas, un cours de street dance mixte. Problème : il ne touche qu’une trentaine de jeunes, dont une poignée de garçons. Nous connaissons et apprécions le haut niveau démontré par ce groupe de filles, mais en quoi peut-on se satisfaire de cette poignée de garçons qui font l’expérience que les filles se débrouillent, à la dance, au moins aussi bien que les garçons ?
2. Dans le cadre des commémorations de la Grande Guerre qui se dérouleront jusqu’en 2018, un volet concerne le travail des femmes à l’arrière. Nous connaissons ce travail qui en 2016 a en effet donné lieu à une pièce de théâtre grâce à l’association Eklosion, qui ensuite n’a plus été soutenue par la ville. Mais en quoi cela promeut –il l’égalité hommes-femmes ? Les femmes ont fait l’amère expérience, en 14-18, de porter tout le poids de la vie quotidienne de la population et de l’armement et du ravitaillement des troupes, mais après la guerre la Nation ne les en a nullement récompensées, leur refusant le droit de vote jusqu’en 1944.
Pas de réponse du maire, qui pense sans doute que ces deux « actions » sont suffisantes pour tout son mandat.
Le conseil examine ensuite deux rapports qui anticipent sur le débat budgétaire. Le premier est l’état des effectifs au 31 décembre 2017. Il apparaît que, comme les années précédentes, 90 postes, qui sont créés et budgétés, ne sont toujours pas pourvus. Or les budgets sont votés en incluant leur salaire. Donc finalement on constate au mois de décembre que cet argent n’a pas été dépensé et le maire en fait ce qu’il veut. C’est une des raisons du caractère systématiquement insincère des budgets de M. le Bohellec.
Devant nos remarques en commission municipale préparant le conseil, le maire nous avait assuré, sourire en coin : « Mais bien sûr, nous avons l’intention d’engager ces 90 agents ». Notre pari : il n’en fera rien…
Les oppositions votent contre ou s’abstiennent sur ce rapport qui n’est qu’un constat. Le vrai débat porte sur le rapport doublant quasiment les effectifs de la police municipale, par deux opérations :
Les anciens « Agents de surveillance de la voie publique » sont reconvertis à la vidéosurveillance. On n’a plus besoin d’eux, selon l’équipe de M. le Bohellec, puisque le contrôle du stationnement payant est désormais privatisé (suite au fameux vote du 8 décembre actuellement en contentieux administratif). Nous faisons observer que les ASVP n’étaient pas là que pour mettre des contredanses devant les parcmètres, mais auraient pu aussi s’occuper de faire respecter les pistes cyclables. Qui va le faire demain ? Pas de réponse : le plan vélo, pourtant voté à l’unanimité, est bel et bien enterré.
Le recrutement de 18 nouveaux agents pour couvrir une équipe de nuit et une brigade canine.
C’st là que les oppositions se déchaînent, avec des arguments divers :
Est ce bien prioritaire, dès lors qu’on ne crée pas de postes en parallèle pour l’animation des jeunes (le secteur Jeunesse, qui n’était déjà pas gâté sous Mme Cordillot, est quasiment anéanti), ni des postes de médiateurs ?
Est-ce seulement possible compte tenu du projet du budget qui ne couvrirait même pas ces recrutements + les augmentations de salaires automatiques (« glissement vieillesse technicité » ) ? Il est à craindre que ces agents de police soient payés avec les sous des 90 postes qui ne seront pas créés…
Mais, sous-jacent, c’est le débat sur l’opportunité d’une police municipale qui avance. Le maire a beau jeu d’accuser notre groupe et celui de Ph. Vidal d’avoir été d’accord pour la créer mais pas pour la recruter !
Nous répondons de manière détaillée : oui, notre association a été la première à constater l’impossibilité de compter sur l’État pour affecter à Villejuif suffisamment d’agents de la Police Nationale pour contrer la délinquance qui flambait dans la ville (autour de la drogue entre autres), et à proposer le recrutement d’une police municipale. Mais sa montée en régime doit rester mesurée, en continuant à demander des postes de police nationale, en créant autant d’animateurs et de médiateurs, et en tenant compte des contraintes budgétaires. Le « tout répressif » n’empêchera pas des gamins de devenir « guetteurs » pour les caïds. Nous demandons un bilan sérieux de ce qui est déjà réalisé avec la police municipale, et compte tenu du flou sur le financement, nous voterons contre le rapport.
Dans l’ancienne équipe Cordillot, ça continue à bouger doucement sur le principe d’une police municipale, F. Périllat ne s’y oppose plus (Sandra da Silva, également PCF, avait fait de même quelques mois plus tôt).
JF Harel, qui a le pouvoir de A. Gaborit (ex-FN), précise que celui-ci lui a donné consigne d’utiliser sa voix contre le budget, mais pour le recrutement des 18 policiers. Le maire retrouve donc pour ce vote sa majorité de 23 voix.
La suite vous a déjà été racontée ! Un nouveau conseil municipal est convoqué pour ce soir 20 février, pour reprendre le travail bloqué par le maire et ses partisans, dans l’attente de la « récupération » de Mme Dumont-Monnet.
Le compte-rendu du conseil municipal du 9 février est en plusieurs épisodes
1. N’ayant plus de majorité, le maire jette l’éponge
2. Coincé, le maire renonce à un nouveau faux en écriture
3. Police, embauches et égalité hommes-femmes
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