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Conseil municipal du 8 avril 2016

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11 avril 2016
Alain Lipietz

Un budget-fantôme est voté

Comme nous l’avions prévu, après une semaine d’entrechats, Ph. Vidal suivi par tout son groupe a voté son propre budget (désastreux), assurant à la droite sa majorité.

Le conseil municipal commence par l’élection d’une nouvelle maire-adjointe (et une seule) en remplacement de nos élues Monique Lambert-Dauvergne et Sylvie Thomas, qui avaient démissionné pour le ne pas cautionner le scandale de la Halles des sports. C’est Mme Grivot (du groupe Obadia, le plus déchainé contre nos élues) qui l’emporte, malgré l’étonnant succès de la candidature alternative de Mme Dumont-Monnet (dissidente du groupe Obadia). Notre groupe a voté abstention ou nul.

Un budget manifestement insincère.

Le budget Vidal-leBohellec n’est pas tant « désastreux » qu’illusoire. Voici le rapport de présentation (pdf, 1 Mo) :

Il nous est présenté en l’absence de pièces essentielles, dont on disposait encore l’an dernier, notamment sur le détail des principaux postes des dépenses (le personnel, les investissements et l’entretien de nos bâtiments) et des recettes (les ventes de réserves foncières). Il n’y a pas eu cette année de psychodrame sur la vente de la Bourse du travail, obsession de MM Vidal et Obadia, puisqu’on ne nous dit plus rien : il faudra être vigilant. Quant au personnel, il y aura sans doute un redéploiement vers le recrutement de la police municipale, car on nous annonce que le « diagnostic de sécurité » (dont nous sommes tenus à l’écart depuis le printemps de l’année dernière) est enfin terminé. Quoi, combien, à quel coût ? Mystère.

Mais le choc est la découverte du « réalisé » de l’année 2015, qui présente un écart considérable entre ce que nous avions voté et ce qui a été effectivement dépensé. Philippe Vidal, très fier, peut ainsi présenter un budget de fonctionnement en excédent de 5 millions pour l’année 2015, alors que nous avions voté un excédent de 1,7 millions. Lui, le maire ou son cabinet ont ainsi bloqué 3,3 millions de dépenses votées, afin de se faire de la trésorerie ! Et P. Vidal, sentencieux, de préciser qu’il a ainsi évité de « faire de la cavalerie en cédant à la tentation d’emprunter aux taux quasi nul d’aujourd’hui ».

Immense erreur de gestion. Non seulemt P. Vidal ne connaît pas le sens du mot « cavalerie » (difficile de parler de cavalerie quand on est en excédant de gestion). Mais de plus, aujourd’hui, il serait sage d’emprunter à long terme (par exemple pour accélérer la réparation de nos toits – terrasses) à ces taux quasi nuls, plutôt qu’emprunter dans deux ans à un taux qui aura vraisemblablement remonté, pour réparer des toits encore plus dégradés. Bref, et malgré nos avertissements depuis près d’un an, l’équipe le Bohellec-Vidal commet l’erreur symétrique de Mme Cordillot avec ses emprunts toxiques.

Erreur pas seulement financière, mais aussi humaine, car l’examen des chiffres montre ce qui a été gelé et ce qui va l’être encore : tout, sauf le CCAS et la police, donc tout ce qui est prévention, « vivre ensemble », politique de la jeunesse.

Et surtout, c’est une scandaleuse entorse à la démocratie : « Votez tous ce que vous voulez, Mesdames messieurs les élus de l’Union citoyenne, c’est Franck et moi qui déciderons de ce qu’il est bon de dépenser pour le Peuple ».

Un petit détail toutefois. Parmi les rares postes budgétaires où le « réalisé » est supérieur à ce qui avait été budgété : les produits d’entretien ! Je m’en doutais. Nous avons passé l’année 2015 sous la pression des parents s’indignant qu’on manquait de papier de toilette et de produit d’entretien dans les écoles. Nous avons riposté en passant en urgence de nouvelles commandes, pour finalement s’apercevoir que (fauche ou oublis dans des placards ? ) ça ne servait à rien. Une réorganisation complète avec informatisation du circuit des stocks a réglé provisoirement le problème : on n’en entend plus parler dans les Conseils d’école. « Papier de cabinet ? RAS ».

Découvrant ce nouveau scandale du « non-dépensé » en commission, avant le conseil municipal (commission boycottée par les vidaliens) , j’ai dénoncé un « budget 2015 insincère ». La directrice générale adjointe fit observer qu’il n’était pas « insincère » au sens légal. Mais tous les élus d’opposition sommes tombés d’accord qu’il l’était au sens psychologique : le Bohellec et Vidal nous mentaient en inscrivant tel ou tel projet au budget pour nous faire plaisir, avec l’intention de le bloquer ultérieurement.

La première conséquence est que la discussion sur le détail du budget 2016 est devenue inutile : plus personne ne croyant MM le Bohellec et Vidal, on ne peut que voter « Contre », car le budget 2016 est probablement tout aussi insincère que celui de 2015. Il affiche pourtant des hausses parfois considérables, par rapport au « réalisé » de l’an dernier ! Mais ça ne prend plus.

Le débat

Franck Périllat pour le PCF attaque en tête, commence de manière inquiétante par incriminer Bruxelles, puis se recentre sur les choix gouvernementaux (le CICE, cadeau aux entreprises conduisant à la baisse de la DGS, la dotation de fonctionnement aux collectivités locales), puis enfin ceux de le Bohellec et Vidal. Il reprend ma formule « budget insincère » , passe en revue toutes les failles citées plus haut, et conclut : « Le fonctionnement démocratique de notre institution n’est plus assuré. »

Plus tard Mme da Silva, habilement, compare au budget réalisé de 2014, et montre que les diminutions se concentrent sur tout ce qui est dépense au profit de la population, y compris dans le domaine scolaire et périscolaire. Elle rappelle que la baisse du budget CCAS en 2015 était justifiée par l’ouverture prochaine de l’épicerie solidaire, or celle ci a avancé plus lentement que prévu, on pouvait donc réattribuer le non-dépensé au CCAS. Quant aux agents, seulement 78 000 euros ont été dépensés pour leur formation.

Madame Cordillot a fouillé encore plus loin dans la « M14 » (le seul document comptable communiqué). Elle remarque que nos cotisations à l’Unedic, que nous avions critiquées en novembre 2014, baissent vertigineusement, ce qui provoque une certaine panique dans les rangs de la majorité (il s’agit probablement d’une erreur de saisie). Elle voit dans la baisse du budget du pôle technique une promesse de privatisation…

Dominique Girard pour le PS n’esquive pas la critique de la politique gouvernementale (« Mais Sarkozy promet bien pire »), raille notre « divorce de la carpe et du lapin » (mais toujours sans donner son avis sur le scandale de la Halle des sports) et attaque l’adjoint à la prévention sécurité, J. Carvalho, qui a laissé démanteler la politique Jeunesse et toutes les structures de prévention.

Sophie Taillé Pollian ironise elle aussi sur ces budgets « gelés » aussitôt que votés. Elle souligne que de son temps (sous Cordillot) l’opposition, en particulier Cécile Deniard, pouvait critiquer -utilement - le détail du budget parce qu’on lui fournissait une documentation suffisante. Elle interroge M. Vidal sur la réforme des coefficients familiaux, qui semble oubliée.

(Nota bene : P. Vidal ne répondra pas sur ce point. À la défense de P. Vidal, je dois dire qu’il y avait effectivement travaillé avec les services, et que nous, Avenir à Villejuif, soutenions son projet avec quelques amendements. Mais les deux autres groupes de droite y ont mis leur veto.)

Marc Badel (MRC) et Gaëlle Leydier (Parti de Gauche) reprennent les mêmes critiques. Judicieusement, G. Leydier souligne ce qu’il y a de pernicieux à sacraliser les budgets « sécurité » et « CCAS » (pour les plus pauvres) : entre les deux , ce qui est sabré, c’est le « vivre ensemble ».

Monsieur Harel, désormais candidat à la Présidence de la République, se lance dans un grand discours sur l’Etat du monde : si le budget est insincère, c’est que notre système va s’effondrer (On peut en déduire que, puisque ce n’est donc pas la faute de Vidal et le Bohellec, il le votera).

Notre intervention

Au nom du groupe, je dis à peu près ce qui suit (je ne pense pas avoir eu le temps de tout dire…)

« Puisque M. Perillat a repris ma formule de « budget insincère », je parlerai ce soir de « budget Potemkine », comme ces villages de carton-pâte qu’un ministre présentait à la Tzarine Catherine II pour cacher la misère du peuple russe.

Rappelons nous ! Il y a un an, nous, Avenir à Villejuif, trouvions déjà le budget détestable, contradictoire avec les engagements de l’Union citoyenne. Nous avons refusé de le voter, sauf si était adoptée une Délibération Modificative augmentant de 100 000 euros les budgets de la solidarité, de la démocratie participative et de la culture. Ce qui fut fait. Nous avons passé l’année 2015 à essayer de faire respecter le budget ainsi modifié, nous heurtant à des obstacles incessants de la part de M. Vidal et du cabinet du maire. Et nous constatons aujourd’hui l’inutilité de ce combat pour 100 000 euros, quand le « non-dépensé » se chiffre à plus de 3 Millions !

Quelques exemples. Nous avions obtenu 50 000 euros de plus pour la Culture, portant ainsi son budget à 168 250 €. Eh bien ! On n’aura dépensé en 2015 que 115 370 €. Et maintenant vous nous promettez pour 2016 un budget Culture de 150 000 soit une « hausse » de 30%. Et comment voulez vous qu’on vous croie ! Je suis prêt à parier qu’en fait vous avez l’intention de n’en dépenser que moins de 110 000.

Et pour la démocratie participative ! Nous avions porté son budget à 28900 €, vous n’en avez dépensé que 1140, et maintenant vous nous promettez 34 600, soit « une augmentation de 2934,02 % » Et comment voulez vous qu’on vous croie ?

En fait, ce n’était pas une question de trésorerie (les sommes étaient souvent minuscules) , mais la volonté de casser tout ce qu’y pourrait être occasion de liens sociaux à travers de petites initiatives des habitants. Je me souviens d’une dépense de 500 euros demandées au printemps par les habitants, relayés par la Gestion urbaine de proximité, pour acheter des graines et des arrosoirs pour les potagers collectifs. On s’est battu pendant 6 mois pour obtenir les signatures de MM. Vidal et le Bohellec, et finalement on ne les a obtenues qu’à l’automne, quand il était trop tard !!

Vous avez diminué le budget des structures ouvertes, des Maisons pour tous, vous supprimez les fêtes des écoles qui sont parfois, comme à Lamartine, la fête du quartier. Vous vous vantez de sabrer dans le budget « évènementiel », horrible mot pour désigner les fêtes dans la ville.

Mais la Fête, c’est justement ce moment où la communauté fait l’expérience du Vivre Ensemble, où se consume « l’excédant de gestion » pour le transformer en joie de vivre, en souvenirs communs ! La Fête, ce qu’on appelle la « munificence », c’est le bouquet de la « municipalité » !

Nous allons enfin découvrir le "diagnostic de sécurité". Le rapport d’étape que nous avions lu, il y a un an, exaltait l’importance du réseau associatif, le dévouement des bénévoles de l’aide aux devoirs scolaires, des structures de quartier, pour leur rôle fondamental de prévention, de médiation. Est-ce pour vous en débarrasser qu’il vous a fallu un an ?

Allez-y, continuez. Vous me faites penser à un documentaire sur le Siège de Sarajevo, vu récemment à la télé. Malgré les bombardements et les snippers, des bénévoles y assuraient une vie culturelle, des fêtes, des concerts. Une équipe avait monté une comédie musicale, et avait invité les soldats de la République Bosniaque, qui en permanence, au front sous les obus tout autour de la ville, défendaient Sarajevo contre les milices génocidaires de Karadjic. Un peu gêné, les comédiens et le metteur en scène demandèrent aux militaires « Pendant que vous risquez votre vie sous les obus, nous nous organisons des spectacles, ça ne vous choque pas ? » Et les combattants répondirent : « Si vous ne faisiez pas ce que vous faites, nous, nous n’aurions plus rien à défendre. »

Vous allez supprimer la joie du vivre ensemble pour développer la sécurité. Nous sommes pour une police municipale. Mais je me demande, M. le Bohellec, M. Vidal, ce qu’avec vous elle aura encore à défendre. »

La réponse de la droite

Toujours sarcastique, M. Vidal répond par des bons mots aux uns et aux autres. « Si vos maires adjointes, nous dit-il, n’ont pas su dépenser le budget que nous leur avons attribué, c’est de leur faute. Mais les nouvelles maires adjointes que nous avons nommées, elles, elles sauront le dépenser. » Murmures dans le public, où s’entassent nombre d’agents qui savent très bien ce qu’il en est. Sylvie Thomas reprend la parole en notre nom : « Oui, nous avions l’argent, sur le papier. Mais il était toujours bloqué à la signature… »

A. Caporusso, adjoint à la culture qui a dû se convertir en quelque jours à l’approbation du budget, rappelle les activités passées et apporte une information intéressante : 59000 euros sont consacrés à une subvention au Théâtre Romain Rolland pour organiser à nouveau le festival des spectacles de rues, merveilleux succès de l’an dernier.

Mme Ouchard développe sur ses efforts pour les écoles, notamment la formation des Atsem, et livre une autre info intéressante : sur les dix dernières années, aucune formation ne leur a été accordée ! « Oui , le personnel est en souffrance, mais à notre arrivée il était en burn-out ».
Un ami socialiste me dira plus tard que là elle a marqué un point.

On vote. Le PCF demande un vote secret, espérant sans doute que quelques élus de base auront un sursaut de conscience. Peine perdue : 26 pour, 19 contre. Probablement : 2 voix de chez Harel ont voté pour, une contre, le FN aussi.

****

Le compte-rendu de ce conseil municipal est en 4 parties :

1. Un budget-fantôme est voté

2. Contre l’aggravation de la hausse des impôts locaux.

3. Le scandale de la Halle des sports au Conseil municipal

4. La politique urbaine de M. le Bohellec. Le vœu « Pécresse »

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