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31 janvier 2019
Alain Lipietz

Une villejuifoise à l’honneur : « Vigile » de Hyam Zaytoun

Ce court et bouleversant récit fait un triomphe, de Elle à L’Huma et chez les libraires.

Comme beaucoup de Villejuifois, j’ai découvert Hyam à la Fête du patrimoine 2014, dans le parc Pablo Neruda où elle interprétait, avec son association d’artistes du Bas de la côte, Eklosion, son adaptation de Le feu d’Henri Barbusse (sur la guerre de 14). Puis, à la belle époque de l’Union citoyenne, quand la culture et les art étaient à l’honneur, sa lecture musicale de Des Hommes passèrent, de Marcelle Capy (sur les femmes à l’arrière, dans la guerre), en l’église Saint-Cyr-Sainte-Julitte. Et encore sa pièce Combats de femmes, sur une coopérative d’ouvrières, toujours pendant la guerre, écrite et montée avec des femmes du bas-Villejuif…

Lors d’un déjeuner où je lui demandais ce que la Communauté d’agglo du Val de Bièvre pouvait faire pour Eklosion, j’évoquais aussi la première adjointe de Villejuif, Natalie Gandais. Elle me dit, des étoiles dans les yeux « Oui, c’est elle qui nous a mariés ! ». Un mariage est toujours important, même quand il « régularise la situation », mais j’eus l’étrange impression que ce mariage était infiniment plus que cela. À la lecture de Vigile (voir ici la couverture de presse !) j’ai compris.

Vigile est une très belle lettre d’amour. La lettre d’une femme qui lutte toute une nuit, veille toute une semaine, pour son compagnon dans le coma, terrassé par un infarctus. Défilent les souvenirs fondateurs de leur amour, l’admirable qualité humaine du personnel hospitalier, les précautions envers les enfants, la peur devant leur avenir d’orphelins, la chaude présence, auprès du gisant et de la narratrice, des parents, des amis, des voisins… (je connais). Et aussi l’importance de dire, d’écrire (je connais aussi), quand on a la chance de pouvoir le faire. Rendre publique cette intimité avec la douleur et les parages de la mort : d’autres, qui ne savent pas "écrire" et dire, s’y appuieront.

Hyam sait écrire, et dire. Elle a donné une lecture d’extraits de son livre à la Librairie Points Communs, la librairie coopérative de Villejuif. Et nous sommes retournés l’écouter lors d’une lecture musicale à la Maison de la Poésie, à Paris, devant un public tétanisé. Car ce livre court se lit, se relit, comme un poème, à voix haute si possible. Discrètement Hyam fait allusion à ses sources littéraires : elle a songé aux versets de Claudel (mais on peut aussi penser à Saint-John Perse, « à voix plus basses pour les morts, à voix plus basses dans le jour, Tant de douceur au coeur de l’homme, faut-il qu’elle faille à trouver sa mesure… »)

Et les notes de Julien Jolly, tantôt murmurantes, tantôt gonflant comme une voile les souvenirs de l’actrice, laissaient percevoir ce qui avait échappé, d’autres allusions encore plus discrètes. Comme ce permanent retour, du creux du Bas-Villejuif, à la Méditerranée, ses terrasses et ses colonnades, à l’Odyssée, à Eurydice, jusqu’à Une femme fuyant l’annonce.

Et la dernière phrase, triomphante et joyeuse inversion du plus terrible vers de Paul Eluard.

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