Accueil > Actualités > La folle nuit du conseil municipal
Comment le groupe Vidal, en remettant tous ses pouvoirs à la droite, a mis celle-ci à la merci des oppositions de gauche et écologiste.
Vendredi en fin d’après-midi, la nouvelle tombe par mail : le groupe Vidal a décidé de bouder le conseil municipal de ce soir (au programme démentiel), suite à l’arbitrage du maire en faveur de Mme Ouchard contre Mme Loudière au sujet des Atsem (voir « Atsem : la folie destructrice de la nouvelle majorité », complément au 24/6). Mais pas d’ambiguïté : les vidaliens donneront tous leurs pouvoirs à la droite, qui reste donc majoritaire.
Sauf que… Natalie Gandais consulte le Code Général des Communes, et vérifie les conditions de quorum : la moitié des conseillers doivent être physiquement présents (les procurations ne comptant pas) pour commencer le conseil, ainsi qu’au début de chaque débat. Du coup, les oppositions ont le moyen, si elles s’accordent, d’interrompre le conseil à tout moment : en quittant la salle !
En arrivant à la mairie, dans la foule des agents qui manifestent pour le maintien du Casc, elle suggère aux groupes de gauche d’y réfléchir.
J’aborde mon homologue du PCF, Franck Périllat. Je le sens réticent : « On est obligé de voter le Compte administratif 2015 avant le 30 juin. Qu’arrive-t-il si on ne le fait pas ? ». J’ai vérifié aussi la loi : le préfet doit intervenir, sans préciser comment. Je rappelle à F. Périllat que la mise en tutelle serait la meilleure chose qui pourrait arriver aux agents, au bord de la dépression collective avec risque, à court terme, d’un drame (agression ou suicide). Mais visiblement, le PCF n’est pas prêt à commencer tout de suite « le grand jeu ». F. Périllat propose de commencer par tester la tactique à propos de l’aire de repos des gens du voyage, (j’explique plus loin de quoi il s’agit).
Je donne mon accord et consulte notre groupe. Pour Sylvie Thomas, il est important de faire voter les subventions aux associations. Les votes qui nous embêtent sont après : le vote sur le Casc, le vote sur la ZAC Aragon.
Au début du conseil, à l’appel, on apprend à qui les Vidaliens ont donné leurs pouvoirs : P. Vidal à J. Carvalho, L. Loudière à A. Lecavelier, A. Caporusso à C. Casel et P. Nunes à J. Mostacci.
Très intéressant ! J. Carvalho et A. Lecavelier sont des Modem qui ont appelé à voter Hollande en 2012. J. Carvalho est allé directement sur la liste UMP aux municipales de 2014, tandis que A. Lecavelier figurait sur la liste Vidal-Casel. Mais il a quasiment rejoint la liste du maire depuis les régionales, fin 2015. Le groupe Vidal ne compte plus en réalité que 4 membres, Anne-Lise Boyer nous ayant rejoint et C. Casel l’ayant quitté pour rejoindre de fait la liste Obadia, dont fait partie J. Mostacci. Par leurs choix, les Vidaliens se positionnent exactement sur les positions réelles de leurs votes de ces deux années : des centristes, hollandais, vallsistes ou macroniens, qui furent centre-gauche il y a quelques années, et désormais ralliés à la droite.
On aborde aussitôt la question du rapport sur l’aire de repos des gens du voyage (à ne pas confondre avec l’hébergement des familles Roms, qui sont des est-européens sédentaires. Les gens du voyage sont des nomades, la plupart français, pas forcément « gitans ».)
Rappel : dans le projet initial de PLU de Mme Cordillot, il n’y a pas de terrain prévu pour le passage de leurs caravanes. L’État lui ayant fait remarqué que c’est une obligation pour les communes, le PLU 2013 leur réserve un emplacement sur la ZAC Campus Grand Parc. À l’arrivée de l’Union Citoyenne en 2014, nous lançons une révision du PLU. Je propose à F. le Bohellec de mettre cette aire de campement dans le triangle au delà de l’autoroute du Sud. F. le Bohellec refuse, arguant qu’il a déjà une entreprise à installer là (tartarinade dont nous devrons vite prendre l’habitude) et renvoie l’affaire au Val de Bièvre et au département. Natalie Gandais, intégrant un « rappel » du préfet, remet l’aire des gens du voyage au même endroit que dans le PLU 2013. Mais quand notre projet de PLU arrive dans le courrier des conseillers municipaux pour le vote définitif de décembre 2015, elle a de nouveau disparu !
Or, depuis la veille, nous sommes avertis par un email du maire que le préfet exige qu’on se prononce sur le projet de plan départemental d’accueil des gens du voyage avant le 30 juin, avec un rapport de 70 pages à discuter. Le maire propose de donner un avis défavorable... Tous les groupes d’opposition (y compris JF. Harel) refusent de le lire en quelques heures, et qu’il soit inscrit à l’ordre du jour.
Pourtant F. le Bohellec nous demande en début de séance de voter sa mise à l’ordre du jour, « sinon ce sera comme dit le préfet : avis réputé favorable ». Il s’excuse de ce retard à nous communiquer le rapport : la ville (selon lui) l’a reçu en avril mais « l’administration l’avait perdu ». Tollé dans l’assistance !
Dans son intervention Natalie rappelle l’historique de l’affaire, comment le maire a « joué la montre » en espérant n’avoir jamais à traiter le sujet avant que quelqu’un d’autre (le T 12 ?) ne s’en empare. Elle exprime surtout son indignation contre cette tendance systématique à rejeter toutes ses fautes sur « l’administration ». Et elle enchaine :
« Je veux exprimer, monsieur le maire, au nom du groupe L’Avenir à Villejuif, nos vœux de meilleure santé aux 230 agents de la ville qui sont aujourd’hui en arrêt maladie. Nous avons une pensée toute particulière pour monsieur Salzenstein, le directeur général des services, dont nous avons pu constater à maintes occasions la très grande loyauté à votre égard comme son engagement auprès de tous les agents pour tenter de mettre en musique, sur le plan administratif et opérationnel, les orientations de feue l’Union citoyenne. Nous espérons sincèrement son retour prochain parmi nous.
Nous voudrions également saluer celle et ceux, trop nombreux hélas parmi les cadres comme parmi les simples agents, qui nous ont quitté récemment ou qui s’apprêtent à le faire. Nous les remercions chaleureusement pour le travail qu’ils ont accompli pour la collectivité, au service de tous les Villejuifois, mettant en ouvre après notre élection les nouvelles orientations politiques tout assurant la continuité de l’action publique comme c’était leur devoir. Nous leur souhaitons la meilleure réussite, professionnelle et familiale, là où il sont ou seront désormais. »
Vifs applaudissements dans le public : les agent(e)s sont venu(e)s en nombre pour l’affaire du Casc. On passe au vote sur l’inscription du rapport à l’ordre du jour : évidemment la droite, avec les mandats vidaliens, a la majorité.
Les oppositions se lèvent et Franck Périllat annonce : « Bon, alors on s’en va et on vous invite à vérifier le quorum. » Aussitôt le maire déclare une suspension de séance.
Dehors, Natalie est remerciée chaleureusement par les agents. Le maire réapparait et nous annonce que la majorité renonce à débattre du rapport.
Et d’un.
La séance reprend, avec des débats riches et intéressants que je raconterai palus tard. Avec le ralliement des Vidaliens qui lui ont abandonné tous leurs pouvoirs, la droite est sûre de sa majorité et ne craint aucune surprise. Mais en réalité c’est l’occasion pour les diverses opposition (L’Avenir à Villejuif et les trois groupes issus de l’éclatement de la liste Cordillot) de commencer à débattre vraiment, devant le public et devant la droite agacée, de leurs convergences et de leurs divergences, « au cas où… »
Il est déjà une heure et demi du matin, le conseil a commencé à 19 h 30 (il y a 6 heures) et il reste la moitié des votes, dont les débats importants sur le Casc et la ZAC Aragon, pour lequel les habitants du « triangle des expropriés » sont venus en famille dans le public, comme au temps de Mme Cordillot.
On approche du débat sur le Casc. Nous savons depuis l’interruption de séance que le PS a une proposition de compromis, calqué sur ce qui se passe à la CAVB où l’un des socialistes est fonctionnaire : combiner le Casc et le Cnas. Ce serait une manière élégante de sortir du conflit par le haut, sans vainqueur ni vaincu.
Nous sommes décidés à proposer ce compromis, faute de quoi nous bloquerons à nouveau le conseil. Natalie précise qu’il faut absolument être « déjà » absents au début du débat pour « faire tomber le quorum ». Il est décidé que l’on demanderait une interruption de séance avant la fin du débat précédent. C’est le PS qui l’annonce.
Dehors, après ultime vérification auprès des délégués du personnel, on va présenter à F. le Bohellec le projet de compromis. Celui-ci réunit la droite. Il revient nous annoncer le refus du compromis. Clairement, il s’agit pour la droite et ses mandants vidaliens d’infliger une leçon aux agents et une défaite aux représentants du personnel. Nous rentrons en salle et annonçons notre départ. Nous sommes le samedi 25 juin, 2 heurs du matin.
Tandis que nous plions nos affaires, le maire annonce la reprise des débats le samedi suivant : cette fois il n’y aura pas besoin de quorum.
Après notre départ, la droite se réunit avec les services.
Et déjà un changement : le CM aura lieu vendredi et pas samedi. Mme Honoré, la responsable des affaires juridiques, qui fut la cheville ouvrière des conseils municipaux, rappelle qu’elle quitte Villejuif le 1er juillet. Le maire la remercie et se tourne hypocritement vers l’autre cheville ouvrière des conseils municipaux, M. Pichonnier : « Rassurez-vous, vous ne resterez pas seul longtemps ». « En effet, répond celui-ci, je pars en septembre ».
Le dernier à partir éteindra la lumière.
1. La folle nuit du conseil municipal
2. Le budget et la souffrance des agents
3. L’Office (municipal ?) des sports... Et suites (Serfati, expulsion de l’USV)
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