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25 novembre 2015
Alain Lipietz

La géothermie à Villejuif pour la COP 21

La géothermie est « l’autre » grande contribution de Villejuif, avec le Plan Vélo, à la lutte contre le changement climatique.

Dans les deux cas il s’agit à la fois de faire des économies d’énergie (et donc pour notre porte-monnaie...) et d’utiliser une énergie moins polluante, tout en améliorant la qualité de vie et le pouvoir d’achat.

Vous me direz « et l’emploi ? ». Il y en a, mais pas plus d’une quinzaine d’emplois pérennes : dans la future usine et dans l’atelier -vélo que l’on espère, selon le modèle de Rayon Vert. Non, le but principal c’est la lutte contre l’effet de serre provoqué par les carburants brulés.

Le principe

Nous vous avons déjà présenté la géothermie. Il s’agit de puiser de l’eau chaude à 2 km sous terre, d’échanger sa température avec un circuit de surface, et de la réinjecter dans la même couche géologique. Le circuit de surface sert à chauffer plusieurs quartiers (en fait : les immeubles à l’ouest de la Nationale 7) et leur fournir l’eau chaude sanitaire. Cela leur coûtera 20 % moins cher que les charges de chauffage classiques.

Mais surtout cette technique n’émet pratiquement pas de gaz à effet de serre, car même les pompes fonctionneront à l’électricité, y compris pour récupérer (par une « pompe à chaleur ») la chaleur de l’eau tiède qui revient en fin du de circuit de surface (une première ! ). De l’électricité nucléaire ? La ville de Villejuif a choisi un contrat d’électricité « renouvelable » pour ses batiments (pour l’instant c’est encore un peu plus cher), ce n’est pas encore le cas du Syndicat Intercommunal de la Géothermie (SIGéo, géré par la Semach). Il y aura néanmoins des relais de chauffage au gaz (comme actuellement aux Lozaits, déjà branchés), car la géothermie est insuffisante en hiver.

Quant à l’aspect financier, pas de problème. C’est très rentable, donc le SIGéo a obtenu des prêts facilement, couverts aujourd’hui par les excédents de ses puits précédents.

Où en sommes nous ?

Les deux puits, d’extraction et de ré-injection, sont terminés (non sans inquiétudes !). Il reste à construire l’usine avec les pompes et échangeurs de chaleur, sur le terrain rue Jean-Baptiste Baudin, à brancher notre usine sur le circuit principal déjà déployé il y a 30 ans à L’Haÿ les Roses et Chevilly (et aux Lozaits), à construire un réseau secondaire vers les immeubles de l’ouest de Villejuif.

Pour l’usine, on a pris du retard, car le plateau de Villejuif est un vrai gruyère (à cause des carrières de gypse et des cavernes spontanées) et justement, l’usine est juste sur un trou souterrain qu’il a fallu boucher en injectant une sorte de béton. On pense qu’elle sera terminée en janvier.

Le raccordement au réseau du SIGéo empoisonne Villejuif, car il passe tout le long de la rue de Verdun et, malgré un an d’efforts pour éviter ce télescopage, nous a obligé à fermer cette voie nord-sud en même temps que les travaux du métro fermaient la rue Jean Jaurès.Le métro aussi sera un puissant moyen de lutte contre l’effet de serre. (OK, le métro c’est pas Villejuif mais le Conseil régional et son VP aux transports , Pierre Serne, EELV, et l’Etat). Bon, pour la rue de Verdun y en plus que pour quelques jours. Ensuite, au fur et à mesure des raccordements des immeubles, on aura des chantiers coupant une rue pour une journée...

Résultat : les riverains de la rue Jean-Baptiste Baudin souffrent, car il fallu beaucoup de camions pour combler la « caverne », et les tuyaux de tout le réseau sont entreposés sur le même terrain... Le directeur, Monsieur Andrès, qui subit nos foudres, en est bien conscient et prie les riverains d’excuser ces désagréments. Ils en seront récompensés : entre l’usine et la rue il y aura un jardin en partie potager (pour l’école Joliot-Curie) et une salle commune dédiée principalement à la pédagogie du développement durable, mais servant aussi de salle de quartier.

Et c’est durable ?

Pour l’eau chaude souterraine : bien sûr , car l’eau réinjectée dans les couches géologiques (mais il en arrive aussi, très lentement, depuis le Jura...) se réchauffe à la chaleur des profondeurs de la Terre.

Le problème, c’est le matériel, et en particulier les tubes des puits, dont l’acier se corrode, car l’eau souterraine qui y circule a croupi dans une sorte de saumure. Les puits de l’Haÿ et de Chevilly devaient être réparés au bout de 30 ans, et c’est pourquoi ces villes ont demandé à Villejuif (qui dans l’ancienne majorité n’était guère intéressée) de construire la 3e paire de puits.

Cette réparation des puits de l’Haÿ et de Chevilly a eu lieu cet été. Elle a consisté à glisser une « chemise » neuve dans les tubes existants. Nous avons choisi, après avoir été bien conseillés, des chemises en fibre de verre plûtot qu’en acier. Procédé révolutionnaire qui nous a valu une bonne subvention de l’État.

Normalement, le diamètre des tubes ayant rétréci après ce « rechemisage », on s’attendait à plus de « perte de charge », donc plus de dépenses d’électricité pour pomper l’eau puis la refouler à 2 km de profondeur. Chose merveilleuse : pas du tout ! Non seulement la surface de la fibre de verre se corrode moins (on espère...) que celle de l’acier, mais on découvre qu’étant en somme plus lisse, elle provoque moins de turbulences et laisse passer le même flux d’eau dans un diamètre plus petit.

Bref, avec sa pompe à chaleur entre les deux extrémités du circuit de surface et ses chemises de fibre, le SIGéo a mis la haute technologie au service du développement soutenable, et des économies. Les citoyen-ne-s sont moins impliqués que dans le Plan Vélo, mais pour un ingénieur en retraite c’est assez rigolo à suivre...

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