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15 mars 2019
Alain Lipietz

Pollution de l’air : c’est beaucoup plus grave

Il n’y a pas que le changement climatique, contre lequel nous manifesterons samedi. Il y a la pollution aux microparticules (largement due au diesel). Elles tuent 67 000 personnes par an en France ! Les Franciliens sont conscients du danger, mais sont peu informés sur la ZFE.

Jusqu’ici, après l’Union européenne, qui condamne la passivité de la France sur cette question de la mauvaise qualité de l’air, on parlait de « 46 ou 48 000 morts par an dues aux microparticules ». On évoquait 6000 morts pour la Métropole du Grands Paris, 736 morts par an pour le Grand Orly Seine Bièvre. C’est sur cette base qu’est décidée la création de la Zone à Faibles Émissions à l’intérieur de la A 86.

Beaucoup plus de morts qu’estimé jusqu’ici

Malheureusement c’est encore beaucoup plus grave, selon la dernière étude médicale, qui ne se concentre pourtant que sur les maladies cardio-vasculaires (pas sur les cancers). Le Monde titre : « La pollution de l’air tue deux fois plus que ce qui était estimé. ». Soit 9 millions de morts par an à l’échelle de la Planète et 800 000 par an en Europe (chiffre équivalent à la Première Guerre Mondiale !) : plus que le tabac.

Et pour la France ? 67 000 morts et non 48 000, soit 40% de plus que dans les précédentes estimations. Faut-il en conclure, par une règle de 3, que la pollution aux microparticules tue 8400 morts dans le Grand Paris et 1000 morts par an dans le GOSB ? Probablement plus, car la pollution aux microparticules est plus concentrée en région parisienne, au sein d’une France plus épargnée que les pays de l’Est ou la très dense Allemagne. Voici la carte des « morts en excès » rapportées à la surface :

Et dans la métropole parisienne, ce n’est pas la combustion du bois (première source de microparticules à l’échelle de la France) qu’il faut incriminer : le chauffage au bois y est interdit depuis 2015 (malgré Ségolène Royal). Il s’agit donc essentiellement de morts du diesel.

Sondages : la population est prête… mais à quoi ?

On peut espérer que ces nouveaux chiffres feront réfléchir ceux des maires qui hésitent à mettre en œuvre la Zone à Faibles Émissions. La Métropole du Grand Paris vient de faire deux sondages.

Sondage Mon avis Citoyen, résumé :

Résultats détaillés (attention, 7,7 Mo) :

Sondage Cohda (2,5 Mo) , par âge, catégorie sociale, distance au centre, Crit’Air, réponses sur la ZFE ( on voit qu’elle est très mal connue, et ce qu’il faut expliquer : que les interdictions de circulation sont seulement en semaine de 8 h à 20 h, que les aides au changement de véhicule sont considérables, etc) :

Ces sondages font apparaît plusieurs choses :

-  Une très grande majorité des habitants de la métropole parisienne (en particulier à Paris et dans la proche banlieue) est consciente de la menace qui pèse sur eux. Tout particulièrement les jeunes, évidemment. Les vieux sont logiquement moins sensibles à des périls qu’ils ont déjà franchis en partie.

-  Cette grande majorité est donc « pour » des mesures fermes en faveur d’un air plus respirable.

-  Il faut veiller à l’impact social de ces mesures

-  Mais seulement 8 à 12 % de la population est au courant du plan de mise en place de la ZFE… qui commence le 1er juillet prochain ! Ou alors ils en voient les objections sans connaître ses correctifs. Y a du pain sur la planche.

Quel rapport avec le changement climatique ?

Ce week-end, et dès vendredi avec la grève des lycéens, sera un grand moment de mobilisation contre le changement climatique dû à l’effet de serre. A ne pas manquer !

Mais y-a-t-il un rapport entre la pollution par les gaz à effet de serre qui changent le climat (le gaz carbonique, le méthane, etc) et la pollution par les gaz qui ruinent la santé (microparticules, oxydes d’azote, etc) ? Oui, en ce sens que la combustion dans les moteurs de voiture produisent les deux.

Dans le cas du diesel et des microparticules, le lien est plus fort. En effet, le diesel a longtemps bénéficié d’une prime : moins fiscalisé que l’essence, donc moins cher. On a mesuré (quand l’écart de prix était maximum, dans les années 1990) qu’un ménage changeant sa voiture à essence pour un diesel roulait 20% plus longtemps l’année suivante !

Aujourd’hui, l’écart de prix entre le diesel et l’essence est devenu négligeable, il n’y a plus d’intérêt financier à rouler au diesel. Reste que :

- Pour éviter les +2°, il faut modérer autant que faire se peut la circulation automobile à moteur thermique

- Pour éviter EN PLUS des dizaines de milliers de morts par an, il faut sortir très vite du diesel.

Donc, ce week-end, on a climat !

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