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13 février 2016
Alain Lipietz

Destitution de Natalie Gandais et fin de l’Union citoyenne

Hier en Conseil municipal trois des groupes de l’Union citoyenne (les deux de droite et le groupe Vidal) ont voté la destitution de notre tête de liste et première adjointe, entrainant le départ de L’Avenir à Villejuif-EELV, et la fin de l’Union citoyenne qui avait obtenu la majorité du vote des électeurs aux élections municipales de mars 2014.

Le débat

C’est le maire lui – même qui introduit le débat en reprenant les termes de son rapport (Délibération n° 16-2-107).

Puis, il entame un paquet de petits gâteaux...

Voir ici la video de l’intervention de Natalie Gandais

Natalie Gandais lit alors d’une voix ferme son message, adressé aux Villejuifois, aux services et aux élus. Elle rappelle le plaisir qu’elle a eu à travailler pour Villejuif, et, brandissant notre profession de foi commune de mars 2014, l’importance que l’Union citoyenne accordait à la probité et la transparence dans la gestion des marchés publics. Elle appelle les oppositions à se prononcer non sur la politique de l’Union, ni sur les preuves de délit de favoritisme (que tous ont pu consulter et qui sont désormais l’affaire de la Justice) , mais bel et bien sur le respect de l’article 40 du code de procédure pénale qui fait obligation à « Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire, d’informer le procureur de la République de tout délit dont il aurait connaissance. »

Les deux groupes de droite soutiennent le maire, déniant qu’il y ait matière à soupçon de délit.

La position du groupe Vidal , VNV, était très attendue. Par la bouche de A. Lecavelier, ils soutiennent la destitution de Natalie Gandais avec un argument encore plus hypocrite que tout ce qu’ils avait avancé jusqu’ici. Selon eux, dans l’article 40, il faudrait entendre par « autorités constituées » non les maires ou adjoints mais les conseillers municipaux. Sans se prononcer sur le fond, ils condamnent donc le recours à l’article 40 par la première adjointe.

Le PS, après une long et « humoristique » rappel nos multiples déclarations initiales de confiance dans l’avenir de l’Union citoyenne et l’énoncé consterné des titres de la presse concernant Villejuif, explique que si une « autorité constituée » a un soupçon sur des membres de la même équipe au point d’en aviser le procureur de la République , c’est elle qui doit « avoir le courage de partir ». Du coup, courageusement, ils s’abstiendront.

Le PCF, sans se prononcer ni sur ce que serait sa propre conception d’un marché publique non vicié, ni sur la nécessité ou non d’obéir à l’article 40, considère qu’il n’a pas à se mêler des salades au sein de l’Union citoyenne et ne participera pas au vote.

Monsieur Harel (groupe FUE) considère que puisque Mme Gandais lui a piqué sa place de premier adjoint en début de mandat (ce qui est faux), elle n’a qu’à s’en prendre à elle-même.

Seule Mme Leydier (Parti de Gauche) salue Natalie Gandais pour son courage. Pourtant elle déclare qu’elle s’abstiendra, car (si nous avons bien compris), étant de l’opposition, elle ne voit pas comment elle pourrait voter pour imposer la présence d’une femme courageuse dans la majorité.

Les réponses de l’Avenir à Villejuif

En tant que président de groupe, je réponds aux uns et aux autres.

-  Au maire, qui affirme dans rapport que « Faisant suite à plusieurs prises de positions publiques de Madame GANDAIS et à la rupture de confiance qui s’en est suivie, ses délégations lui ont été retirées », je rappelle que cette présentation des choses est mensongère. Je lis sa lettre de chantage du 17 janvier qui a mis le feu aux poudres : « Vous faites état d’une malhonnêteté et d’une fraude au code des marchés publics [pour le marché de la Halle des Sports] pour lesquels vous n’hésiteriez pas à saisir le procureur de la République, conformément à l’article 40… il vous est demandé de formuler officiellement des excuses écrites quant à vos allégations sans quoi je me verrai dans l’obligation de suspendre immédiatement vos délégations. »

-  Au groupe Vidal je réponds simplement par les explications que l’on trouve sur internet en tapant ensemble « article 40 » et « élus » (par exemple les explications du ministère de la Justice) : l’article 40 s’adresse tout particulièrement aux maires et aux adjoints ayant par délégation la responsabilité des affaires suspectées.

-  Au groupe socialiste, je rappelle le précédent de l’affaire Cahuzac : plusieurs ministres pressaient Ayrault et Hollande de cesser de soutenir Cahuzac, ce ne sont pas eux qui ont dû partir, mais Cahuzac.

-  Aux autres élus des partis de gauche, je rappelle qu’on ne va pas voter sur la politique de l’Union citoyenne, mais sur la probité dans les marchés publiques et le respect ou non de l’article 40. Par leur vote ils adresseront un message aux Villejuifois et aux services sur ce que serait leur attitude s’ils revenaient au pouvoir.

Isabelle Hamidi lit la pétition de soutien des citoyens, et remercie les quelques 150 personnes qui, par écrit ou par message internet confirmé, ont apporté leur chaleureux soutien à Natalie Gandais.

Monique Lambert-Dauvergne réaffirme la totale solidarité des membres Avenir à Villejuif de l’exécutif, sur le fond et sur la forme, et rappelle que le maintien de notre groupe dans la majorité dépendra du maintien de Natalie :

"Natalie Gandais a soupçonné un délit de favoritisme et a saisi le procureur. Nous, les élus de l’Avenir à Villejuif, la soutenons dans cette démarche puisque la loi lui fait obligation d’en donner avis au procureur de la République. Elle a fait son devoir avec courage et détermination. C’est au juge maintenant de juger.

Nous avons encore beaucoup à faire afin de remplir les missions pour lesquelles nous avons été élus. La Régie de quartier, l’épicerie solidaire, les conseils citoyens verront le jour dans quelques mois. Nous travaillons avec les partenaires et les services à des ateliers artistiques pour enfants, des colocations solidaires pour étudiants engagés sur les quartiers, des actions de théâtre forum, de nouveaux potagers partagés, l’embellissement des espaces verts...

Cependant, il est très important pour nous de savoir que des membres de l’Union Citoyenne restent fidèles à notre engagement de campagne : la transparence dans toutes les attributions. Concrètement, les résultats de ce vote nous diront si nous pouvons compter sur vous pour mener à bien cette politique".

Le vote

Le maire crée alors une situation nouvelle par une intervention particulièrement brutale. Il renouvèle ses menaces du matin, confirmant son intention de porter plainte contre Natalie Gandais et « son époux ». Mais surtout, alors que depuis des semaines il tente de convaincre les 3 membres Avenir à Villejuif de l’exécutif de rester dans la majorité et de se désolidariser de Natalie Gandais, il les avertit que s’ils restent cela signifiera qu’ils reconnaissent la probité de sa gestion dans l’affaire de la Halle des Sports.

On vote sur le caractère secret du vote. Seuls les élus du groupe de droite Obadia s’y opposent.

Les deux groupes de droite et le groupe « divers gauche » (liste Vidal), soit 23 voix, votent la destitution de Natalie Gandais. Tous les autres groupes se réfugient dans l’abstention ou le refus de vote. Seule une personne, dans le secret de l’urne, a soutenu Natalie.

Par la suite, il a faudra deux votes de remplacement de Natalie par les candidats de droite (Cécile Duboille et Mahrouf Bounegta) , qui seront été élus sans recueillir la majorité absolue.

Après une interruption de séance où nous fixons notre position, je lis la déclaration suivante.

Le départ

Mesdames et Messieurs les Villejuifois, Mesdames et Messieurs les agents de la Ville, Mesdames et Messieurs les élus,

Nous accueillons avec tristesse le résultat de ce vote sur la destitution de Natalie Gandais.

Ainsi, il ne s’est trouvé qu’une voix, en dehors de notre groupe, pour approuver l’obéissance de Natalie Gandais à l’article 40, qui fait obligation aux élus des signaler au procureur les soupçons de délits dans la gestion des deniers publics.

Nous en prenons acte, et ne pouvons plus participer à l’exécutif dirigé par les 3 autres groupes de feu l’Union citoyenne.

Nous avions annoncé que nous ne prendrions une telle décision qu’après consultation de l’assemblée générale de notre association, les Ateliers de L’Avenir à Villejuif. Beaucoup de nos sympathisants associatifs soulignaient en effet l’importance de continuer à soutenir leurs projets tant que cela paraitrait possible.

Mais, dans sa dernière intervention, le maire a déclaré que la participation à l’exécutif de Monique Lambert Dauvergne, de Sylvie Thomas, et de Patrick Stagnetto, vaudrait reconnaissance de l’honnêteté de sa gestion dans l’attribution de la Halle des Sports. Dès lors, le maintien dans l’exécutif de nos trois amis pourrait troubler l’enquête de la justice et l’opinion publique, quant à ce qui s’est passé. Plus grave encore, cela reviendrait à accepter en règle pour l’avenir que, face au constat ou au soupçon d’un délit, il faudrait se taire ou s’en aller.

Monique Lambert-Dauvergne, Sylvie Thomas et Patrick Stagnetto considèrent donc qu’il ne leur est plus possible de rester dans l’exécutif.

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