Telle est en effet la procédure prévue par la loi Elan : l’encadrement des loyers dépend des Établissement public territoriaux (pour nous : le GOSB). Le GOSB a demandé aux communes si elles étaient intéressées. Le maire de Villejuif a fait le mort. Alors l’opposition a présenté sous forme de vœu la décision de demander au GOSB de l’inclure dans la zone d’encadrement des loyers.

Au conseil municipal du 20 mai, le maire a tout simplement refusé de mettre le vœu aux voix. Donc, ce soir, rebelote : les oppositions déposent à nouveau un projet de vœu commun demandant de répondre Oui à la question du GOSB : oui , nous voulons appliquer l’encadrement des loyers !

Le conseil commence à 19 h. Six heures plus tard – il est 1 heure du matin – on arrive au bout de l’ordre du jour. Près de la moitié des conseillers municipaux, épuisés, celles et ceux qui travaillent tôt, est déjà repartie. Et, première surprise, le maire accepte d’ouvrir le débat sur le vœu .

Le maire-adjoint Jorge Carvalho (qui travaille dans la gestion de patrimoine) se lance dans le discours classique : « L’encadrement des loyers, c’est mauvais pour la construction. » Lui succède un autre adjoint, E. Obadia, qui se vante d’avoir « travaillé, lui, au moins ! ». Il a en effet déniché l’article 140 de la loi Elan qui précise 4 critères pour encadrer les loyers. Ou peut-être a-t-il seulement lu la documentation du ministère. Il a visiblement demandé aux services de lui fournir des chiffres, qu’il nous assène sans citer ses sources en les projetant sur un écran.

Mais quand il arrive au troisième critère, « Taux faible de logements commencés / logements existants (5 dernières années) » il se plante, à l’hilarité de l’opposition : il projette des nombres de 4 chiffres qi ne sont visiblement pas des « taux » (mais alors quoi ?), il ne maîtrise pas ce qu’il lit.

Voici le powerpoint de E. Obadia, que 94-Citoyens a pu se procurer. Attention : il a été présenté de façon ridicule par E. Obadia, mais il est clair qu’il faut un peu forcer la loi Elan, en particulier son 4e critère, pour justifier le contrôle des loyers.

En réalité, le contrôle des loyers sert tout simplement à empêcher le propriétaire de profiter des difficultés des locataires à se loger pour imposer des hausses de loyer démesurées. La hausse des loyers à Villejuif est précipitée par l’arrivée des métros dans les prochaines années. Nous avons cité le cas d’un logement de fonction de 4 pièces pour instituteurs dont le maire F. le Bohellec a fait passer le loyer à… 1600 euros par mois (la famille a dû déménager). Tel est le niveau de prix auquel le maire veut faire passer Villejuif.

Et pourtant, alors que tout le monde s’attend à ce que F. le Bohellec appelle à voter « Non » au vœu, il appelle… à s’abstenir en attendant que le GOSB lui fournisse des éléments chiffrés.

On passe au vote. Docilement, sa majorité suit le maire et s’abstient. Le vœu est adopté avec les voix des oppositions, plus Mme Dumont-Monnet, dont il faut reconnaître qu’elle a toujours été sensible aux difficultés des moins riches.

Pourquoi ce retournement du maire depuis le Conseil municipal de mai ? Il a dû se faire taper sur les doigts par le préfet pour avoir refusé de mettre un vœu aux voix (contrairement à la loi). Mais pourquoi ne pas avoir voté Non ? Probablement le résultat des élections du 26 mai. À Villejuif, ce sont les écologistes qui ont le vent en poupe, et lui a aggravé la chute son parti, Les Républicains (entre autres : par son comportement au conseil municipal de mai, juste avant les élections européennes). Il a noté que l’électorat catholique a voté pour une politique plus sociale que la sienne (ou celle de Bellamy). Il est temps pour lui de mettre de l’eau dans son vin "à droite toute", pour avoir le soutien de Macron , à défaut de celui des écolos.

Nous reviendrons, dans les jours qui viennent, sur ses ahurissantes promesses au cours du conseil municipal, "plus écolo que moi tu meurs"