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Conseil municipal du 21 juin 2018 (1)

Imprimez !
23 juin 2018
Alain Lipietz

Le conseil municipal une fois de plus arrêté en plein vol

Comprenant que la majorité, peu sûre de l’être et peu mobilisée, va interrompre le débat dans la nuit, les élus d’opposition prennent les devants. Le débat sur la Semgest révèle une perle inattendue.

Dès l’ouverture, le maire présente ses excuses pour avoir convoqué le Conseil le jour de la Fête de la Musique. « Nous devons voter les comptes administratifs avant le 30 juin, et il faut se garder une sécurité si le débat est interrompu faute de quorum ». Or, bizarrement, il y a effectivement beaucoup d’absents dans ses rangs. Et ce fameux examen des comptes administratifs 2017 est placé tout à la fin d’une liste interminable de rapports à examiner : on en a pour jusqu’à 3 heures du matin (le conseil a commencé à 19 h 30). Le maire appelle à être bref : mais alors pourquoi refuse-t-il d’examiner ces comptes en premier lieu ? La raison est simple : ils sont proprement scandaleux.

Pourtant Madame Dumont-Monnet, absente, a donné son pouvoir à un élu de la majorité : le maire dispose apparemment d’une marge de sécurité de deux voix. Que se passe-t-il ? Y a-t-il du tirage dans cette "majorité" ?

La « majorité » joue la montre

Dès le premier débat important notre inquiétude se précise. Il s’agit d’un marché « sans minimum ni maximum » (sic) pour laver les vitres des bâtiments municipaux. Ce qui signifie qu’on peut confier à une entreprise tout le lavage des vitres, pas seulement les cas spécialisés : vaste mouvement de privatisation en perspective, car normalement c’est le travail des agents du nettoyage.

Malgré la demande du maire d’être bref, son maire-adjoint A. Caporusso se lance dans un exposé lyrique sur les vitres, citant un poème de Victor Hugo. Les oppositions ne sont pas dupes et dénoncent la privatisation qui se profile (et qui sera forcément plus chère, « sans maximum », que le travail des agents). J’interviens en répondant à A. Caporusso par un autre poème :

— Que la vitre soit l’art, soit la mysticité —
Mais, hélas ! Ici-bas est maître : sa hantise
Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr,
Et le vomissement impur de la Bêtise
Me force à me boucher le nez devant l’azur.

Les oppositions votent contre, mais le rapport est adopté.

Puis on aborde une longue suite de décisions pour de nouvelles opérations immobilières : nous y reviendrons dans un prochain billet. Nous ne disposons d’aucun élément pour évaluer ces projets. Le maire répond à nos questions par le mépris ou les mensonges, allant jusqu’à falsifier le contenu du règlement intérieur qu’il a lui-même rédigé. Il clôt les votes électroniques alors que tout le monde n’a pas voté : qu’importe ! Sa petite claque dans le public hue les élus qui protestent.

Mais surtout, au fur et à mesure que les heures passent, ses maires-adjoints rallongent la présentation des rapports. Ils relisent en ânonnant le texte de chaque rapport, que nous avons sous les yeux. Un scénario que nous connaissons bien : on nous a déjà fait le coup, avec le même scénario exactement, le 9 février dernier et, un peu différemment, le 3 avril dernier. Vers minuit et demi le maire interrompra le débat sous prétexte qu’il se fait tard et le reprendra un autre jour après avoir réglé ses problèmes. À moins qu’il ne compte sur la fatigue pour que toutes les oppositions (et le public) soient parties au moment où on abordera les comptes 2017, au cœur de la nuit.

Il est déjà 23 h 30, on s’échange des textos entre groupes d’opposition. Tout le monde est partisan de ne pas se laisser balader comme le 9 février. Nous (Avenir à Villejuif) sommes partisans de rester jusqu’à minuit, mais déjà certains s’en vont. Il suffit qu’il y en ait 6 qui partent pour faire tomber le quorum, tant les « majoritaires » sont peu nombreux. J’interroge le maire pour clarifier : « Comme en février dernier, vos adjoints font trainer les choses en longueur, et vous ne répondez pas aux questions. Dites-nous clairement si vous avez l’intention d’interrompre le conseil sous prétexte de fatigue, avant l’examen des comptes 2017. Dans ce cas, autant arrêter tout de suite, on peut encore participer à bout de la fête de la musique ! »

Le maire ne répond pas. C’est un aveu. Les oppositions se lèvent et partent.

Le conseil est convoqué mardi prochain à 9 heures… du matin !

Une très bonne surprise pour les associations

Citons quand même un débat important : le renouvellement de la délégation de service public (DSP), pour gérer l’évènementiel et la restauration, est accordé à la Semgest. Il y avait eu un appel d’offre, mais elle était seule candidate.

J’interviens pour préciser :

« Il y a 25 ans , l’ancêtre de L’Avenir à Villejuif, l’association Villejuif Autrement, était contre l’externalisation de ces deux services municipaux dans une SEM , la Semgest. En ville, on dénonçait l’opacité qui en résultait, on dénonçait les excédents étonnants de cette SEM au détriment de la Ville, et ses généreuses publicités dans L’Humanité. Mais le temps a passé, l’histoire ne repasse pas les plats. Il serait trop complexe de réintégrer ces services dans le personnel de la ville. Nous défendons les salariés de la Semgest comme s’ils étaient des agents de la Ville. Les excédents de la Semgest sont aujourd’hui raisonnables. Tous les partis représentés au Conseil d’administration de la Semgest sont d’accord pour conserver le partenariat avec elle. Nous voterons donc pour renouveler la DSP à la Semgest. Mais nous regrettons qu’il n’y ait eu aucun débat sur la rédaction de l’appel d’offre, aucun progrès vers plus de bio dans les cantines et une possibilité pour les enfants qui, de plus en plus nombreux, refusent la viande, d’avoir accès à des menus végétariens. »

La droite riposte : « Si ! la nouvelle DSP est plus exigeante ! Elle augmente le taux de bio dans les cantines, et il y aura un menu végétarien par trimestre ! »

C’est là-dessus que Sandra da Silva, de l’équipe précédente, et qui siège au Conseil d’administration de la Semgest, va opposer une réponse sensationnelle.

« C’est faux, dit-elle en brandissant la DSP précédente. Tout ce que vous annoncez était déjà dans la DSP précédente ! paragraphe par paragraphe ! Le taux de bio que vous proposez, 36%, est déjà atteint ! Vous ne tenez toujours aucun compte des enfants qui souhaitent une nourriture végétarienne. Vous avez fait un copier-coller de la précédente DSP. »

Et là, la bombe :

« Vous avez même conservé la clause selon laquelle les associations de Villejuif ont droit à une salle de la Semgest, une fois par an, payée par la Ville ! »

Cette remarque provoque l’hilarité à gauche et chez les écologistes. La droite est stupéfaite, le maire pique du nez : ça lui avait visiblement échappé, alors qu’il s’efforce de limiter la possibilité pour les associations d’avoir accès aux salles de Villejuif.

Le renouvellement de la DSP à la Semgest est voté à l’unanimité.

Bon, le maire trouvera sûrement un truc pour faire sauter cette clause que ses propres services ont recopiée.

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