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29 janvier 2014
Alain Lipietz

« Dépouille » à l’Epita : le Commissaire se déplace enfin.

Quelques leçons pour la sécurité.

Alertée par des élèves de l’Epita (une école d’informatique), Natalie Gandais a souhaité rencontrer le Commissaire du Kremlin-Bicêtre à propos des agressions répétées des étudiants par une bande locale. Elle se proposait d’y aller avec une habitante des Feuillantines, immeuble également « rançonné », et qui lui avait écrit une lettre collective.

Le commissaire a refusé : il ne reçoit « que les élus », c’est à dire, pour le moment, Mme Cordillot, maire sortante ! Or celle-ci ne fait strictement rien pour la sécurité et la tranquillité publique, si ce n’est justement demander « un commissariat de plein exercice » (c’est-à-dire casser en deux le commissariat du KB, un morceau s’installant quelques centaines de mètres plus loin, à Villejuif). On tourne en rond.

Les agressions ont ainsi continué à l’Epita, frappant paraît-il un étudiant sur quatre ( !) jusqu’à ce qu’un exemple particulièrement atroce (avec 15 jours d’ITT pour la victime) secoue les consciences. A quelque chose malheur est bon : cette fois ce sont les Parents d’élèves qui ont fait bloc, dont l’un avait accès direct au cabinet de Valls, lequel aurait passé un savon au préfet et au commissaire…
Et finalement le commissaire du KB s’est déplacé à l’Epita pour rassurer les élèves.

Affaire à suivre. Il est probable que pendant quelques semaines le Commissariat mettra une Brigade Anti-Criminalité sur le chemin de l’Epita au métro… C’est-à-dire qu’il fera fonctionner un bout de la police « judiciaire » (répressive) en police « administrative » (préventive), ce qui n’est pas une solution saine ni durable.

Alors, quelles solutions ?

La « circonscription policière » du commissariat du Kremlin-Bicêtre, qui comprend notamment Villejuif, est la plus dangereuse du département avec celle de Villeneuve-Saint-Georges, pour ce qui est des agressions les plus traumatisantes, les agressions avec violence pour « dépouiller » (voir les statistiques ici).

Cette montée de la violence a conduit L’Avenir à Villejuif à organiser, avec deux spécialistes d’envergure nationale, un atelier public, le 4 juillet dernier, qui a permis de mesurer la dégradation vertigineuse de la situation à Villejuif. Yazid Kherfi et Serge Supersac nous ont expliqué (voyez leurs petites vidéos au début du compte-rendu) comment résister au sentiment d’insécurité, et à l’insécurité elle-même :
-  d’abord s’organiser entre usagers et riverains,
-  puis mettre les autorités devant leurs responsabilités.

C’est ce qu’ont fait les habitantes des Feuillantines et les élèves de l’Epita. Et c’est là que ça coince, si la maire (« premier magistrat de la Ville ») ne veut pas organiser la prévention.

Car QUI EST « RESPONSABLE » ? Selon la loi, c’est à la Ville qu’il incombe d’organiser la prévention, le commissariat ne pouvant s’occuper que de la répression. Or les gens préfèrent éviter les agressions, plutôt que les voir punies… après coup !

Donc les villes doivent se doter de polices municipales de prévention. C’était le cas avant-guerre : les « sergents de ville » (ou les gardes-champêtres). Et c’est le régime de Pétain qui a « nationalisé » toute la police, pour la contrôler. A la Libération, la guerre froide a conduit les gouvernements à consolider le système des « gardiens de la paix ». Aujourd’hui, la loi revient au système des « sergents de ville ».

D’où le plan très articulé présenté le 13 novembre par Natalie Gandais : de la prévention très en amont par l’emploi et la citoyenneté, en passant par la médiation, la police municipale de proximité, et enfin la répression qui incombe effectivement au commissariat.

Le Parti communiste villejuifois considère que confier la prévention aux villes, c’est « mettre sur leur dos une charge indue, alors que les subventions diminuent ». Il y a un vrai problème de répartition des charges entre l’État et les collectivités locales. Mais refuser de s’occuper de tranquillité publique en attendant une réforme fiscale est inacceptable. L’Avenir à Villejuif prendra en charge le problème avec les moyens du bord.

Exemples ??

• Le budget Cordillot « Communication » (interne et externe), c’est 1 600 000 euros. Celui de la « Prévention, Médiation, Sécurité »… dix fois moins ! Nous inverserons ce rapport.
• Il nous faudra une cinquantaine de médiateurs et policiers de proximité. Nous les recruterons et formerons parmi les 1300 salariés de la ville.

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Commentaires

3 Messages

  • Sylvie Thomas 29 janvier 2014
    18:07

    Oui, ça serait peut-être pas mal qu’il y ait un peu de présence dans les rues. Le point de vue de Mme la Maire se défend bien sûr, mais la loi dit effectivement que la tranquillité publique relève du maire et il faut faire preuve de pragmatisme, les moyens de l’Etat on peut les attendre encore longtemps. Ces anges-gardiens pourraient canaliser les jeunes et même accompagner les personnes âgées pour retirer de l’argent au distributeur ! Néanmoins, des questions subsistent : seront-ils armés (auquel cas on peut craindre des bavures), quelle formation auront-ils, comment sera-t-elle validée ? Comment se déplaceront-ils (comme ceux de la BAC qui ne sortent guère de leurs voitures ?). Que feront-ils si leur intervention tourne mal ? Par ailleurs, à quoi servent les actuels agents de ville ? Et qu’est-ce que ça veut dire que les commerçants et les riverains doivent s’organiser, ils vont pas faire des milices quand même ?...
    Sylvie

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    • Alain Lipietz 31 janvier 2014
      18:15

      Bonjour Sylvie
      c’est en effet une proposition qu’il faut débattre, et affiner !
      La notion de « police municipale » évolue dans le temps. C’est d’abord une conquête révolutionnaire (loi du 14 décembre 1789), abolie par le régime fasciste de Pétain (acte de 1941, malheureusement non abrogé à la Libération, sans doute pour organiser la chasse aux collabos, mais ensuite pour faire la guerre froide aux communistes).

      Elle est rénovée par la gauche plurielle de Jospin (lois du 15 avril 1999 et du 15 nov. 2001) et confirmée sous Chirac (la LOPSI du 18 mars 2003, encore en vigueur), tandis que Sarkozy supprime la police de proximité du coté de la police nationale.
      Bref, si on veut de la police de proximité, préventive, elle ne peut être que municipale, Valls n’ayant pas l’intention de mettre un sous dans une police de proximité et de prévention nationale.

      De quoi s’occupe la police municipale ? de ce qui est le devoir du maire (Code général des collectivités territoriales) : « le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publique ». Elle ne fait pas de « police judiciaire », tel que : arrêter les délinquants. Cela reste le boulot de la police nationale. Mais le maire peut décider d’armer sa police, y compris de pistolets (c’est le cas de 40% des p.m. en France)

      Sommes nous pour armer notre police municipale ?
      A mon avis non, puisqu’il font de la prévention, ils n’ont pas affaire à des délinquants, en général, et leur uniforme les protège déjà. Mais il ne faut pas être dogmatique. Le risque de bavure est le même que pour la police nationale : ce n’est pas l’origine de la feuille de paie qui détermine si le policier est en situation dangereuse, s’il a du sang froid ou s’il joue les cow-boys. C’est d’abord un problème de formation.

      Il existe plusieurs écoles préparant au concours et au diplôme national de policier municipal, mais nous veillerons à ce que nos policiers reçoivent une formation au règlement pacifique des conflits.

      Ensuite, nous tenterons dans un premier temps de bien articuler la police municipale de proximité, intervenant en prévention, donc sans armes, et la police nationale (commissariat du KB avec ses BAC) intervenant en cas de délinquance réelle… et notamment en cas d’agression contre des policiers municipaux !

      Encore faut-il que nos policiers soient en danger. Actuellement la police-Cordillot ne veut même pas demander à un automobiliste, qui bouche la voie en se garant n’importe comment, de se déplacer, si ce n’est pas dans son secteur ! Alors, leur demander de protéger les vieilles dames des Feuillantines et les élèves de l’Epita, ou de dégager les halls d’entrée de Lamartine occupés par les dealers, il n’en est pas question pour le moment !

      Notre police municipale sera plus active, et cela provoquera peut-être des réactions violentes de certains délinquants. Dans ce cas se poserait la question de l’armement, si les méthodes non-violentes exposent les policiers à trop de danger.

      Enfin, la police municipale est en France équipée de véhicules variés, du VTT à la voiture. Cela coute de l’argent… Nous financerons ces investissements en réduisant la flotte de véhicules de fonction.

      Mais, comme l’expliquaient nos consultants, Serge Supersac et Yazid Kherfi, c’est d’abord aux habitants qui se sentent menacés de s’organiser, soit pour sortir faire les courses ensemble, soit pour aller discuter avec les jeunes qui font du bruit, soit pour interpeler les pouvoirs publics (mairie, commissariat, préfecture). Il n’est pas question de milice (en France le port d’arme est interdit, sauf permis spécial !)

      Et si les altercations entre voisins (par exemple contre les jeunes qui font du bruit avec leurs motos ou occupent les halls d’entrée) tournent mal ? Avant même d’appeler la police de proximité, il faut un service de médiateurs !

      Il paraît qu’il y en a dejà à Villejuif. J’ai regardé sur le site de la Ville pour les appeler : rien ! Une fois gagnée l’élection municipale, on mettra en place une ligne téléphonique « Médiation-tranquillité » pour que, sur un simple appel, quelqu’un arrive tout de suite.

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  • Alain Lipietz 1er février 2014
    14:59

    Un correspondant nous écrit (voir son billet sur le forum de notre Atelier de juillet sur la sécurité.
    Il attire notre attention sur le Collectif "Rues en paix". Merci pour cet échange d’expériences ! Je recopie ici son message :
    "La démarche rapportée dans cet article et les interviews m’ont beaucoup plu. Nombre de territoires d’Île de France souffrent des mêmes troubles. Habitant les Hauts Belleville, nous sommes confrontés à des problèmes similaires. Pour les faire évoluer, nous nous mobilisons au sein des conseils quartier afin de faire bouger les lignes. Nous venons également de lancer le site web https://sites.google.com/site/ruesenpaix/ pour le Collectif Rues en Paix. Ainsi chacun peut découvrir notre démarche et s’y associer.
    Nous espérons beaucoup de la solidarité entre citoyens et de l’échange d’expériences.

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