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Conseil municipal du 11 décembre 18

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20 janvier 2019
Alain Lipietz

Quand le maire réinvente « l’insincérité budgétaire »

Vote sans surprise d’un budget cyniquement insincère. Mieux vaut tard que jamais : voici enfin mon compte-rendu du conseil municipal du 11 décembre !

Le 11 décembre, le conseil municipal a voté, dans une certaine indifférence, l’acte le plus important dans la vie d’une commune : son budget pour l’année suivante. On n’était pas très motivé, ni pour débattre, ni pour écrire ce compte-rendu : tout avait été dit, dès le 13 novembre, lors du débat d’orientation budgétaire. Mais bon, ce site est la mémoire de L’Avenir à Villejuif, il est important de le tenir à jour.

Ouvertement, le document du maire annonçait dès le mois de novembre que le budget qui serait présenté le 11 décembre prévoyait un excédent de fonctionnement de 9 millions d’euros (sur un peu plus de 90) mais qu’en réalité le maire viserait 15 millions d’excédents. Donc 6 millions de dépenses au service des Villejuifois, annoncées et votées, ne seraient pas dépensées ! Et pourtant, on reconduirait pour la 5e fois la hausse de 800 000 euros des impôts locaux (aujourd’hui partiellement transférés aux impôts nationaux).

Bref, un budget « insincère » était annoncé : sans connaître exactement les recettes de la ville (elle ne seront connues qu’en mars 2019), le maire affichait un programme de dépenses tout en prévenant que le réaliserait pas ! Et qu’il ferait ce qu’il voudrait.

Et ce soir, 11 décembre, on examine ce budget-fantôme.

Mais le maire tient à se défendre de l’accusation, qu’il a bien entendue le mois dernier et visiblement bien lue dans notre compte-rendu du 13 novembre. Et pour cela, il réinvente la définition des mots « budget insincère ».

« Le budget, déclare-t-il en introduction, n’est pas un engagement de dépenses dans les différents chapitres. Il ne fixe que le maximum de dépenses possibles dans tel ou tel chapitre. Nous nous efforçons de dépenser le moins possible. J’ai compris qu’il fallait d’abord fermer le robinet de l’endettement. Et nous allons pourtant beaucoup investir pour rattraper le retard qui a été pris. »

Je lui réponds au nom de notre groupe. Il n’y a en fait plus d’enjeu : depuis que M. Badel a été « racheté » à la liste Cordillot, depuis le non-départ de Mme Dumont-Monnet qui a finalement préféré garder un poste de conseillère adjointe rémunérée, depuis la démission de notre amie Sylvie Thomas, remplacée par Mme Esclangon, laquelle , quoique Modem, soutient sans état d’âme apparent le maire (pourtant désormais tendance droite-Wauquiez, déjà plusieurs fois condamnés par la justice et sous le coup de plusieurs enquêtes de police), le maire dispose d’une majorité-godillots confortable de deux voix et demi, et peut tout se permettre.

Mon intervention au nom du groupe

Pendant le discours du maire, je consulte fiévreusement mon smartphone pour avoir une définition « objective » de « budget insincère ». Celui me donne immédiatement la définition du Wiktionnaire : « Un budget insincère est un budget voté en équilibre mais dont le conseil sait parfaitement qu’il ne tient pas la route (minimisation des dépenses par rapport aux ressources) et que des décisions budgétaires modificatives devront être votées en cours d’année pour enregistrer des ressources nouvelles ou pour annuler ou pour reporter à l’année suivante des dépenses initialement prévues. »

Je lis d’entrée cette définition et constate que c’est exactement ce que fait chaque année le maire : on vote des dépenses, puis en fin d’année on vote un budget supplémentaire ou rectificatif annulant tout un programme de dépenses. En novembre dernier (voir ici, point 3) il y en avait déjà pour 32 millions, votés, budgétés, non dépensés !!.

Je rappelle ce qu’est la définition républicaine d’un budget : sur la base de recettes raisonnablement estimées (il s’agit de nos impôts), le conseil décide démocratiquement d’attribuer à telles et telles dépenses l’argent des Villejuifois. Ce n’est pas un (seulement) une autorisation de paiement maximum, comme feint de le croire F. le Bohellec. C’est un choix du conseil municipal : on dépensera tant pour la solidarité, tant pour la sécurité etc.

On peut se tromper et ré-ajuster en cours d’année les dépenses aux recettes réelles (par exemple modifier le rythme du désendettement : actuellement les taux d’intérêt réels sont quasi nul, se désendetter aujourd’hui ou l’an prochain ne fait pas de différence). Mais annoncer à l’avance qu’on ne réalisera pas les dépenses votées , c’est le comble du cynisme : le maire annonce en fait qu’il fera ce qu’il voudra.

Je donne un exemple au hasard : le budget annonce un budget pour le CCAS (action sociale) de « 1,128 million d’euros, soit 57 000 euros de plus que l’an dernier ». Mais comme il est annoncé que 6 millions d’euros votés ne seront pas dépensés, quel sens donner à cette précision à 4 chiffres : 1,128 ? Pourquoi ne pas écrire 1,13 ou 1,12 millions ? C’est ridicule : le maire peut (selon lui ) réduire cette dépense à 1 million...

Le maire présente le budget 2019 comme un « budget de préparation de l’avenir ». Parce que les précédents ne l’étaient pas ? Il précise « un budget d’investissement de 52,4 millions » afin de « rattraper les retards pris dans le passé ». Je rassure aussitôt Mme Cordillot : pour une fois ce n’est pas elle qui est visée, mais une autocritique du maire. En effet, l’an dernier (2017), les deux tiers des investissements votés et budgétés n’ont pas été réalisés !

Pour un maire qui prétend porter la population de la ville à 90 000 habitants (57 000 aujourd’hui) d’ici 2026, ces « retards accumulés » frisent l’irresponsabilités. On devrait déjà être en train de construire, non pas 1 groupe scolaire (décidé sous la mandature de Mme Cordillot) mais 2 ou 3 (comme F. le Bohellec l’annonçait en 2014, alors même qu’il prétendait ralentir la croissance de la Ville !) ; on devrait déjà élargir les trottoirs, les égouts, et construire les parcs et espaces publics pour cette population appelée à exploser, car les logements futurs sont déjà en train de sortir de terre : la Ville est couverte de grues.

Je rappelle enfin que, en maintenant le même taux d’impôt locaux alors que les exemptions ont été modifiées en 2015, la charge annuelle d’impôts pour les Villejuifois augmente toujours de 800 000 euros par an… Certes, maintenant ça passe par le budget national. Pas entièrement, pas pour tout le monde. Mais qu’au moins ça serve aux Villejuifois !

Quelle différence avec l’époque de l’Union citoyenne (2014-2015), avant notre départ, quand les problèmes financiers de la Ville étaient présentés et discutés avec le public, y compris avec l’opposition, qui faisait des remarques utiles !

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