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7 février 2015
Alain Lipietz

Le conseil municipal interdit

Fait assez rare dans les annales de la République : des manifestants empêchent la tenue d’un conseil municipal ! Comment en est-on arrivé là ?

Rappel des épisodes précédents

Le 28 janvier, lors de la conférence des présidents des groupes du conseil municipal, nous découvrons, sidérés, dans une annexe au rapport introductif au débat d’orientation budgétaire, le projet de vendre la Bourse du travail, le local de la Croix Rouge, et de construire un City-stade cité Duclos. Aussitôt, les syndicats appellent à une manifestation pour le 6 février, jour du conseil municipal.

Le Bureau politique de l’Union citoyenne (coordination des groupes de la majorité municipale) décide d’envoyer un démenti aux conseillers municipaux et annonce une enquête.

L’Avenir à Villejuif, fort de ce démenti et considérant qu’il ne saurait être question ni de fermer une Bourse du travail, ni de démolir ce témoignage de l’architecture Arts déco après tant de destructions du patrimoine par l’ancienne municipalité Cordillot, expose sa position et décide de se rendre à la manifestation.

Le 4 février, le Maire publie un communiqué de presse clair et net : « La Bourse du travail située 16 rue Jean Jaurès à Villejuif ne sera pas fermée ».

Le 6 février en début d’après midi, le bureau municipal approuve le communiqué, tandis que le Maire et l’adjoint aux finances assument la responsabilité de la publication de l’annexe au DOB, affirmant que ce sont seulement des scénarios à explorer. Les services n’y sont pour rien.

La manif

A 18 heures, une importante manifestation est rassemblée devant l’église. La CGT 94 est en force, elle a même apporté sa montgolfière ! Mais on remarque aussi les drapeaux, gilets et badges d’un peu tous les syndicats, du rouge et noir de la CNT au bleu la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens en passant par le fushia de Solidaires.

Les élus de l’Avenir à Villejuif sont plus ou moins bien accueillis : nous faisons lire le communiqué du Maire autour de nous. Au micro, les responsables syndicaux feignent de ne pas être au courant du démenti. La FSU explique qu’elle n’a pas l’usage de cette Bourse du travail mais qu’elle est solidaire. L’orateur de Force Ouvrière remporte le pompon, attribuant cette « braderie du patrimoine populaire » à Bruxelles et à David Cameron, Premier ministre britannique. Nous avions bien quelques idées de qui est à l’origine de l’affaire, mais nous n’avions pas songé, en effet, à Cameron.

La CGT tempête que le Maire ne veut pas recevoir les syndicats avant la fin du mois pour discuter de la Bourse du travail. Natalie Gandais et Partick Stagnetto se dirigent alors vers la tribune pour demander à lire le communiqué du Maire. La CGT refuse. Considérant dès lors que l’enjeu n’est plus la Bourse du travail mais l’agitation pré-électorale, nous partons manger un morceau avant le Conseil municipal.

L’occupation.

Quand nous pénétrons dans la salle du conseil, à 19 h 30, nous la trouvons archi-bondée. Outre les Villejuifois assis sur les chaises du public, la salle est totalement occupée par une partie de la manif, chantant et scandant des slogans. La plupart des conseillers et maires adjoints s’installent néanmoins à leur place. Mais le Maire n’est pas là…

Nous nous souvenons comment manifestaient les opposants à la ZAC Aragon : nous attendions Mme Cordillot et son équipe à l’extérieur de la salle du Conseil, nous l’interpelions et dialoguions devant la porte, mais jamais nous n’aurions ainsi violé la démocratie en empêchant la tenue d’un conseil municipal régulièrement élu.

Le temps passe. Nous inspectons les issues de secours. Il n’y en a que deux, dont les portes certes ne sont pas verrouillées et s’ouvrent vers l’extérieur. Mais au moindre mouvement de panique, les chaises et les tables bloqueraient le passage, et les personnes âgées, qui constituent une bonne partie des spectateurs « normaux », risqueraient d’être piétinées. Nous demandons aux services de pousser au moins les tables et chaises au milieu de la pièce, mais ce n’est pas possible à cause des micros installés. Il faut en finir avec cette situation dangereuse.

Au bout d’une heure, des envoyés de la préfecture viennent nous annoncer que le Maire n’ouvrira pas le conseil sous la pression. Natalie Gandais, restée à sa place de première adjointe, tente une médiation pour diminuer la pression dans la salle, espérant encore que le conseil pourra avoir lieu. Aller-retours. Les syndicats demandent un engagement formel que la Bourse du travail ne sera pas fermée. Je fais observer à un syndicaliste que c’est écrit noir sur blanc dans le communiqué et que pourtant on n’a pas laissé la première adjointe le lire devant la manif. Réponse : « Mais ce n’était pas l’endroit ». En effet il y a un aspect protocolaire, mais maintenant il faut en venir au fond et trouver une issue…

Les syndicalistes faisant mine d’accepter de libérer la salle si le Maire leur confirme une entrevue lundi matin, Natalie part avec leur délégation rejoindre le Maire devant la mairie. Mais là, dialogue de sourds, en public, dans le froid. Le Maire réaffirme que le débat d’orientation budgétaire est un débat sans vote et que l’Annexe n’est qu’un morceau d’une liste de possibilités à débattre, que le vote du budget aura lieu dans un mois et demi et qu’il propose de négocier dès lundi matin avec les syndicats. Les syndicalistes demandent en boucle que le Maire vienne lui-même - et immédiatement - confirmer son communiqué : que la bourse du travail située au 16 rue Jean Jaurès ne serait pas fermée. Les maires adjoints Vidal et Obadia répètent en boucle qu’il n’est pas question de le dire ce soir, ce serait préjuger d’un débat sur le futur budget qui n’a pas encore eu lieu. Fin de la tentative de médiation.

L’annulation

Le Maire convoque alors les présidents des groupes de la majorité. Nous mettons rapidement au point la position de l’Avenir à Villejuif : 1. Les syndicats pouvaient manifester, mais c’est une faute contre la démocratie d’empêcher un conseil municipal. 2. Mais pas question de faire intervenir la police. 3. Il est impossible de prendre le risque d’un accident dans une salle aussi bondée. 4. Donc : ou ils évacuent ou il faut annuler le conseil.

La synthèse est très rapidement trouvée. Nous rentrons autour du Maire dans la salle du conseil. Le silence se fait. Le Maire ouvre la séance, demande que la participation du public revienne à un niveau raisonnable, qu’en particulier les syndicats ne laissent dans la salle qu’une délégation, et qu’il les recevra lundi matin. La CGT refuse d’évacuer la salle. Le Maire annule le conseil.

La salle se vide en bon ordre. Des Villejuifois, venus nombreux pour les débats sur les rythmes scolaires et pour le vote du Plan d’Aménagement et de développement Durable, première étape du PLU, apostrophent des syndicalistes : « Vous portez des badges de Chevilly-Larue et de tout le Val de Marne, de quel droit interdisez vous aux Villejuifois de tenir leur conseil municipal ? – Un conseil municipal ? Mais ça, c’est de la démocratie bourgeoise ! » Ambiance.

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Commentaires

6 Messages

  • Lozait94800 7 février 2015
    20:17

    Je trouve votre resumé très simpliste ..... Vous oublié de preciser que c’est une intersyndical meme si je comprend a travers vos phrases que vous detester la CGT.
    Pour finir votre provocation de fin sur Georges Marchais c est pas très intelligent surtout avec la tention qui regner....

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    • Alain Lipietz 7 février 2015
      22:59

      Euh… relisez bien les deux billets. C’est exclusivement la CGT qui a appelé à cette manif. J’insiste que d’autres syndicalistes étaient au rassemblement devant l’église et ont pris la parole. Pour la suite, c’est à nouveau la Cgt qui prend la direction de l’occupation. Je ne vois pas ce qui vous autorise à diagnostiquer de ma part une détestation de la CGT. Je le redis calmement : empêcher la réunion régulière d’une assemblée régulièrement élue par les citoyens est une faute indigne de notre République. Et je ne vois pas en quoi la fin serait une provocation contre Georges Marchais.

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  • Votre nom 8 février 2015
    00:47

    bonsoir

    je rappel que c’est mr le Maire qui a décidé d’annuler le conseil municipal il lui a fallu deux heures pour en décider d’ailleurs !!!!! dès 19h30 pourquoi n’est-il pas venu dans ce lieu et ce moment démocratique pour annoncer que ces syndicalistes et autres étaient des menteurs et qu’il n’était pas question de vendre la bourse du travail ??? ben non il n’a pas démenti !!! qui ne dit mot consent !!!!alors les syndicalistes et citoyens et oui ne vous déplaise ils y en avaient, avaient bien raison !!!!!oui mr le maire veut vendre !!!!!

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    • Alain Lipietz 8 février 2015
      20:10

      Nous ne sommes pas chargés de la stratégie de communication du maire.... 
Notre première adjointe, Natalie Gandais, a cherché à calmer les passions en rappelant aux syndicats la position de la majorité municipale sur la Bourse du travail. Elle a cherché à ce que le Conseil puisse se tenir car il y avait un énorme ordre du jour (PLU, rythmes scolaires, financement de constructions nouvelles) pour lesquels de nombreux citoyens éteint venus.
 En l’absence du maire dans la salle, elle avait à assumer la sécurité de cet espace public bondé et, constatant qu’on ne pouvait pas l’améliorer, a proposé d’annuler le CM.
      Sur le fond : le démenti du maire a été publié le 4 février. La manif syndicale aurait dû saluer cet éclaircissement comme une victoire. À partir du moment où certains (comme vous) font semblant de refuser de l’entendre, on se pose des questions ! 
Visiblement le maire peut s’égosiller en démentis, l’opposition prétendra au moins jusqu’aux élections cantonales et même régionales que la Bourse du travail va être vendue. De même elle prétendra sans doute que le centre médical Rouquès va être fermé...

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  • Lozaits94800 8 février 2015
    22:34

    Vous êtes assez fort pour faire semblant de ne pas comprendre en même temps vous êtes le seul vrai politique de la mairie..... Il y a un communiqué officiel de la CGT FO Sud FSU alors vous pouvez nier autant que vous voulez mais les fait sont là ! tract est clair ! Vos propos sur Georges Marchais n’était nécessaire à la fin surtout avec la tension qui régner

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    • Alain Lipietz 8 février 2015
      23:03

      Ravi de l’apprendre, le seul communiqué dont nous disposions, et repris par la presse , est celui-ci, et nous l’avlons cité sur notre site. Il ne cite pas d’autre syndicat. La présence des autres syndicats est signalée dans notre texte. Vous coupez les cheveux en 4, je ne comprends pas dans quel but.

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