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19 juin 2013
Natalie Gandais

L’incohérence écologique à Villejuif

Réponse à l’enquête publique du Schéma Régional de Cohérence Ecologique

Le SRCE est le Schéma Régional de Cohérence Écologique.

Il est complémentaire du SDRIF (le Schéma Directeur de la Région Ile de France). Il est consultable en ligne,ici.

L’enquête publique se déroulait du 15 mai au 19 juin.

Madame la Présidente de la commission d’enquête,

Je vous écris en qualité de co-présidente des Ateliers de l’Avenir à Villejuif, une association de citoyens qui se donne pour objectif l’élaboration d’un projet démocratique, écologique et solidaire pour les élections municipales de 2014. Dans cette perspective, nous examinons avec attention les divers schémas qui dessineront l’Ile de France de demain. Ainsi, nous avons envoyé des observations à l’enquête publique du SDRIF et à celle du PDUIF.

Concernant le SRCE, nous nous réjouissons de voir matérialisé sur la carte le tracé d’un « corridor de sous-trame arboré à restaurer » allant de la Bièvre au parc départemental des Lilas.

Extrait de la carte du SRCE
Le pointillé vert foncé sur vert clair est le corridor vert à Villejuif, commune située au nord de l’Haÿ les Roses. Le nom de cette commune sur la carte du SRCE est malheureusement « posé » sur la coulée verte départementale qui longe Villejuif au sud. En hachuré rouge, c’est le parc départemental des Hautes Bruyères.

Nous souhaitons attirer votre attention sur deux points : d’une part, sur les documents d’urbanisme en cours de validation à Villejuif (PLU et CDT) , qui s’apprêtent non pas à restaurer le-dit corridor mais plutôt à le détruire si rien n’est fait pour les contraindre à « prendre en considération » le SRCE, et d’autre part, sur les conditions de fréquentation par les espèces vivantes, humains compris, des divers espaces constitutifs de ce corridor.

1 - Un pointillé qui affirme l’incohérence écologique à Villejuif

Si on examine la carte ci-dessous ( la trame verte du PLU de Villejuif arrêté le 24 avril), on observe de grandes lignes vert pâle, grosso-modo calquées sur celle du SRCE, mais qui passent en pointillés à plusieurs reprises : au nord du parc des Hautes-Bruyères (là où est prévue la gare « IGR » de la ligne Rouge du Grand paris express), ainsi qu’en limite Sud de Villejuif ( là où le nom de l’Haÿ les Roses est « posé » sur la carte du SRCE).

Carte de la trame verte du PLU de Villejuif
Rond turquoise : la ville interrompt le corridor au lieu de le restaurer. Rond pourpre : aujourd’hui environ 6 ha de terres agricoles (établissement horticole, anciens vergers). Voir la photo suivante.

Rond pourpre sur la carte :
Malgré le SDRIF qui dit qu’on doit les préserver, le PLU de Villejuif a classé ces terres agricole en zone AU (à urbaniser), pour satisfaire la communauté d’agglomération du Val de Bièvre qui cherche la plus grande quantité possible de terrain à bâtir, afin d’une part de développer le projet Cancer Campus et d’autre part construire sur notre territoire le plus grand nombre possible de logements sociaux. Ces objectifs sont inscrits dans le Contrat de développement territorial de la Vallée scientifique de la Bièvre, l’enquête publique est en cours.

Ces espaces que les Villejuifois de longue date nomment encore « Terrain des maraîchers » sont aujourd’hui une réelle réserve de biodiversité. Il n’est pas rare de rencontrer des hérissons dans les jardins des maisons riveraines.

Les Maraîchers
Anciens vergers et serres horticoles en activité, avec au fond les immeubles HLM.

L’horticulteur prend bientôt sa retraite et, dans une perspective de restauration du corridor vert, Les Ateliers de l’Avenir à Villejuif proposent d’y créer un espace agricole public, avec du maraichage bio et des animaux, s’inspirant de Planète Lilas à Vitry ainsi que de diverses expériences réussies de réintroduction d’activité de jardinage au coeur des quartiers de banlieue difficiles. Nous allierions ainsi des objectifs écologiques à des objectif sociaux.

Au contraire, si des logements sociaux devaient y être construits, ce serait la fin de la continuité existante du « corridor de sous-trame arboré à restaurer ». Les conséquence pour l’écologie humaine seraient tout aussi dommageables : les habitants seraient exposés en permanence aux nuisances de l’autoroute voisine (bruit, gaz d’échappement cancérigènes), et d’autre part, cela renforcerait les difficultés existants dans ce secteur de Villejuif (voir plus loin).

Rond turquoise sur la carte :
Nous nous réjouissons de la décision du gouvernement de réaliser enfin la ligne Rouge, qui va faciliter les déplacements de banlieue à banlieue et diminuer l’usage de la voiture individuelle. Nous ne contestons pas la nécessité de construire la gare de métro IGR, ni son positionnement au pied de l’hôpital.

En revanche, nous déplorons que la construction de cette gare doivent s’accompagner de la destruction de la partie Nord du parc des Hautes-Bruyères (désormais classé AU ou UE sur le PLU) au profit de la construction de nombreux immeubles (activités et logements), comme l’indique la « mise en pointillé » de la trame verte sur la carte du PLU.

Actuellement l’espace du parc, prolongé par un golf abandonné, s’étend sur tout le Sud de la future station de métro et jusqu’à l’autoroute. Ces espaces le long de l’autoroute A6, exposés aux nuisances (bruit, pollution atmosphérique) ont jusqu’à aujourd’hui - et pour ces raisons - été exempts de constructions et ont pu servir de réserve de biodiversité.

Les Ateliers de l’Avenir à Villejuif proposent d’y maintenir des règles d’inconstructibilité et d’en renforcer, par un traitement écologique du paysage, la fonction de corridor vert, ainsi que le rôle d’écran au bruit, à la vue et à la pollution de l’autoroute.

2 - Une coulée verte pas très coulante

Si Les Ateliers de l’Avenir à Villejuif proposent d’aborder « autrement » la restauration du corridor vert, c’est aussi que les habitants, actuellement, ne profitent pas des espaces verts concernés autant qu’ils le pourraient. Ces lieux ne sont pas respectés ni appropriés comme des espaces de qualité écologique : le parc des Hautes-Bruyère comme la Coulée verte Sud sont considérés par certains comme des terrains de moto-cross et de rodéo-quad, ce qui est dangereux pour les hérissons et les batraciens comme pour les promeneurs, et insupportable (à cause du bruit) pour les riverains.

Il convient de préciser que la « Coulée verte » elle-même, sur laquelle s’appuie le SRCE, manifestement abusé par cette appellation, pour tracer le « corridor vert » n’est rien d’autre qu’une promenade cyclable, au sol imperméabilisé qui de ce fait attire les motocyclistes...

Pour tenter d’empêcher ces pratiques, la Ville (et le Conseil général) multiplient à grands frais les installations de dispositifs « anti-moto », obstacles et chicanes, qui s’opposent aussi au passage des vélos, poussettes, fauteuils roulants, personnes un peu corpulentes, et ne doivent guère attirer les animaux.

Chicane et blocs de pierre « anti-motos » à l’entrée du parc départemental des Hautes-Bruyères...
… chicanes et barrières le long de la Coulée verte sud...
… sont vécues par les habitants comme anti-poussettes et anti-handicapés.

En conclusion, nous proposons d’engager avec les habitants une réflexion sur la restauration écologique de tout le linéaire du corridor vert pour y ré-introduire de la biodiversité, en incluant la problématique « sécurité vivre ensemble », avec le concours de professionnels compétents en espaces verts et en paysage comme en prévention de la délinquance, en s’inspirant de l’expérience des communes qui ont réussi l’appropriation par les citoyens, y compris ceux en difficulté d’intégration sociale, de leurs espaces naturels, espaces verts, espaces agricoles et autres potagers.

Madame la Présidente, j’espère que ces observations seront prises en compte, que la « vision » du SRCE pourra prévaloir sur celle des actuels documents d’urbanisme de Villejuif et du Val de Bièvre, et je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments les meilleurs,

Natalie Gandais

Voir aussi la réponse d’Alain Lipietz à l’enquête publique du SRCE sur le site d’Europe-Ecologie Villejuif.

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Commentaires

1 Message

  • Alain Lipietz 22 juin 2013
    00:22

    C’est quoi une coulée verte ?? Dans son lexique, le site du Conseil général 94 en donne (en anglais !!) la définition officielle (je traduis) : « Parcours au long desquelles les animaux se déplaçant sur longues distances peuvent migrer, les plantes se propager, les croisement de gènes peuvent se produire, les populations peuvent se déplacer en cas de changement dans l’environnement et de catastrophes naturelles, les espèces menacées peuvent être renforcées par des individus venus d’une autre zone. » C’est bien ce que le SRCE appelle "corridor de trame verte" .
    Mais quand le site du CG 94 parle de la Coulée verte Bièvre Lilas, ce n’est plus du tout ça ! C’est seulement : « Ni rue piétonne, ni sentier, plutôt une promenade, parfois un chemin, qui se faufile entre immeubles et pavillons... Sur cette promenade, piétons et cyclistes cohabitent. »
    Ce qui explique que, même comme piste cyclable, on peut faire mieux... Quant aux espèces qui veulent migrer, qu’elles prennent le tram.

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