Accueil > Actualités > Fête du croisement des tunneliers à l’Institut Gustave Roussy
... pour "accélérer la densification du Val de Marne " ?
Une foule immense se pressait pour la journée « chantier ouvert », autour du grand puits de la gare où se croisent les lignes 14 et 15 du Grand Paris Express, à plus de 50 mètres sous terre. Une vieille histoire pour les écologistes, que nous vous racontons.
En fait le tunnelier de la ligne 14 est déjà passé le mois dernier, du sud vers le nord, tandis qu’on continuait à creuser le puits, où va maintenant passer le tunnelier de la ligne 15, d’Ouest en Est (il est déjà sous l’IGR). Pour ça on a dû construire un pont, qui deviendra le quai de la ligne 14. On pouvait l’apercevoir, en se hissant au long des barrières. Le fond , c’était trop profond :
La Société du Grand Paris a montré un film accéléré de 3 minutes, impressionnant, qui permet de comprendre ce tour de force.On peut désormais le voir sur leur site->https://www.societedugrandparis.fr/gpe/actualite/gare-villejuif-institut-gustave-roussy-du-creusement-larrivee-du-tunnelier-2856?utm_source=Sarbacane&utm_medium=email&utm_campaign=Newsletter%20février%202020].
Les officiels ont fait de beaux discours, surtout le représentant du Département, Pierre Garzon, qui a expliqué « pourquoi il fallait faire ces deux lignes » :
« Pour diminuer les temps de transports » : c’est vrai.
« Pour la transition écologique, le recul de la voiture » : c’est très bien.
« Pour accélérer la densification du Val de Marne, afin de résoudre la crise du logement » : là, c’est beaucoup moins bien !
Pour les écologistes, la crise du logement ne se résout pas en densifiant encore plus nos banlieues populaires qui n’en peuvent déjà plus, mais en relançant la politique d’aménagement du territoire sur toute la France, où des villes de province dépérissent parce que les emplois migrent… vers l’Ile de France ! Cet immense chantier a déjà bouffé le quart du Parc des Hautes bruyères, et quand les machines partiront, d’autres arriveront pour construire des immeubles sur le parc.
Le maire sortant de Villejuif surenchérit, saluant les 3300 logements qui vont se construire autour de cette gare. Rappel : à l’époque de l’Union Citoyenne, lui et nous défendions, avec l’appui du Préfet de région, la réducion de la ZAC Campus Grand Parc à 1900 logements. Mais l’aménageur, la Sadev, par un coup de force, soutenue sournoisement par F. le Bohellec, en a imposé 3300 (Madame Cordillot voulait 10 000 habitants, soit environ 4000 logements). Quelques jours plus tard, l’Union citoyenne éclatait…
Pour nous, les lignes 14 et 15 sont largement justifiées par la population, telle qu’elle était déjà… en 1992 ! Une histoire qu’il vaut la peine de rappeler.
C’est celle qui fait le tour de Paris par la banlieue. En 1992, les écologistes entrent pour la première fois au conseil régional, dirigé par la droite. Celle-ci n’a pas de majorité sans le FN, la gauche + les écologistes non plus. Nous proposons au Président Michel Giraud (gaulliste) de voter ses budgets, une fois amendés par nous. Nous obtenons ainsi une inversion du budget transport : 2/3 pour les transports en commun, 1/3 pour la voiture (avant c’était le contraire). Et nous faisons inscrire la future ligne 15 au Schéma directeur, alors en révision : un projet nommé alors Orbital, proposé notamment par des urbanistes et ingénieurs écologiste dans la mouvance de l’IAURIF et du Sesame (la cellule prospective de la Datar), dont Alain Rist, élu vert particulièrement bosseur : voir l’historique ici.
Mais la Région n’a pas l’argent pour un tel projet. C’est alors que le Département des Val-de-Marne, en la personne du président Favier, prend le relais. Avec un acharnement qui lui vaudra l’estime de ses collègues de tous les partis, il lance campagne sur campagne, via l’association Orbival.
Quand enfin le Président Sarkozy confie à Christian Blanc un projet ruineux, le Grand Paris Express, qui provoquerait l’urbanisation des derniers espaces agricoles de la mégapole, les écologistes sont contre … mais au mois il réalise Orbital, dont la partie sud, Orbival, est déjà prête sur les plans et dans les esprits. Et c’est donc elle qui se réalise en premier : la ligne 15-Sud.
Là encore, c’est une vieille idée : avoir enfin un transport rapide entre Orly et Paris. Dans les années 80, la droite au pouvoir (Chirac) impose une solution idiote : pour montrer que le privé peut très bien rendre un service public, elle lui confie un métro automatique, Orlyval entre Orly et… le RER à Antony. Pas du tout commode, Orlyval fait faillite.
Mais les Verts considèrent qu’il peut quand même servir comme petit bout de rocade, et Alain Rist impose à M. Giraud son rachat par la Région, qui le confie à la RATP. Sauf qu’on rachète surtout des dettes, c’est pourquoi la RATP exige que le ticket y soit plus cher, jusqu’en 2022 (si ma mémoire est bonne... C’était il y a 30 ans…)
Que faire ? Les urbanistes verts caressent l’idée de prolonger la ligne 14 (lancée par le Premier ministre Rocard) jusqu’à Maison Blanche, là récupérer la branche de la ligne 7 vers Villejuif, et la prolonger vers Orly. Nouvel échec.
Cette fois c’est Marie-Noëlle Lienemann, maire d’Athis-Mons, qui va s’acharner avec succès à faire un tramway, pour desservir depuis le sud et le nord les pôles d’emplois de Rungis, Belle Épine, Rungis. Énorme succès, sauf qu’il reste à réaliser la partie sud jusqu’à Juvisy. Et ça ne convient toujours pas vraiment pour les voyageurs d’Orly.
À nouveau, les Verts du Conseil régional sautent sur l’occasion du Plan Blanc pour réaliser enfin le prolongement de la 14 jusqu’à Orly, et c’est encore mieux : ça double complètement la ligne 7 ! Sauf que, pour N. Sarkozy et C. Blanc, il s’agit d’aller aussi vite que possible entre Orly et Roissy-CDG, sans s’arrêter en banlieue. Nouvelle bataille, où les écologistes sont à nouveau en phase avec le PCF du département : le métro doit aussi desservir la banlieue sud. Cette bataille se cristallise sur la station Trois Communes (pour desservir Lamartine et Hochard). Sous le Président Hollande, c’est enfin gagné !
Après 30 ans de batailles, Villejuif, qui n’avait obtenu qu’un embranchement de la ligne 7 en 1985, va se retrouver avec en plus un tramway et deux lignes de métro supplémentaires. Ces travaux sont un calvaire pour les riverains, mais ça vaudra le coup. Pour desservir des citées déjà construites en 1992 …
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